Messages par QGDecolonial

Contre un maccarthysme à la française : pour tous les Julien Théry à venir

La presse institutionnelle a massivement relayé le montage frauduleux de la LICRA, laissant croire que l’historien Julien Théry aurait « dressé une liste » de « noms juifs », ce qui l’expose à des menaces et des sanctions très réelles. Une tribune dénonçant cette manipulation scandaleuse, qui expose J. Théry, réunit plus de 800 signataires issus de tous les horizons : universitaires et enseignants, personnalités politiques, du monde syndical, associatif… Parmi eux Carlo Ginzburg, Blanche Gardin, Ilan Pappé, Etienne Balibar, Jocelyne Dakhlia, Todd Shepard, Gadi Algazi, l’Union juive française pour la paix, deux Vice-présidentes de l’Assemblée Nationale et une trentaine de député.es…  Le texte souligne le danger d’un « maccarthysme républicain », exposant les soutiens de la Palestine et les défenseurs du droit international à des représailles de plus en plus lourdes conduisant à leur censure pure et simple. Cette censure se traduit d’ores et déjà par le fait que la presse institutionnelle qui se dit « de gauche » et « démocrate », attachée aux droits de la liberté d’expression et aux libertés académiques, a unanimement refusé de publier cette tribune. Seul Médiapart a accepté de l’accueillir dans le Club.

(Cette tribune est toujours ouverte à signature. Pour signer, envoyez un mail à soutienthery@gmail.com)

*

À la suite d’un communiqué mensonger paru le 21 novembre sur le compte X de la LICRA, repris dans une publication du journal Lyon Capitale (et depuis, par de très nombreux médias), l’historien Julien Théry est l’objet depuis plusieurs jours d’une violente campagne de diffamation et de harcèlement, d’insultes et de menaces de mort. Une situation d’autant plus préoccupante que l’adresse précise de son lieu de travail a été divulguée par Lyon Capitale, constituant un risque pour sa sécurité. Son Université de rattachement s’est immédiatement désolidarisée de lui publiquement et a effectué un signalement au Procureur de la République

La publication de la LICRA est un montage d’un post Facebook réalisé par Julien Théry le 20 septembre dernier, où il relayait la longue analyse faite par Sophie Trégan de la « lettre de la honte », cette tribune de 20 personnalités publiée dans le Figaro demandant au Président Emmanuel Macron de « ne pas reconnaître un État palestinien sans conditions préalables ».

Rappelant un certain nombre de faits avérés et reconnus par les instances internationales, Sophie Tregan concluait ainsi : « quand on conditionne la reconnaissance d’un État à la libération de 49 otages au mépris de la vie de plus de 1,5 million de personnes en proie à un génocide, c’est ni plus ni moins qu’une hiérarchisation des vies humaines selon leur origine ethnique, du suprémacisme ». Julien Théry a reposté le texte, en copiant-collant la liste des signataires de la tribune, qui circulait alors partout à ce moment-là, et a ajouté « génocidaires à boycotter ».

La LICRA a soigneusement omis le post initial, donnant ainsi l’impression que l’historien avait « fait une liste » de noms, au hasard, sans raison particulière. Et elle a ajouté ce commentaire : « On peut être professeur d’Université, se croire progressiste et faire des listes de noms comme sous l’Occupation ». L’effet de ce montage irresponsable de la LICRA a été de déclencher une campagne de harcèlement.

Mais pourquoi une telle démarche de la LICRA, maintenant, alors que le post initial qu’elle a tronqué avant de le diffuser est vieux de deux mois ?

Réponse : cette offensive de la LICRA semble intervenir en représailles à la publication, sur le site Hors-Série.net le 23 octobre dernier, d’un chapitre de son livre intitulé En finir avec les idées fausses sur l’histoire de France paru le 17 octobre dernier aux éditions de l’Atelier. L’article en question – dont  le rédacteur en chef du journal de la LICRA, Emmanuel Debono, a rapidement tenté  une dénonciation sur le site Conspiracy Watch – est une réfutation de l’idée selon laquelle il existerait aujourd’hui un « antisémitisme de gauche », menée à partir d’une synthèse approfondie de l’histoire de l’antisémitisme, en particulier depuis le début du XIXe siècle.

La conclusion en est (sans originalité) qu’il peut évidemment y avoir des cas d’antisémitisme de la part d’individus qui appartiennent à la gauche (antisémitisme à gauche, selon la distinction de Michel Dreyfus), mais que, depuis le tournant de l’Affaire Dreyfus, la gauche a abandonné l’antisémitisme pour des raisons structurelles, alors que la droite nationaliste, à l’inverse, a été et demeure structurellement antisémite.

Plus douloureux : le texte conclut aussi que l’irruption de l’idée d’un « antisémitisme de gauche » dans le débat public depuis à peine plus de deux décennies est liée à la radicalisation de l’entreprise sioniste en Palestine depuis l’assassinat d’Itzhak Rabin et l’abandon des accords d’Oslo. La notion d’« antisémitisme de gauche » vise ainsi en réalité à neutraliser les oppositions à cette entreprise en les rabattant sur le judéocide européen de 1941-1945.

Depuis l’ébullition médiatique provoquée par la tribune des 20 signataires, moment où paraissent l’analyse de Sophie Trégan et le post de Julien Théry, les otages israéliens ont tous été libérés. Force est de constater que la guerre ne s’est pas terminée pour autant. Chaque jour, des dizaines de Palestinien.nes continuent de mourir, sous les bombes ou les balles des snipers, ce qui montre bien que l’enjeu dépassait les otages et concerne le nettoyage ethnique en vue de ce qui serait une colonisation totale de la Palestine. Quiconque souligne sérieusement cet état de fait se voit systématiquement exposé à l’accusation d’antisémitisme.

L’article de Julien Théry, qui démonte cette idée d’un « antisémitisme de gauche », est donc dérangeant pour les soutiens à l’État d’Israël et leurs stratégies de communication.

Nous assistons depuis quelques semaines à une nouvelle offensive générale contre la liberté des universitaires d’étudier et analyser la situation en Palestine. La LICRA est parvenue à faire annuler la tenue au Collège de France du colloque organisé par Henry Laurens. La campagne lancée contre Julien Théry par la LICRA poursuit cette attaque. Il est particulièrement inquiétant de constater que l’ensemble des grands médias reprend à son compte les accusations mensongères de la LICRA sans effectuer la moindre vérification.

Faute de réaction rapide de la communauté universitaire, cette vague de censure et de Maccarthysme à la française (voir également l’entreprise annoncée par le ministère revenant à ficher les universitaires sous couvert d’ « enquête nationale sur l’antisémitisme  dans l’enseignement supérieur et la recherche ») posera une chape de plomb sur la recherche et la vie intellectuelle. Le risque est alors de réduire les universitaires et les chercheurs à des agents d’une propagande d’État.

Pour signer (en indiquant, qualité ou institution de rattachement) : mail à soutienthery@gmail.com

liste des premières signatures, liste encore en cours d’augmentation :

Signatures individuelles : (* = personnalité politique) 

A

Géraldine A Tagi

Samy Abbes, Mathématicien, MCF, Université Paris Cité

Kamil Abderrahman

Pierre Abécassis, Médecin, membre de l’Union juive française pour la paix

Julien Abed, MCF, université de Lorraine

Helene Abis, commerciale

* Nadège Abomangoli, Première vice-présidente de l’Assemblée nationale

Jocelyne Abry, Prof EPS retraitée, Col69

Albert Achten, Ingénieur

Éloïse Adde, Associate Professor, Historienne

Bernard Aghina

Najat Aguidi, écrivain

Pilar Aguilar Carrasco, Analista y crítica de cine

Carine Aillerie MCF Sciences de l’information et de la communication, Université de Poitiers

Sylvie Alarcon

Fred Alart

Bérénice Alaterre

Michel Albagnac

Michaël Albaric, enseignant et psychologue clinicien

Pierre Albertini, Historien, professeur de khâgne

Quentin Albrespit 

Gérard Alegre, Illustrateur

Gadi Algazi, Historien, Dept of History, Tel Aviv University 

Majid Alias, Écrivain palestinien

Benjamn Alison

Florence Allègre

Eric Alliez, Philosophe, Professeur, Université Paris 8

Sarah Al-Matary, Professeur des Universités, Lettres, Le Havre

Tuna Altınel, MCF en Mathématiques, Université Lyon 1

Bruno Alonso, CNRS, Montpellier

Marie-Élisabeth Alves Plateau, Assistance sociale, retraitée

Sabia Amar

* Gabriel Amard, Député du Rhône

Mohamed AMBRI – Physicien Académie Lyon – Retraité

Anne-Laure Amilhat Szary, Université Grenoble Alpes

Samia Amor, avocate

Daniel Amoros

* Farida Amrani, Députée de l’Essonne

Sandrine Andréani

Aurore Andrieu, collaboratrice parlementaire

Nadine Andriot, Institutrice retraitée

Aurélie Dianara Andry, Historienne

Jean-Christophe Angaut, Maître de conférences de philosophie, École Normale Supérieure de Lyon

Giovanni Anticona, enseignant d’histoire et géographie dans le second degré, Master en recherche d’histoire à Lyon II

Frédéric Appell, consultant

Celine Aranjo, infirmière 

Fabien Archambault, Historien, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Natalia Arenas

Fanette Arnaud, Médiatrice

Alain Arnaudet

Mathieu Arnoux, Historien, Professeur à l’université Paris Cité

Stéphane Arnoux, Cinéaste et art-thérapeute 

Isabelle d’Artagnan, Présidente de l’IRELP, Historienne associée à Sorbonne Université

Florent Arthaud, OFB – USMB – INRAE

* Raphaël Arnault, Député du Vaucluse

Loïc Artiaga, Professeur en histoire contemporaine, Université de Pau

Linda Arzouni, Cinéaste

Samir-Anatole Asghar, ingénieur

Jean Asselmeyer, Réalisateur

Simon Assoun, militant décolonial

Stéphane Astre

Agnès Astrup

Florent Aubry, chercheur retraité

Marie-Andrée Auclair, retraitée Éducation Nationale

Jean-Michel Augier

Samuel Autexier, Éditeur, Forcalquier

Martine AUZOU  enseignante retraitée

H. Ambre Ayats, chercheuse en informatique, University of Eastern Finland

Azadî

B

Igor Babou, Professeur à l’université Paris Cité

Kamel Babou, citoyen engagé 

Stéphane Bachelier

Christian Bachellier, retraité de l’animation socio-culturelle

Aurore Birba Bachet

Daniel Bachet, Professeur émérite à l’Université d’Evry-Paris-Saclay

Mireille Bacque

Marie Badiou Viguié

Abdallah Badis, cinéaste

Abdallah Badra, Maitre de conférences

Cécile Baduel, syndicaliste enseignante

Marie-Rose Baeza, Enseignante retraitée

Danielle Bailly-Salins, Enseignante retraitée

Vincent Bailly-Salins, aide-soignant

Christophe Baixas, Ingénieur Architecte dans l’industrie navale

Sandeep BAKSHI, Maître de conférences, Université Paris Cité

Alex Baladi, auteur de BD

Viviane Baladi, Mathématicienne, Directrice de recherches au CNRS à la retraite

Jérémy Balan, Docteur en Histoire, Université Bordeaux Montaigne

Vincent Balandre Université de Poitiers

Anne-Aurore Baldo, Docteure en Lettres 

Étienne Balibar, Philosophe

Ludivine Bantigny, Historienne

Fouad Barbouch, Avocat

Claudie Barles

Bernard Barré, Dessinateur militant 

Bernard Barthalay, Économiste, Enseignant-chercheur à la retraite

Marie-Joëlle Barthuet, retraitée

Vincent Basabe

Pascal Bataille, Producteur animateur TV

Olivier Baudry, Graphiste

Esther Bauer, Syndicaliste éducation à la retraite

Yves Baumgarten

Ludovic Baussant

Isabelle Beaurepaire, Professeur

Jean-Luc Becquaert, Retraité, Syndicaliste, Tarn-et-Garonne

François Bégaudeau, écrivain

Zulejha Begeta, pianiste, enseignante

Agnès BEGUERE, professeur de philosophie, retraitée de l’Education nationale

Pascal Beining

Alain Bellido, MCF retraité de l’Université Rennes 1

Marina Belney-Ruiz

Jean-Serge Beltrando, compositeur

Catherine Ben-Aïm Grau, Médiatrice culturelle 

Bachir Ben Barka, MCF mathématiques, retraité

Yazid Ben Hounet, Anthropologue, Chargé de recherche-HDR CNRS, Lab. d’Anthropologie Sociale

Leïla Benabed, Travailleuse sociale

Malika Benarab Attou, Ex-Eurodéputée

Maxime Benatouil, Militant à Tsedek !, enseignant 

Omar Benderra, Économiste, membre d’Algeria Watch

Laila Benderra, Pédiatre

Salima Bendif, professeur de philosophie

Christian Benedetti, Acteur et metteur en scène

Yassir Benhima, Professeur, Université Lyon 2

Yvan Beniero

Habib Benmedjahed, pénitentiaire d’insertion et de Probation  (Ministère de la Justice) 

Christophe Benoit, professeur agrégé d’histoire

Jamila Bensaci, autrice et comédienne 

Fabrice Bensimon, Sorbonne Université

Souad BENT-ABBES, chargée d’études au MEN

Badis BENYAHIA, Chef d’établissement scolaire public retraité

Philippe Bérard, Ingénieur

Bertrand Berche, EC, Université de Lorraine

Daniel Beretz, Retraité recherche publique

Alma Bergeaud, agent territorial, responsable documentaire en médiathèque

Jean Berger, enseignant et Historien

Marie-Claude Bergouignan, professeur honoraire, membre UJFP

Judith Bernard, Enseignante

Luc Bernard, professeur de mathématiques retraité.

Noël Bernard, MCF Mathématiques retraité, poète

Danielle Bernet, professeur de mathématiques retraité de CPGE

Éric Bernet, Retraité, Ancien chef de service au ministère chargé de la recherche et de l’enseignement supérieur

Bertrand Bernier, Chargé de production

Eric Berr, Économiste, Université de Bordeaux

Nathalie Berriau

Vincent Berthelier, MCF Lettres, Université Paris Cité

Muriel Berthelot, Citoyenne engagée

Stéphane Berthois, Adaptateur, traducteur

Annick Berthoy, Professeur d’histoire

Patrice Bertin

Arno Bertina, écrivain

Francesca Bertino, Enseignante d’histoire et géographie

Antoine Bertrand, Attaché de presse indépendant

Elodie BERTRAND, économiste, CNRS

Yves Bertrand, Ingénieur-chercheur retraité

Jacqueline Besson, retraitée

Philippe Besson

Magali Bessone, Professeure de philosophie politique, Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Owen Beuchet

Martine Beugnet Enseignante Chercheuse

Christine Biancarelli, Enseignante (FLE)

Frederique Bianchi, Éditrice

Lorenzo Bianchi, Cinéaste, Producteur, Enseignant à l’Université Gustave Eiffel

Giuseppe Bianco, Philosophe, maitre de conférences à l’Université Ca’ Foscari de Venise

Claude Biardeau Proviseur retraité 

Laurence Biberfeld, Écrivaine

Gaëlle Bidan, directrice des Éditions de l’Atelier

Alain Bihel, journaliste

Alain Bihr, Sociologue, Professeur honoraire, Université de Bourgogne Franche-Comté

Sylvain Billot, statisticien économiste

Gérard Billy, retraité de l’Éducation Nationale

Antonia Birnbaum, Professeure de philosophie, Université Paris 8

Daphné Bitchatch, artiste peintre, auteure

Magali Bizot, écrivain occitan, enseignante retraitée

Catherine Blacher, retraitée

Julien Blanc, Anthropologue, Maitre de Conf. du Muséum National d’Histoire Naturelle

Nathalie Blanchard, Action populaire en marais poitevin

Edgar Blaustein, militant associatif

Max Blechman, Directeur de programme, Collège International de Philosophie

Alexia Blin, MCF en Histoire des États-Unis, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

Étienne Bloc, Scénariste

Evelyne Bloch, UJFP, formatrice retraitée 

Suzette Bloch, petite fille de Marc Bloch, ancienne journaliste à l’AFP

Cyril Blondel, Université de Reims Champagne-Ardenne, MCF en géographie

Brigitte Bobiet, retraitée, militante CGT

Erick Boiron, Ancien étudiant à l’Univ. Lyon 2

Beatrice BOJANOWSKI

Ludovic Bonduel, Docteur en Science politique, chercheur affilié au CEMTI, Université Paris 8

Théo Bon-Mardion étudiant en master de sociologie a l’Université Lyon 2

Isabel Boni, sociologue, université Paris 8

Livio Boni, psychanalyse, ancien dir. de programme au Collège international de philosophie

Patrick Bonneau

Christophe Bonneuil, Historien, DR CNRS

Didier Bonneton, FO lycées et collèges de l’Ain

Anthony Bonnin, restaurateur

Aude Bonnin, enseignante retraitée, membre de l’UJFP

Véronique Bontemps, Anthropologue, CR CNRS, IRIS

Arminé Boranian 

Rachele Borghi, Sorbonne Université

Sylviane Borie, Retraitée

Yannick Bosc, Historien, Université de Rouen Normandie

Saïd Bouamama, Sociologue

Louisa Bouazza 

Jean-Pierre Bouché, Directeur de recherches CNRS, retraité

Abdel. H. Boudoukha, Pr. Psychologie clinique,  Psychopathologie et Psychothérapie

Fadila Boucherak 

Jean-Christophe Boucly, Professeur de lettres modernes en lycée, docteur de l’École Pratique des Hautes Études

Sylvie Bouffartigue, Professeure des universités, études culturelles latino-américanistes et caribéennes. UVSQ-Paris Saclay.

Jean-Claude Bourdin, Professeur émérite de philosophie à l’Université de Poitiers

Vincent Bourdin, Ingénieur de recherches, CNRS – GeePs – Centrale – Supélec

Nicolas Bourgoin, Maitre de conférence en sociologie, Université de Franche-Comté 

Benjamin Bourlier

Christine Bourré, Professeur, retraitée

Jean-Fred Bourquin, auteur

Samir Bousnina militant décolonial PDH

Youcef Boussaa, Psychiatre des Hôpitaux retraité

Jérôme Boutin, gestionnaire de contrat de prévoyance

Veronika Boutinova, autrice, membre de la Caalap

Josee Bouvier, Enseignante

Monique Bouvier, Enseignante retraitée

Mathieu Bouvier, docteur en art, université Paris 8

Nasser Bouzid, Enseignant ENSAD

Boris Bove, Professeur d’Histoire médiévale, Université de Rouen Normandie

Magali Boyer- Meneghello, Professeur des écoles à la retraite.

Gérard Bras, Philosophe, ancien professeur de classes préparatoire

Herve Brassart, retraité

Florence Braud, militante des droits humains

Stéphane Brault

Rony Brauman, Ancien président de Médecins sans frontières

Mark Bray, Assistant Teaching Professor, History Department, Rutgers University-New Brunswick

Jean Paul Brenelin, Chef d’entreprise, militant assiciatif

Thierry Brésillon, journaliste

Gérard Bricet, Retraité militant paysan et associatif

Iléna Briday, Étudiante

Bérangère Briffaux, professeure d’anglais 

Marc Brisy

Charlotte Brives, Directrice de Recherche CNRS, Anthropologue

Déborah V. Brosteaux, Chercheuse et enseignante à l’Université Libre de Bruxelles

Michel Broué, Mathématicien, professeur émérite à l’Université Paris Cité

Guy Bruit

Samuel Brunner, enseignant

Anne Brunswic, Journaliste et écrivaine

Xavier Bry, IMAG, Université de Montpellier

Déborah Bucchi, Université de Lorraine

Sebastian Budgen, Éditeur

Nans Buisson, professeur de lettres-histoire-géographie-EMC en lycée professionnel

Julien Bugli

Emmanuel Burdeau, Critique

Pascal Buresi, Historien, Directeur de Recherche CNRS

Laurence Burger, enseignante dans le secondaire

Fabien Burgevin

Patricia BZDRENGA

C

Elie Cabot, élève à l’ENS de Lyon

Claire Cachot

* Pierre-Yves Cadalen, député du Finistère

Séverine Cadier, artiste

Alain Calderon, militant URC

Michel Calvès, retraité SNCF, syndicaliste

Pascal Calvet

Monique Calvi

Nathalie Cambon

Éric Campoy, MCF, Université PSL-Dauphine

Pascale Camuset, citoyenne

Daniel Candas

Viviane Candas, cinéaste

Marco Candore, comédien, auteur

François Cansell, Professeur des universités, Bordeaux INP

Marie-Josée Capdecomme, Infirmière retraitée

Michel Caponio – Chef d’antenne 

Elsa Capron, Maître de conférence, Université de la Réunion

Rémy Cardinal, Artiste musicien, militant Réseau salariat 

Loïc Carenton

Blandine Carlod, Retraitée

Clément Carnielli, historien

*Aymeric Caron, Député

Damien Carraz, Historien, Professeur à l’Université de Toulouse Jean-Jaurès

Ava Carrère, Auteur-compositeur-interprète 

Michel Carraro

Thierry Caruana, instituteur retraité

Eric Casamitjana

Arthur Casas, ENS Lyon

Benny CASSUTO, Médecin

Anne Castagné, Médecin

Lucette Castarlenas

Nicolas Castel, Sociologue mcf, Université de Lorraine

Dominique Caubet, Professeure émérite d’arabe maghrébin, INALCO

Téo Cazenaves, Doctorant, UPEC

Bruno Cénou – Informaticien CNRS

Simonetta Cerrini, Historienne

Myriam Chaabane

Pierre-Antoine Chabriac, Maitre de conférence en ENSA

Brigitte Challande, Presse indépendante Montpellier

Gaëtane Chammas-Breysse, étudiante

Frédérique Chamon

Alain Champaux professeur agrégé retraité 

Jean-Paul Chanel

P. Chanet Courtine, enseignante

Didier Chapelot, Médecin, ancien Maître de Conférences en Physiologie de l’Université Sorbonne Paris Nord

Alexis Charansonnet, Historien à la retraite, Université Lumière Lyon 2

Jean-Paul Chardon psychiatre des hôpitaux

Sandrine Malika Charlemagne, Autrice, Réalisatrice

Laurence Charlier Zeineddine, MCF en anthropologie, Université Toulouse Jean Jaurès

Éric Charpentier, citoyen, retraité

Christine Charretton, Maîtresse de Conférences Honoraire

Denis Chartier, Géographe, Professeur des universités à l’Université Paris Cité

Dominique Chassaing, Informaticien

Francis Chateauraynaud, Sociologue, Directeur d’études à l’EHESS

Claire Chatelain, Chargée de recherches, habilitée,CNRS, Centre R. Mousnier/Sorbonne Université

Pierrick Chauvet

Estelle Chauvey, IDE en hôpital psychiatrique

Sébastien Chauvin, Sociologue, Université de Lausanne

Marc Chavassieux 

Catherine Chavichvily, Collectif Palestine 69

Sylvie Chazalette

Jean-François Chazerans, Professeur de philosophie

Guy Checinski

Rachid Cherif

Farah Cherif Zahar, Maîtresse de conférences, Université Paris 8

Abdelhak CHETIOUI

Jean-Jacques Cheval, Professeur émérite des Universités, Université Bordeaux Montaigne

Sylvie Chevallier

Marie Pascale Chevance Bertín, Psychanalyste

Lucien Chich

Marianne CHICH MAGNOLFI, Médecin, Lyon

Jacques Chiffoleau, Historien

Lounes Chiki, DR1 CNRS, Évolution et diversité biologique, UMR5300, Toulouse, UT3

* Sophia Chikirou, députée de Paris

Roxane Chilà, MCF, Université Bordeaux-Montaigne

Yves Chilliard, chercheur INRAE retraité

Mona Chollet, journaliste, essayiste

Sylvain Chomienne, directeur d’une médiathèque municipale de la métropole de Lyon

Loïc Chuiton

Jocelyne Clavelloux

Charles Clapaud, Compositeur

Kevin Clarke

Emmanuelle Clopeau

Jean-François Clopeau, Retraité de l’enseignement

* Hadrien Clouet, député de la Haute-Garonne

Isabelle Cochelin, Historienne, Université de Toronto

Deborah Cohen, MCF, histoire, Université de Rouen

James Cohen, Sciences politiques, Professeur émérite, Sorbonne Nouvelle

Sandra Cohuet, Médecin 

Catherine Colin, Militante Solidaire – membre du mouvement de la paix – Artiste peintre

Philippe Colin Maitre de conférences Université de Limoges.

Chrystel Colomb, professeure de lettres modernes, retraitée

Nathalie Combase, PerDir EN à la retraite

Sonia Combe, historienne, Berlin

Marie-Hélène Congourdeau, Historienne 

Acacia Condes, Agrégée de l’université.

Pascal Connan, Instituteur retraité

Marie Constant, Pair aidante familiale

Antonella Costantini

Anne Coppel, sociologue

Natacha Coquery, Historienne, Professeure émérite à l’université Lumière Lyon 2

Laurent Cordonnier, économiste, Professeur à l’Université de Lille

Anne Coret, musicienne, cgt, retraitée 

Annie Cormery

Jonathan Cornillon, Maître de conférences en Histoire romaine, Sorbonne Université

Christophe Cornut, CR / CNRS en Mathématiques

Bryan Cosman

Marie Cosnay, écrivaine

Hélène Cottet, MCF anglais, université de Lille

Luc Coubard ingénieur

Christian Coudène, Professeur de Sciences Economiques et Sociales

Céline Coudreau

*Jean-François Coulomme, Député de la Savoie

Magali Coumert, Professeure d’Histoire, Université de Tours

Charlotte Courreye, MCF, Lyon 3

Jacques Courtès, Comédien

N. Coutarel, retraitée assistante sociale  – conseillère conjugale

Olivier Crabbé, Militant CGT UD 04

Julien Cranskens, Libraire

 Julien Crépieux, Artiste

Cassandre Crespin, doctorante en littérature, ATER à Sorbonne Université

Jean-Yves Croizé, Enseignant à la retraite, Université de Cergy-Pontoise, Réalisateur

Jean-Claude Croizet, Professeur de psychologie sociale, Université Clermont Auvergne 

Alexis Cukier, Maître de conférences en philosophie, Université de Poitiers

Benoit Cursente, Dir. de recherche CNRS retraité- UMR FRAMESPA, Université Jean Jaurès Toulouse

André Curtillat

François Cusset, Historien

Thomas Cuvelier, Doctorant en Sociologie, Université de Paris 8 Vincennes Saint Denis

Philippe Cuziol

Xavier Czapla, Comédien et metteur en scène

D

Jeanne Da Col Richert, Strasbourg

José Da Cunha, Correspondant local La Rochelle des Amis du Monde diplomatique

Béatrice D’Arco, Enseignante retraitée

Anne Dahlstrōm, Cadre culturel retraitée

Fabien Darmon, Ingénieur

Maxime Da Silva, Co-Président du Réseau national des élu·es insoumis·es et citoyen·nes

Nicolas Da Silva, Économiste

Michel Dagorne, Retraité

Ahmed Dahmani, militant des droits humains

Jocelyne Dakhlia, historienne et anthropologue

Marie-Émilie Dalby, Libraire

Olivia Martina Dalla Torre, PhD

Sandrine Damour

Pierre Damville, retraité

Mary Darmon

Anne Dauphiné

Nicolas Daussat

Tanguy Daveine, étudiant en Master de Cinéma documentaire à Lyon 2, militant à L’APRES

Pascal DavouryGestionnaire scolarité 1re année et Filières intégrées binationales, Sciences Po Bordeaux

Simon Dawes, Maître de conférences, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Sonia Dayan Herzbrun, Professeur émérite, Université Paris Cité

Cindy De Oliveira Vicente

Hélène Débax, Professeur d’histoire médiévale, Université Toulouse 2 Jean-Jaurès

Stephanie Debelvalet 

Régine Dejour, Professeur d’EPS, retraitée

Yann Dejugnat, Maître de conférences, Historien, Université Bordeaux Montaigne

Fanny Dekkari 

Antoine Delachenal, étudiant à Lyon II

Christian Delacroix, Historien

Thierry Delair, Retraité Sydicaliste Cgt

Alexis Delahaye, réalisateur

Geneviève Delanné, Comédienne 

Christian Delarue, altermondialiste ATTAC France et CADTM France

Frédéric Delarue, Docteur en histoire contemporaine

Thalie Delaunay, Enseignante

Joël Delhom, Maître de conférences HDR, Université de Bretagne-Sud

Sameh Dellaï, MCF

Irène Delorme, Étudiante 

Stéphane Delorme, Union juive française pour la paix

Guillaume Delteil, Professeur agrégé d’Histoire, Montpellier 

Camille Deltombe, Éditrice

Thomas Deltombe, Éditeur

Monique Demare, enseignante

Stanislav Demidjuk – animateur culturel, écrivain. 

Marc Demyttenaere, retraité

Laurent Denave, Chercheur indépendant en sciences sociales

Jean-Pierre Derrier, doctorant en Histoire des mondes médiévaux, Univ. de Savoie-Mont-Blanc

Bruno DESCHEMPS, Urbaniste des systèmes d’informations, Grand Poitiers Communauté urbaine

Camille Descombes, Professeur des écoles dans les Alpes-de-Haute-Provence

Alain DESJARDIN, Ingénieur retraité

Claire Desmitt, MCF, Université Paris 8

Vinciane Despret, Philosophe, Professeur associé émérite, Université de Liège

Anny Desreumaux, professeur d’histoire retraitée

Pierre-Marie Dessaint, retraité

Rosa Maria Dessi, Historienne, Professeur, Université de Nice

Chris Devanz, scientifique à la retraite 

Yveline Dévérin, MCF géographie, retraitée Université Toulouse 2

Issahnane Djamal, Militant antiraciste, syndicat  Solidaires.

Adrien Delespierre, MCF de sociologie,Université de Tours

Emmanuel Deragne

Souleymane DIOP, Enseignant en Retraite  

Karima Direche, Historienne, directrice de recherche CNRS

Sophie Djigo, Philosophe, directrice de recherche au Collège international de Philosophie

Alain Dontaine, retraité Université Grenoble Alpes, enseignant en géopolitique 

Anne Doquet, chercheuse à l’IRD

Françoise Doray, Professeure d’Histoire retraitée

Charles Doron, Retraité

Coline Dottin, étudiante de l’ENS de Lyon

Jean-Louis Douliéry, Ingénieur à la retraite 

Yann Dourdet, Enseignant en Philosophie

Françoise Draperi

Joss Dray, Auteur(e) photographe et membre de l’UJFP

Ariane Dreyfus, poète

Nadia Dridi

Michèle Driguez, militante associative

Daniel Driesbach

Colette Drogoz, enseignante

Bruno Drweski, Professeur d’université, responsable de la Commission internationale de l’Union pour la Reconstruction Communiste

Lilette Ducher, Artiste Chorégraphique

Françoise Dubois, retraitée de la fonction publique

Quentin Dubois, Doctorant et enseignant vacataire. Département de philosophie Paris 8

Vincent Dubois, professeur à Sciences Po Strasbourg

Michel Dubor, Retraité

Nicolas Duffour, Journaliste

Aurélie Dufour

Mathieu Dufour

Vincent Dufrène Photographe

François Dulac, Chercheur-ingénieur CEA, Labo. des Sciences du Climat et de l’Environnement 

Gaspard Dumas, Étudiant

Yoann Dumel-Vaillot, Docteur en philosophie, Université Lyon III

Nathalie Dumont, Professeur des écoles

Stéphane Dumouchy, syndicaliste, SUD PTT

Olivier Dumoulin, historien, Professeur des Universités

Dominique Dupart, MCF Littérature française, Lille

Alexandre Dupont, MCF en histoire contemporaine, Université de Strasbourg

Huguette Dupont, retraitée du secteur médicosocial

Martine Dupont, citoyenne

Pierre Duport, retraité Education Nationale

Nicole Duprat, retraitée de l’enseignement Agricole Public et syndicaliste de la FSU

Agathe Dupré

Caroline Dupuis, rédactrice technique

Laure Dupuis, Éducatrice spécialisée 

Olivier Dupuis, militant syndical

Frédérique Dupuis-Chamon

Dido Dupuy, réalisateur audiovisuel

Ouad Dur, Enseignant à la retraite

Anne Durand, comédienne

Cédric Durand, Professeur Associé d’Économie Politique, Université de Genève

Fabienne Durand, fonctionnaire de l’État

Alain Duray, Chercheur émérite, membre de l’Observatoire des Libertés Publiques

Marie Duret-Pujol, MCF d’Études Théâtrales, Université Bordeaux Montaigne

Jean-Marc Duriez, Ancien maire de Longlaville

Frédéric Duten, chef de projets informatiques

Marie Dutertre

Jean-Claude Dutouya, Retraité Enseignant libre penseur

Willy Duval, réalisateur de courts métrages et chanteur, ouvrier

Omar Dziri

E

Nicole Ebelé

Vincent Édin, Journaliste et esssayiste

Ivar Ekeland, ancien Président de l’Université Paris-Dauphine

Ilias El Faris – Scénariste, réalisateur 

Widad El Kodyeme, Psychothérapeute

Lina El Soufi, Doctorante en sociologie

Sandrine Elaigne, Chercheur CNRS section 34.

Paul Elek, doctorant en sociologie et chroniqueur sur le Média TV

Alain Eludut

Philippe Encrenaz, professeur de philosophie

Jérémy Eneu, conducteur routier

Jean-Christophe Eon, écrivain

Camille Escudero, libraire

Frédéric Espi, militant insoumis

Marine Etchecopar, Libraire

David Even, Vidéaste

Sylvain Excoffon, Maître de Conférences, Université Jean Monnet, Saint-Etienne

F

Marguerite Fabre, libre penseuse et syndicaliste FO

Anne Faisandier, Documentariste

Christian Faivre, salarié dans l’industrie

Isabelle Fakra

Jean-Claude Fall, Metteur en scène, Comédien, Auteur

Alain Falque, Retraité

Jules Falquet, Professeure, Université Paris 8 St Denis

Jehanne Fahmy, réalisatrice

Marie Fare, Maitresse de Conférences en Économie, Université Lyon 2

Rémy Fargeas

Pierre Fargeton, Enseignant-chercheur, Musicologie, Université Jean-Monnet

Didier Fassin, Professeur

Éric Fassin, Sociologue, Professeur à l’Université Paris 8 Saint-Denis

Gwen Fauchois, ex-vice-présidente d’Act Up-Paris

Michel Faur

Sylviane Faure

Pascale Fautrier, Écrivaine et pofesseure de culture générale en BTS

Nicole Fayman

Sonia Fayman, sociologue, porte-parole de l’Union Juive Française pour la Paix

Georges Yoram Federmann, Psychiatre Gymnopédiste, Strasbourg

Philippe Feirrera

* Mathilde Feld, députée de la Gironde

Claire Feltain, médecin

Guy Ferdinande, retraité

Nicolas Férey, Enseignant-Chercheur, élu FSU CA Université Paris Saclay,

Mohamed Chérif FERJANI, Professeur Honoraire Université Lyon2, Président du Haut Conseil Scientifique de Timbuktu Institute, African Center for Peace Studies

Salah Ferkoune, syndicaliste

Mathieu Ferradou, MCF en Histoire Moderne, Université Paris Nanterre

Elvire Ferrand Testoni, Éducatrice

Pascale Ferrand, Ingénieur d’Etudes CNRS retraitée

Jérémy Ferrer, Bron

Eliane Ferrier

Olivier Ferrisse, Militant LFI

Cristina Feruglio

Olivier Fillieule, Dir. de recherches au CNRS, Prof. ordinaire en sc. pol. à l’Université de Lausanne

Aïcha Finance, artiste dramatique

Aline Fintz, Ingénieure d’étude, Univ. de Savoie Mont Blanc

Karin Fischer, Prof. des Universités, études irlandaises et britanniques, Univ. d’Orléans

Frank Fleismaher, être humain

Eric Fleurimont, Militant anticolonialiste

Monique Foissac Université Toulouse Jean Jaurès

Virginie Foloppe, Sorbonne Nouvelle

Jacques Fontaine, MCF honoraire de Géographie, Université de Besançon

Joëlle Fontaine, agrégée d’Histoire, enseignante retraitée

André Forest

Arnaud Fossier, Historien, MCF Université de Bourgogne

Maryline Fouché

Faouzi Foudil

Isabelle Fouquay, Professeure agrégée d’anglais retraitée

Benoît Fourchard, Écrivain

Michèle Foxonet

Thomas Françon, fonctionnaire

Mathilde Fras, programmatrice de salles associatives art et Essai à Caen

Emmanuel Fraisse, cinéaste

Françoise Fressonnet, anthropologue 

Bernard Friot, Économiste

Marie-Paule Fristot-Rousselot, retraitée de l’Éducation Nationale

Arnaud Frossard, éditeur

Yves Fruchon, Humaniste, consultant retraité

G

Joel Galera, retraité de la fonction publique

Nora Galland, ATER, Université de Bretagne Occidentale

Frédérique Galisson, Enseignante

Davide Gallo Lassere, MCF en Politique Internationale, Université de Londres

Fanny Gallot, Historienne

Paul Gandy

Michelle Garcia, UJFP

Blanche Gardin, Humoriste, Actrice

Christelle Garnier, Aidante

Jocelyne Garnier

Julie Garnier, Historienne

Sébastien Garnier, MCF Paris 1

Marina Garrisi, Éditrice

Denis Gasiglia, Responsable associatif, Médiateur culturel 

Claire Gaspard, enseignante retraitée.

Aurore Gathérias, enseignante

Christophe Gaubert, sociologue, Université de Limoges

Frank Gaudichaud, Professeur, Hist. et études latino-américaines à l’Univ. Toulouse Jean-Jaurès

Guillaume Gaudin, Professeur d’Histoire moderne, Université Toulouse Jean Jaurès

Jean-Luc Gautero, Maître de conférences émérite en Philosophie des sciences, Université Côte d’Azur

Florence Gauthier, Historienne de la Révolution française

Richard Gautier

Siegfried Gautier, enseignant

Xavier Gautier

Marylène Gauvin

Akis Gavriilidis, Écrivain – traducteur

Andrée Gaye, Retraitée Éducation nationale

Vincent Gayon, Universitaire

Linda GENIN – Citoyenne militante

Pascal Génot, auteur

Louis Genoud, Prof de maths retraité

François Gentili, Archéologue, Ingénieur chargé de recherches

David Geoffroy, Auteur – réalisateur 

Sylvain George, Cinéaste

Christakis Georgiou, MCF contractuel, Institut d’Études Européennes, Université Sorbonne Nouvelle

Christian Gérard, Maitre de conférences retraité

Isabelle Gérard, Enseignante retraitée

Valérie Gérard, professeure de philosophie en CPGE

Mohammed GHENNAM

Catherine Ghidaoui

Stéphane Ginouillac, Mathématicien, MCF, Université de Cergy

Carlo Ginzburg, Historien

Jules Girard, enseignant

Marc Girod, retraité 

Yves Giroud, dessinateur de presse

Michèle Giroudon Clavel, Retraitée de l’EN

Giuglietta, Autrice

Fabrice Giuggioli

Laurence GLÂTRE

Dominique Glaymann, professeur des universités émérite en Sociologie, CPN, Univ. Évry

Jacques GLEYSE, Professeur des Universités émérite, Université de Montpellier

Éric Gobe, politiste, directeur de recherche au CNRS

Catherine Goblot Cahen

Jean-Christophe Goddard, Professeur des Universités, Université de Toulouse 2 Jean Jaurès

François Godicheau, Historien, Professeur à l’Université de Toulouse Jean-Jaurès

Stéphane Goetghebeur 

Benjamin Golly, Enseignant-Chercheur, Université Savoie-Mont-Blanc

Catherine Goldstein, DRCE émérite, Histoire des sciences mathématiques

Christophe Goupil, professeur,  Université Paris Cité

Claude Gout, Géologue

Francis Gout

Lionel Goutelle, retraité de l’éducation nationale

Isabelle Goutmann, directrice d’un média local & indépendant

Justino Gracia Barrón

Massimo Granata, Ingénieur de recherche CNRS

Corinne Grassi, chargée de projets socio-culturelle

Jordi Grau, Citoyen et Professeur de philosophie

Florent Gravouil, Éducateur spécialisé et artiste/technicien du spectacle vivant

Jean-Guy Greilsamer

Patrice Grevet, Professeur honoraire de sciences économiques à l’Université de Lille

Bernadette Griot, graphiste et éditrice

Rabhia Guasch, Infirmière

Haud Guéguen

Salah Guemriche, Essayiste

Nacira Guénif, Professeure des Universités, Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, LEGS

Vincent Guerpillon, Comptable

* Clémence Guetté, Vice-présidente de l’Assemblée nationale

Mourad Guichard, Journaliste indépendant

Romain Guicharrousse, MCF Histoire, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Gérard Guidini Professeur agrégé retraité

Benoit Guidoux,  Citoyen engagé

Alain Guillard

Luc Guillebert

Corine Guillerault

Jacques Guillermet, Cadre supérieur retraité

Paul Guillibert, Chargé de recherche CNRS, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Claude Guilbaud, Enseignant retraité

Nicolas Guivarc’h, prof d’Histoire

Pascal Grisoni, citoyen

Georges Günther, militant associatif

Pascal Gustin

Patrick Guyot Bitchatch, ancien administrateur de l’État dans les ministères sociaux

H

Emilie Hache, Maîtresse de conférences HDR 

Olivier Hache

Gérard Haddad, Psychiatre, Psychanalyste, Écrivain

Rachid Hadjij, Consultant

Gabriel HAGAI, Rabbin 

Jean-Louis Haguenauer, pianiste, Professor Emeritus, Indiana University Jacobs School of Music

Guillaume Halb, président du Comité Palestine Rodez, Aveyron

Christelle Hamel, Sociologue, Chargée de recherches à l’Institut national d’études démographiques.

Anne-Marie Hamon, retraitée

Ouassim Hamzaoui, MCF Science politique, Avignon Université

Sari Hanafi, Prof. de Sociologie, American University of Beirut 

Odile Hanquez Passavant, Enseignante

Tarek Haoudy, scénariste

M-Agnès HARRAULT

Colette Hasne, Doctorante

Fabrice Hauet, masseur bien-être

Jérôme Hayez, chercheur en histoire

Clémence Hébert, Cinéaste

Xavier Hélary, Historien, Professeur, Sorbonne-Université

Frédéric Hélein, Professeur (Mathématiques), Université Paris Cité

Aubin Hellot, Cinéaste 

Annick Hemon, Chanteuse Comédienne 

Antoine Hennion, École des Mines, Paris

Iris Henry, professeure d’allemand, SNFOLC17

Odile Henry, Sociologue, Professeure à Paris 8

Louis Henrot, travailleur social

Nicolas Hensel, assistant d’enseignement artistique

Denis Hermann, Historien, Chargé de recherche au CNRS

Sylvie Hérold, Retraitée Fonction publique européenne 

Marie Hesse, enseignante
François Hillion Philosophe, Président d’association accès à la culture pour tous

Jeanne Hillion assistante de service social et victimologue

Thomas Hippler, Professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Caen Normandie

Sophie Hite-Prat, Enseignante à la retraite

Paoline Hogrel, étudiante en Histoire et Géographie à l’université Lumière Lyon 2

Géraldine Hornberg, membre de l’Union juive française pour la paix

Sevan HOTIER, médecin

François Houbart, Psychologue

Jean-Claude Houdry, artiste auteur 

Arnaud Houte, Professeur d’histoire contemporaine, Sorbonne université

Etienne Hubert, Historien, Directeur d’études retraité de l’EHESS

ANNE Huck, Enseignante

Denis Humbert, Écrivain

Benoit Huou, enseignant à TSE, Université Toulouse Capitole

Cassandre Hypeau, Étudiante

I

Dominique Iattoni, Retraitée

Sébastien Ibanez, Enseignant-chercheur, Université Savoie Mont Blanc

Warda Ichir, syndicaliste

Mouloud Idir, politologue, Montréal 

Jean Imbaut enseignant retraité

Nicole Ion, éducatrice retraitée

J

Georges Jablonski-Sidéris, Maître de conférences en histoire médiévale, Sorbonne Université

Laure Jabrane, enseignante de philosophie, retraitée, membre de la CAALAP

Richard Jacquemond, Professeur émériteAix-Marseille Université

Ronan Jacquin, chercheur, Institut de hautes études internationales et du développement (Genève)

Evelyne Jaguin, Professeure de lettres retraitée

Armand Jamme, Historien, Directeur de recherches au CNRS

Pascal Janots, Ingénieur de recherche retraité

Ghislaine Jarrige, LFI Saint Etienne 

Jacques Jaudon, enseignant

Anbreen Javid, lectrice-correctrice

Sylvain Jay

Hubert Jean, Cadre retraité d’Envie.

Sylvain Jean, Enseignant

Pierre Jego

Anne Jollet, Maîtresse de conférences émérite en Histoire moderne

Florent Joly, ingénieur

Philippe Josserand, Historien, Professeur, Université de Nantes

Pierre Yves Joubaud, Directeur d’usine 

Jean-Michel Jouhanneau

Ivan Joumard

Robert Joumard, ex-DR émérite

Maïwenn Jouquand 

Emmanuelle Jourdan-Chartier, Enseignante en histoire, Université de Lille 

Nolwenn Joyaut, enseignante et scénographe

Dorine Julien, directrice de production

Eliane Juquel, enseignante retraitée, docteur en Lettres (Université de Montpellier)

Alain Jugnon, Philosophe 

Cathy Jurado, Autrice, enseignante

K

Abel Kabach

Nicole Kahn, membre de l’Union juive française pour la paix

Aurélia Kalisky, chercheuse au centre Marc Bloch, Berlin.

Stevan Kanban, Syndicaliste dans la fonction publique territoriale

Jocelyne Kantemir

Yannis Karakos, Auteur et Parolier

Stéphane Karcher, antifasciste et antisioniste

Christine Kaufmann

Sylvain Kerspern, historien d’art, professeur d’histoire-géographie-emc en lycée professionnel

Razmig Keucheyan, Professeur de Sociologie, Université Paris Cité

Pierre Khalfa, économiste, Fondation Copernic, Collectif Juives et juifs pour les droits du peuple palestinien

Khalil Khalsi, Chercheur

Nadia Khitri, Médecin urgentiste

Yasmina Khitri, Praticien Hospitalier 

Anna Knight, traductrice

Edmond Kober, retraité

Renée Koch Piettre, helléniste, retraitée de l’EPHE

Aurore Koechlin, MCF de Sociologie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Laurent Kondratuk

Marianne VL Koplewicz, Éditions du Souffle

Jean-Louis Kotula, enseignant retraité, militant SUD Education 41

Théophile Kouamouo, Journaliste

Stathis Kouvelakis, Philosophe

Abir Kréfa, Maîtresse de Conférences en Sociologie, Université Lyon 2

Naïm Ksibi, docteur en philosophie

L

Arlette Labadou, citoyenne

Claire Labarbe, enseignante, chercheuse, Université Paris Nanterre 

Nathalie Labbé, assistante sociale 

Thierry Labica, MCF Civilisation britannique

* Abdelkader Lahmar, Député du Rhône

* Bastien Lachaud, Député de la Seine-Saint-Denis

Annie Lacroix-Riz, Professeur émérite d’hist.contemporaine, Paris-Cité, petite-fille de Benjamin Arbessman, déporté et assassiné à Auschwitz

Annie Lafarge, Militante LFI 

Katia Laffaille, plasticienne 

Michel Laffaille, photographe

Joëlle Laffont

Laure Lafond-Puyet, Citoyenne

Danielle Lafont

Claire Lagraula 

Julien Lagoutte, MCF HDR en droit privé et sciences criminelles à l’université de Bordeaux

* Maxime Laisney, Député LFI de Seine-et-Marne

Zohra Lakrache, Professeur d’allemand à Rennes

Elisabeth Lalou, Professeur d’Histoire médiévale, Université de Rouen

Clovis LALLEMENT, masseur-kinésithérapeute diplômé d’état

Laurence Lamblin, professeure d’histoire-géo retraitée

Claire Lamy, MCF Histoire du Moyen âge, Sorbonne Université 

Baptiste Lanaspeze, Éditeur

Emilie Lanciano, Professeur des Universités, Sciences de gestion, Université Lyon 2

Frédéric Landenberg comédien

Diego Landivar, Enseignant – Chercheur, HDR, Origens Media Lab et Esc Clermont

Fatima Landreau

Hervé Langlois, militant à l’AFPS

David Lanos, militant décolonial

Jean-Claude Lanzalavi

Jacques Laparra, Médecin Retraité

David Lapoujade, Professeur des universités, Paris-1 Panthéon-Sorbonne

Yann Lardeau, cinéaste.

Eliane de Larminat, historienne de la photographie, MCF, Université Paris Cité

Galatée de Larminat, Chercheuse indépendante en Philosophie et Journaliste

Christine Laroche, Citoyenne

Alain Larose, ex secrétaire général adjoint de la FGMM-CFDT

Ramdane Lasheb, membre associé LIAgE

Hocine Lasri, Libre penseur

Christina Lasserre

Maurice Latapie

Cécile Laumonnier, formatrice pour adultes

Jean-François Launay, Principal honoraire

* Pierre Laurent, Sénateur Honoraire

Sabine Laurent, Enseignante retraitée 

Michel Lauwers, Historien, Professeur, Université de Nice

Christian Lavault, Professeur de Universités

Charles Lavaud, Musicien

Vincenzo Lavenia, Historien, Professeur d’hist. moderne, Univ. de Bologne, Italie

Cécile Lavergne, MCF en Philosophie université de Lille

Clément Lavis, étudiant

Isabella Lazzarini, Professeure d’Histoire médiévale, Université de Turin

Anne Le Berre, retraitée de l’Éducation Nationale

Christiane Le Bihan

Judith le Blanc, Maîtresse de conférences, Université de Rouen Normandie

Brigitte Le Bras, Retraitée, membre de la LDH et du collectif Palestine

Olivier Le Cour Grandmaison, Historien, politiste, universitaire

Arnaud Le Gall, député du Val d’Oise

Maud Le Guellec, Enseignant chercheur, Paris Nanterre

Anne Le Guennec, Libraire 

Thomas LE GUIGNER, Ouvrier Plaquiste 

Quentin Le Maguer, citoyen.

Joëlle Le Marec, Professeure, Muséum National d’Histoire Naturelle

Katia Le Mentec, Anthropologue, chargée de recherche au CNRS

Frédéric Le Roux, Mathématicien, Professeur à Sorbonne Université

Brigitte Le Pagne, citoyenne libre et retraitée

Joséane Le Pavec, retraitée de l’Education Nationale

Philippe Le Roy, docteur en Économie, Retraité

Odile Le Solleuz

Vincent Le Texier, Artiste lyrique

* Alain Le Vot, maire honoraire de Magny Les Hameaux

Jean-Pierre LEBLANC, Proviseur de Lycée honoraire, Commandeur dans l’Ordre des Palmes Académiques 

Sébastien Lebonnois, Planétologue, Directeur de Recherche CNRS

Agnès Lecarpentier 

Jean-Jacques Lecercle, Philosophe, Linguiste, Ancien Prof. à l’Univ. Nanterre 

Agnès Lechat

Michelle Lecolle

Arnaud Lecompte, Professeur de philosophie en lycée public

Xavier Lecoq, Enseignant

Thierry Lécuru

Julien Leers, BIATPSS Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne

Jérémie Lefebvre, Écrivain et Musicien 

Catherine Lefèvre

Julien Lefevre, Photographe

Laurent Lefeuvre, auteur de bandes dessinées

Marie-Claire Legeard 

* Sarah Legrain, députée de Paris

Michel Legrand

* Jérôme Legrave, député de Seine-Saint-Denis

Joël Legrel

Arlette Lelaidier-Charcot, retraitée

Jean-Marc Lelièvre, CR INRAE

Yves Lemarié, Maître de conférences à l’Université de Bretagne Occidentale

Claire Lemercier, Directrice de recherche en histoire, CNRS

Jacques Lemerle, Enseignant retraité de l’Education Nationale

Benjamin Lemoine, Chercheur, CNRS

Jean-Michel Lemoine, ingénieur CNES

Clément Lenoble, Historien

Dominique Lepage, Professeure de Lettres à la retraite, militante antiraciste et antifasciste (Nancy), ex de Ras l’Front

Philippe Lerouvillois, Retraité 

Véronique Leroux

Jonathan Lerouxel, Enseignant

François Lescure, ancien Professeur à l’Université de Lille

Didier Lestrade, co-fondateur d’Act Up-Paris

Laurent Lévy, Avocat à la retraite

Thomas Lienhard, MCF en histoire, Université Panthéon-Sorbonne

Cathy Liminana-Dembélé

Pierre Linguanotto, Cinéaste

Khalid Litoussi

Jean Lions, Ingénieur Economiste, docteur-ingénieur Mines de Paris

Chantal Locatelli

Thierry Lochard

Hervé Loichemol, Metteur en scène

Henri Lombardi, MC en Mathématiques, retraité, à l’Université Marie et Louis Pasteur

Élisabeth Longuenesse, Sociologue arabisante, CNRS (retraitée)

Frédérique Longuet Marx, Anthropologue, Cetobac, Ehess

Christophe LOPEZ, retraité, enseignant BTS, Nîmes 

Jean-Pierre Lopez

Helios Lopez

Isabelle Lorand, Chirurgienne

Françoise Lorcerie, DRE science politique, Aix-Marseille Université

Denis LOUBIERE, secrétaire adjoint FSU 15, membre du collectif Cantal Palestine Solidarité

Yannick Louesdon, Psychanalyste retraité

Michael Lowy, Sociologue

Jérôme Limorté, enseignant et docteur (Sorbonne-Université)

Viviana Lipuma, Postdoctorante à UFF Brésil, Docteure en philosophie de l’Univ. Paris Nanterre 

Jean Lorant, professeur des universités, retraité

Frédéric Lordon, Philosophe

Jean-Pierre Loustau, Ingénieur

Valéry Lozat, Ingénieur d’études Informatique, syndicaliste (CGT)

Olivier Lucas, Artiste numérique et architecte

Sandra Lucbert, écrivaine

Marie-Christine Luparello, membre de la Libre Pensée 79 et du Collectif Palestine 79

M

Armelle Mabon, Historienne

Abdul Maboul

Martine Mabru, interne en médecine, université Nice Sophia Antipolis

François Macherey, comédien

Elise Maćkowiak, citoyenne

Vincent Maclos, Professeur de philosophie

Lise Madec

Marta Madero, Ancien professeur de l’Universidad de Buenos Aires et de l’Universidad Nacional de General Sarmiento

Claude Madrid, artiste 

Jean Louis Maerten, infirmier 

Elisabeth Magnin

Eliana Magnani, Directrice de recherche au CNRS

Olivier Maheo, Enseignant 

Leila Mahjoubi Pharmacienne

Mohammed Mahjoubi

Alain Maire, Retraité humaniste, écologiste et naturaliste

Véronique Maison, monteuse audiovisuelle retraitée

Guilaine Maisse, Professeure d’allemand retraitée

Ziad Majed, écrivain et Professeur, The American University of Paris

Ariane Mak, historienne, Université Paris Cité 

Catherine Malcotti, professeure retraitée

Jean Malifaud, MCF retraité Mathématiques, Paris 7

Kamila Mamadnazarbekova, doctorante, Sorbonne Université 

Brigitte Mancel, Professeure de lettres retraitée

Marianne Mangeney, chercheuse au CNRS

Odile Mangeot, association Alliance pour l’Emancipation Sociale Nord Franche-Comté 

Philippe Mangeot, professeur de littérature 

Patrice Maniglier, Philosophe, Université Paris Nanterre

Danielle Manoukian, psychologue/psychanalyste

Cathy Maquart, Enseignante retraitée 

Mélanie M. Marbach – designer graphique

Olivier Marboeuf, Écrivain, Commissaire d’exposition, Producteur

Audrey Marc, Professeur

Jean-Pierre Marchand, philosophe

Joelle Marelli, traductrice, autrice

Ivan Marin, Professeur des Universités, Amiens

Maurizio Marini

Didier Marlier

Jean-Luc Marquer, retraité EN

Laurent Marsan, Maître de conférence

Anne-Marie Marteil-Oudrer Syndicat National des Médecins Hospitaliers FO

Ginette Martagex

Céline Martin, Historienne, Maîtresse de conférences à l’Université Bordeaux Montaigne

Christophe Martin, média indépendant Libres Commères

Gilles Martin, médecin retraité

Éric Martineau 

Maria Martinez, retraitée Inserm, chercheuse en génétique humaine

Miguel Martinez, Maître de Conférences en Mathématiques, Université Gustave Eiffel

Joseph Martinod, Professeur

Robert Mascarell, Journaliste en retraite

Geneviève Massard-Guilbaud, historienne, directrice d’études émérite à l’EHESS

Bénédicte Masserot 

Martine Massias-Millot, retraitée, ancienne militante syndicaliste SNES/FSU

Arnaud Massin, Doctorant à l’Université de Liège 

Pascal Mathevet

Isabelle Mathieu, MCF Histoire du Moyen Âge – VP Formation et vie universitaire, Université d’Angers

Xavier Mathieu, comédien

Mickaël Matusinski, MCF Maths Université de Bordeaux

Florence Mauger, enseignante 

Léa Maunier

Pascal Maupeu, musicien

Danielle Maurice, doctorante, Université Lyon 2

Jean-Luc Maury, enseignant retraité, syndicaliste

Jean-Yves Maximilien 

Annie Mayar-Poteau, Infirmière scolaire retraitée

Nicolas Mayard, Journaliste

Joël Mazeau, Paris 3 sorbonne

Gérard Médioni

Guillaume Medioni, musicien

Maria-Alice Médioni, formatrice, militante pédagogique

Jean-François Meekel, Journaliste honoraire

Anne-Lise Mege

Miriem Méghaïzerou, Doctorante, Sorbonne Nouvelle

Didier Méhu, professeur des universités, Université Lyon 2

Eliane Meillier

Hacene Mekhnache

Graziella Melis Roussel

Laurent Mélito, sociologue

Marion Ménard, pair aidante TSA/TDAH

Marie Menaut

Sophie Mendelsohn, Psychanalyste

Lorenzo Menoud, écrivain et philosophe

Franck Mercier, Historien, Professeur, Université de Rennes

François Mérel, Médecin retraité

Sonia Merli, Chercheuse contractuelle, École française de Rome

Daniel Mermet, Journaliste

* Marie Mesmeur, Députée d’Ille et Vilaine

Lana Mestdagh, artiste et technicienne du spectacle

Germain Meulemans, Anthropologue, CR CNRS

Chantal Meyer

Gilles Meyer, bibliothécaire

Juliette Mézergues, Comédienne, Enseignante

Najoua Mhamedi

Patrick Michaëlis, Comédien

Jean-François Michel, Musicien

Valérie Michel

Claude Micmacher

Alain Migus, Citoyen retraité

Slavko Mihaljcek, enseignant retraité

Marc Milanini, Ingénieur

Sonia Miled, Traductrice commerciale.

Christophe Mileschi, Professeur, Université Paris Nanterre

Claire Milléquant professeure  d’Histoire-Géographie à la retraite

Dominique Millet, professeur émérite, Sorbonne Université

Pierre Millien, Chargé de Recherche en mathématiques, CNRS

Virginie MilliotAnthropologue, Maitresse de conférences, Université Paris Nanterre

Jean-Luc Mingot, artiste dramatique 

Chantal Mirail

Estelle Miramond, Maîtresse de conférences en sociologie – Institut Humanités Sciences Sociétés, Université Paris Cité

Alain MISSOUM, Neurologue retraité

Adlene Mohammedi, Chercheur et enseignant en géopolitique

Jacques Moisan, Retraité de l’enseignement

Sylvie Moisan, Hospitalière retraitée 

Jean-François Molino, Chercheur IRD retraité

Olga Moll, Agrégée, MCF musique et musicologie, Université Paris 8, retraitée

Frank Moll, Dirigeant d’entreprise

Sylvie Monchatre, Sociologue, Professeur, Université Lumière Lyon 2

Mathilde Monge, Maître de Conférences en Histoire Moderne 

Philippe Monmousseau

Lucile Mons, Psychanalyste et psychologue

Grégoire Monsaingeon, comédien, metteur en scène

Marina Montesano, Professeure, Université de Messine

*Bénédicte Monville, Élue municipale et communautaire à Melun, ancienne Conseillère Régionale d’île de France 

Yves Monnier

René Monzat, Chercheur indépendant

José-Luis Moragues, Dr en Psychologie, Maître de Conférences – Université Paul Valéry

Nathalie Morales

Claude MORAND, éducation nationale

Gérard Mordillat

Éric Moreau, Université de Poitiers

Louis Moreau Avila, Artiste auteur, étudiant à la Haute école des arts du Rhin

Pilar Moreigne Ferrer, professeur

Leonardo Moreira, MCF Philosophie, Université de Paris 8

Monique Morellec, psychologue clinicienne

Anne Morelli, Professeure honoraire de l’ULB

Haude Morvan, MCF Histoire de l’art médiéval

Marianne Morvan, Professeure agrégée d’anglais, UFR Médecine

Pascal Morvan, historien et juriste

Jeremie Mosseray, Musicien

Aimée Mouchet retraitée de l’EN, agrégée d’histoire

Damase Mouralis, Professeur des Universités, Université de Rouen-Normandie & CNRS

Guillaume Mouralis, Historien, Directeur de recherche au CNRS, CESSP, Paris

Jean-Noël Moureau

Marie-Hélène Mourgues, Maitre de Conférence, UPEC

Bertrand Müller, Historien, DR émérite, CNRS (historien de Marc Bloch et Lucien Febvre)

Arlette Mussati – Avocate à la retraite 

N

Marwan NACIRI – Post-doctorant CNRS

Mustapha Nadi, Professeur Université de Lorraine

Doulfikar Najib

Nadia Nalaya professeure agrégée de Mathématiques

Dominique Natanson, animateur du site Mémoire Juive & Éducation

Philippe Naud, Professeur certifié d’Histoire Géographie

Fabien Navarro, Maître de Conférences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Ron Naiweld, Chargé de recherches en études juives, CNRS

Marie Neige, retraitée de l’éducation nationale. 

Aurore Nerrinck, Médiatrice culturelle & formatrice indépendante / éditrice chez Vues de l’Esprit

Julien Nesme

Josselin Neveux, diffusion de supports de communication concerts

Kim Vu Ngoc, étudiant

Pierre Nicodeme, CNRS retraité, LIPN, Université Paris-Sorbonne Nord,

Jean-Philippe Nicolas, enseignant

Pierre Nicolas

Brigitte Nicolet, retraitée

Massimiliano Nicoli, Psychanalyste, Philosophe

Delphine Noels cinéaste

Dominique Noly, retraité

Magali Nosaka-Stämpfli, Enseignante

Abderrahim Nour-Eddine, Professeur de philosophie à la retraite, et traducteur

Françoise Nové

Abderrahim Nour-Eddine

Yannick Nué

Norbert Nusbaum, Assistant social retraité à Besançon

O

Joseph Oesterlé, Professeur émérite, Sorbonne Université

Christophe Oberlin, Chirugien, professeur

Christian Oillic 

Josiane Olff-Nathan, Ingénieur d’Etude retraitée, Université de Strasbourg

Béatrice Orès, Union Juive Française pour la Paix

Martine Ostorero, Historienne, Professeur, Université de Lausanne

Nilton Ota, Directeur de programme du Collège international de Philosophie

Michel Ouaknine, Ingénieur semiconducteurs, militant MRAP & UJFP

Fouad Ouazzani, retraité

Mohamed Ouerfelli, Maître de conf. en histoire médiévale, Université d’Aix-Marseille

P

Vincent Pace, Enseignant à la retraite

Anne-Marie Pailhès, Professeure en Études Germaniques, Univ. Paris Nanterre

Louis-Gilles Pairault, Conservateur en chef du Patrimoine, adhérent du parti Les Républicains

Ugo Palheta, Sociologue, Université de Lille

Julien Pallotta, Philosophe et traducteur

Stefano Palombarini, Économiste, MCF Paris 8

Luca Paltrinieri, Maître de conférences Philosophie, Université de Rennes

Sylviane Pantigny

Bruno Paoli, Professeur des Universités, Université Lumière Lyon 2

Ilan Pappé, Historien israélien, Professeur à l’Université d’Exeter

Gérard Paquin, cadre de banque retraité

Corentin Parent

Pierre Parent, Maître de conférence, Université de Bordeaux

Lyam Pariaud Theret, étudiant à Lyon 2

Victor Pascal

Frédéric Pasquet

Olivier Pautonnier, Infirmier anesthésiste, Syndiqué cgt FO, Libre penseur 

Christophe Pébarthe, Historien, Université Bordeaux Montaigne

Julien Peccoud, enseignant de SVT en lycée, éducation nationale

Randianina Peccoud, Autrice et vidéaste

Thierry Pécout, Historien, Professeur à l’Université de Saint-Etienne

Francis Peduzzi, directeur de scène nationale

Jean-Pierre Peignier Informaticien

Crémilde Pereira, éducatrice spécialisée en pédopsychiatrie

Rodny Pélage

Michele Pellegrini, Historien, Professore associato, Université de Sienne (Italie)

Marie-France Pelletan, Enseignante à la retraite

Olivier Pelletier Professeur d’histoire et de géographie en lycée (public)

Willy Pelletier, Sociologue, université de Picardie

Charles Pennequin, écrivain

Yves Péquin, Adhérant UJFP et Collectif 2024

Catherine Pérard

Valentin Perez, Musicien

Valérie Pérez, Cheffe de projets informatiques

Catherine Perret, Professeure émérite, Université Paris 8

Marie-Pierre Perrette, enseignante, Éducation nationale

Michel Perrier, retraité

Lucien Perrin, Éditions Amsterdam

Marc Perrin, Écrivain, Éditeur

Annick Peters-Custot, Professeure d’Histoire médiévale, Nantes Université

Jean-François Pétillot, PRCE, Université Paul-Valéry Montpellier, retraité

Fauve Petit, médiatrice culturelle 

Laurence Petit Lévy

Thomas Petitbon, Union Juive Française pour la Paix & France Insoumise

Nathalie Peyre, Prof de lettres

Roland Pfeffenkorn, Sociologie, Professeur émérite, Strasbourg

MICHEL Philippo, Coordinateur livret planification écologique

Emmanuelle Picard, Professeure d’histoire contemporaine, ENS de Lyon

Mathias Picot

Philippe Pierard-Lestoille, ancien étudiant de Lyon II

Julien Pieret, Professeur de droit public, Université libre de Bruxelles

Caecilia Pieri, PhD Associate Researcher, Ifpo Institut français du Proche-Orient, Erbil, Kurdistan irakien

Maryse Pierrard, Enseignante retraitée

Alexandre Piettre, Docteur en Sociologie politique et Professeur de Philosophie

Laure Piguet, Historienne, Université de Fribourg/Centre Marc Bloch

Brigitte Pignard

Philippe Pignarre, éditeur 

Thibaut Pinatel, syndicat FO

Michel Pinault, Historien, retraité

John Yves Pinder, Professeur

Cathy Pinheiro, Insoumise

Véronique Pinoteau

Jean-Daniel Piquet, Historien

Sandrine Pissard-Gibollet

Marion Pitrat, musicienne

Olivier Pla, Retraité de l’Éducation Nationale

Marie Plassart, maîtresse de conférences, Université Lyon 2

Catherine Plouzennec, Citoyenne

Helena Plumet, enseignante

Michel Pocchiola, Mathématicien, Professeur à Sorbonne Université, retraité

Jacques Pochard, Pédiatre

Mireille Poirier, MCF – HDR en droit privé, retraitée, Bègles

Jean-Michel Poisson, EHESS (hon.)

Morgan Pokée, programmateur cinéma

Natacha Polin professeur de Lettres

Christopher Pollmann, Prof. des Universités agrégé de Droit public, Université de Lorraine – Metz

Hugues Poltier, philosophe

Jean-Pierre Poly, ex-professeur, Histoire du droit, Université Paris-Nanterre

Julien Ponceblanc, Prof. de Français et d’Histoire & Géographie

Denis Ponchant

Xavier Pons, Professeur émérite, Université de Toulouse-Jean Jaurès

Alan Popelard, Enseignant

Marius Porée, Retraité

François Portefaix, retraité de l’éducation nationale

Raphaël Porteilla, Professeur de sciences politiques, Université de Bourgogne

* Thomas Portes, député de Seine-Saint-Denis

Fabrice Portilla, Citoyen

Elio Possoz, écrivain

Jean Pougnet militant environnemental

Renaud Poulain-Argiolas, auteur

Clément Poullet, Secrétaire général de la FNEC FP-FO Angers

Franck Poupeau, sociologue, DR CNRS, éditions Raisons d’agir.

* Philippe Poutou, militant NPA

David Pouvreau, Mathématicien et historien des sciences, professeur en CPGE, La Réunion

Sébastien Poyard, Professeur agrégé d’Histoire-Géographie, Vesoul

Aliette Prabel, Retraitée de l’Éducation nationale

Plínio W. Prado Jr, Professeur émérite de Philosophie, Université de Paris 8

Renée Prangé, Directeur de recherches CNRS retraitée

Peter Prato, Retraité

Damien Préault, antifasciste

Anna Preger

Stefanie Prezioso, Historienne, Suisse

Pascal Priestley, Journaliste (en retraite), ancien rédacteur en chef adjoint de TV5Monde

Nathalie Prieto, musicienne

Edlira Priftuli 

Nicolas Prignot, Enseignant et chercheur en philosophie, ERG/ ESA St-Luc, Bruxelles

Klervi Propice, Doctorante en psychologie

François Provansal

Alain Provost, Professeur des Universités, Historien, Université d’Artois

* Loïc Prud’homme, député de la Gironde

Q

Serge Quadruppani, auteur et traducteur

Raymond Quélennec 

Julien Quentin, monteur-réalisateur

Malo Quintard, Libraire

R

Christelle Rabier, MCF EHESS

Pascal Ragouet, Professeur des universités

Pascale Ragues

Geneviève Rail, Ph.D., Professeure émérite distinguée, Institut Simone-De Beauvoir, Canada

Marie-Christine Ralison-Yon

François Ralle Andreoli,conseiller des Français-es d’Espagne – 2e circonscription d’Espagne

Lorenzo Ramero, Professeur de Mathématiques, Université de Lille

Daniele Rannou-guéguein, citoyenne 

Cyrille Raquin

Martin Rass, retraité militant

Rozalia Ratkiewicz

Nordine Raymond, tête de liste « Faire Mieux pour Bordeaux », La France insoumise

Antoine de Raymond, Sociologue

Sabine Raynaud, enseignante du 1er degré , syndicaliste 

Isabelle Réal, Historienne, MCF, Université de Toulouse Jean-Jaurès

Joaquim Rebecca, fondateur de l’Université Populaire Pierre Bourdieu

Thierry Reboud, UJFP

Anne Reboul, retraitée de l’Education nationale.

Gianfranco REBUCINI, anthropologue, Chargé de recherche au CNRS

Fanny Rebuffat, Psychiatre

Manuel Rebuschi, Enseignant-chercheur en Philosophie, Université de Lorraine

Laurent Regnier, Professeur (mathématique) à l’université d’Aix-Marseille

François de Reilhan, retraité

Myrto Reiss, Médiatrice culturelle 

Yannick Reix, Directeur festival de cinéma de Douarnenez 

Victor REMY

M. Renaud, Université de Nantes

Mathieu Renault, Philosophe, Professeur à l’Univ. de Toulouse Jean-Jaurès

Jean-Paul Renoux

Marc Renson

Eugenio Renzi, Enseignant

Jordan Rezgui, pensionnaire de la Comédie-Française

Nassim Rezzoug

Fabrice Riceputi, Historien

Olivier Richard, historien, professeur à l’université de Fribourg

Mathieu Rigouste, Sociologue

Sophia Riahi, doctorante

Anne Richard, militante syndicaliste

Laurent Ripart, Historien, Professeur à l’Univ. de Chambéry

Manu Riquier

Fred Ritter

Michel Rival, Bibliothécaire historien 

Catherine Rivaud, retraitée 

Nathalie Rivoire

Thierry Robert, diplomate retraité, ancien conseiller culturel à New Delhi et Copenhague, directeur d’Institut Français

Caroline Robion-Brunner, Directrice de recherche CNRS au laboratoire TRACES de Toulouse

Agathe Roby, docteure en histoire médiévale, toulouse

Stéphane Julien RODET, Militant LFI à Paris et membre de la CGT Paris

Odile Rollet, Pédopsychiatre, Lyon

Claude Rollin, informaticien retraité

Françoise Romand, Cinéaste

Anne Roos

Joël Ropars, ingénieur

Isabelle Rosé, Historienne, Professeur, Université de Rennes

André Rosevègue, membre de l’Union juive française pour la paix et de la CAALAP

Stéphane Roth, directeur du festival Musica (Strasbourg)

Myriam Rougeux, citoyenne

André Rougier, blagueur 

Pascal Rousse, Enseignant certifié à l’Éducation Nationale

Antoine Rousseau, Directeur de Recherche, Inria

Linda Roux, Gilet Jaune

Philippe Rouyer, conservateur de bibliothèque en retraite

Marie-Jeanne Royer enseignante retraitée 

Jérémy Rubenstein, Historien 

Thibaud Ruellan, ATER Université de Lorraine

Yasmina Ruellan

Michel RUFF ,militant à l’UJFP

Damien Ruiz, Historien

Thomas RUIZ, traducteur, étudiant à l’Inalco

Catherine Ruph

Jocelyne Ruppert, citoyenne

Alain Ruscio, Historien

Alain Rustenholz, Auteur

S

Nicolas Sabatier, Fonctionnaire européen

Gabriel Sabbagh, Professeur de logique mathématique (retraité) et Historien en activité, Université Paris Cité

Oreste Sacchelli, Professeur émérite, Université de Lorraine

Jean-Yves Sage, Attac Centre-Essonne

* Arnaud Saint-Martin, député de la Seine-et-Marne

Lidwine Salembier, adhérente Amnesty International

Marie-Claude Saliceti, psychologue clinicienne en retraite

Grégory Salle, sociologue, Directeur de Recherche CNRS

Christian Salmon, Ancien enseignant d’histoire-géographie, Retraité de l’Education nationale

Jean Salque, Cadre de la Fonction publique retraité

Victoria Saltarelli, retraitée de l’Éducation nationale

Akiko Sameshima, Traductrice pour La fabrique, Japon

Emilia Sanabria, Anthropologue, Directrice de recherche au CNRS

Alexandre Sanchez, éditrice

Carole Sandrel, Journaliste ex-enfant cachée

Jean-Baptiste Sangenito 

Renaud-Selim Sanli, Éditions-librairie Météores

Thibault Sans, salarié du Média

Mirko Santanicchia, Prof. associato di Storia dell’arte medievale, Università di Perugia

Jérôme Santolini, Directeur de Recherche, Biochimie

Jean-Luc Sanvicens, Citoyen, militant de l’éducation populaire et enseignant retraité

Ismahen Saouci 

Joëlle Saunier, retraitée du ministère des Finances

Patrick Saurin, syndicaliste et militant associatif

Catherine Sauvage

Pierre Sauve, Professeur retraité de l’université Paris 12

Pierre Sauvé, retraité

Bruno Savelli, citoyen

Sbeih Sbeih, ATER, Lyon 2, chercheur associé Iremam

Marion Sbriglio, Doctorante en géographie, Université Paris-Nanterre

Dimitris Scarpalezos, retraité M.C de mathematiques et membre du snesup 

Valentin Schaepelynck, Maître de conférences en sciences de l’éducation (Université Paris 8), Directeur de programme au Collège international de philosophie.

Matthieu Scherman, historien

Jean-Marc Schiappa, Historien, Prix Guizot de l’Académie française (2023)

Nathalie Schlatter-Milon, Psychologue Clinicienne

Yvonne Schmitt magistrate retraitée 

Matthieu Schmittel, ouvrier

Alain Schnapp, archéologue, Ancien professeur à l’Univ. Panthéon-Sorbonne

Joël Schnapp, Enseignant, Historien

Christophe Schneider, enseignant

Raphaël Schneider, Co-fondateur de Hors-Série

Peter Schöttler, Directeur de recherche honoraire au CNRS (biographe de Marc Bloch) 

Frédéric Schweyer, actuaire

Altiero Scicchitano

Béatrice Sculier, Retraitée

Paule Séité, Professeure,  Université de Poitiers

Leïla Seri Hartel 

Paula Serraller Vizcaino, éditrice et citoyenne

Michel Serve, Artisan retraité

Tod Shepard, Historien, Professeur, John Hopkins University

Guillaume Sibertin-Blanc, Philosophe, Professeur à l’Univ. Paris 8

Bernard Sibieude, Retraité, Strasbourg

Michèle Sibony, Union juive française pour la paix

Aude Signoles, MCF Sciences Po, AMU MESOPOLHIS

Antoni Silberstein, UJFP

Jean-Pierre Simard, journaliste

Stéphane Simard-Fernandez, Réseau Salariat

Gilbert Simiand, UJFP

Yahya Sinwar, médiateur culturel

Stéphane Sirot, Historien

Tahar Si Serir, membre du mouvement “Les Humanistes”, co-fondateur du collectif “Libérons l’Algérie’”

Leila Skandrani, Attachée d’administration

Jean-Claude Slyper

André Smolarz, Enseignant-chercheur à la retraite

Jérôme Soldeville, conseiller municipal délégué Grenoble

Thierry  Solé, comédien

Gabriela Solis, Collectif 69 Palestine

Jon Solomon, Professeur en littérature chinoise, Université Lyon 3

Rémi Sourget, cuisinier 

Martine Soyer, retraitée de la fonction publique

Marco Spagnuolo, Doctorant, Université Paris 8/LLCP

Pierre Stambul, Ujfp, Professeur retraité 

Cornelie Statius Muller, Comédienne et metteure en scène, marionnettiste et machiniste

Isabelle Stengers, Philosophe, Professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles

Mélanie Stravato, Editrice, Maison d’édition les bras nus

Hélène Struck, Psy EN

Vincent Suarez, enseignant

Alina Surubaru, Sociologue, Université de Bordeaux

Annick Suzor-Weiner, Professeure émérite Université Paris-Saclay

Julien Syren, Ingénieur 

Léa Szapiro, Retraitée secteur médicosocial

T

Nadia Taalba, Conseillère Pénitentiaire d’insertion et de Probation

Odile Taconet chargée de recherche CNRS retraitee

Stéphane Tabourin, Professeur des écoles, en REP+, conseiller syndical FSU-SNUipp54, militant LFI, militant associatif

* Aurélien Taché, député du Val-d’Oise 

Alain Tackx

Benoît Tadié, professeur, Université Paris Nanterre

Claire Talon, Psychanalyste, Docteure en Sociologie Politique

Vincent Talpaert

Julien Talpin, Directeur de recherche au CNRS

Moufida Tamou, Parente d’étudiants

Cécile Tannier, Directrice de recherche CNRS

Fabien Tarrit, MCF en économie, Université de Reims

*Andrée Taurinya, Députée de la Loire

Romain Telliez, MCF histoire, Sorbonne Université

Laurence Terk, Historienne

Michele Testu, Retraitée France Travail, syndicaliste

Anne Texier, Professeure de Philosophie

Dominique Texier-Mion Enseignante en retraite

Yves Théry, médecin hospitalier

Pierre Thévenin Chargé de recherche au CNRS

ves Thevenon, retraité 

Claude Thiaudière, sociologue université de Picardie Jules Verne

Daniel Thin, Sociologue, Professeur Honoraire des Universités (Lyon 3)

Catherine Thiriot 

Vincent Thisse, Vétérinaire

Brigitte Thomas, Retraitée

Charlotte Thomas, Politiste, Chercheure indépendante associée au prog. Asie de l’IRIS 

Pascale Thomas, Enseignante retraitée

François Thoreau, Chercheur qualifié et Professeur associé, FNRS – Univ. de Liège (Belgique)

Marguerite Thoumin

Mirabelle Thouvenot, militante décoloniale 

Hervé Tiberghien, Auteur, réalisateur de films documentaires

Mathieu Tillier, Professeur d’Histoire de l’Islam médiéval, Sorbonne Université

Sylvie Tissot, Professeure au département de science politique, Université Paris 8

John Tolan, Historien, Professeur à l’Université de Nantes

Valentina Toneatto, Historienne

Jean-Luc Tornero, retraité de l’Education Nationale, syndicaliste 

Armando Torres Fauaz, Historien, Universidad Nacional de Costa Rica

Rémi Toulouse, Éditeur

Sylvie Touzalin

Mireille Touzery Le Chenadec, Professeur émérite d’Histoire moderne, UPEC

Martine Tramoni, Retraitée

Thanh-Van Tran-Nhut, Ecrivaine, Ingénieure

Enzo Traverso, Historien, Cornel University (États-Unis)

Brigitte Trincard Tahhan, Retraitée éducation nationale 

Alessia Trivellone, Historienne, Université de Montpellier 3

Yvanne Trouillet

Véronique Troyas

Henri Trubert, Éditeur

Françoise de Turckheim, Médecin

Jean-Christophe Turpin

U

Martine Ullmann, Femmes en Noir Lyon, UJFP

Sébastien Ulrich, Menuisier

V

Maude Vadot, Maitresse de conf. en sciences du langage, Univ. Savoie Mont Blanc

Stanley Valbrun, Docteur en Sciences de l’éducation, travailleur social

Arnaud Valentin, citoyen

Jean-Claude Vallecalle, professeur des universités retraité

Massimo Vallerani, Professore ordinario di Storia medievale, Université de Turin (Italie)

Stéphane Valter, Professeur en langues et civ. Arabes, Univ. Lyon 2

Paul VALVERDE, PLP EN retraité

Marie-Joëlle Vandrand, retraitée de l’éducation nationale 

Bruno Varennes, Enseignant en secondaire, Historien médiéviste accueilli au CERCOR, intervenant à l’Université de Savoie

Yves Vargas, Philosophe

Nicolas Varnet

Amandine Vautaret, étudiante

Mélanie Vay, Docteure en Science politique

Jean-Philippe Vaz

Véronique Veinberg

Graziella Vella, Anthropologue, U Mons

Manolo Vella, Enseignant

Anne Verjus, DR CNRS, laboratoire Triangle

Françoise Vergès, Autrice, militante féministe décoloniale

François de Vergnette, MCF en histoire de l’art contemporain, Lyon 3 Jean-Moulin

Joël Vernet, Écrivain

Jean-Baptiste Vérot, MCF en Histoire moderne, Université Marie & Louis Pasteur

Cathy Verrechia, Enseignante

Thomas Vescovi, Doctorant (Ehess/ULB)

Fabienne Veyser, imprimeuse-éditrice

Baptiste Veyssy, Éditeur

Élisa Vial, doctorante à l’UQAM 

Camille Viallon

Jean Viau, Médecin retraité

Jérôme Vidal, Éditeur, traducteur

Jean Marie Viguié, Retraité enseignement

Roland Vignis

Denis Vital Durand, professeur d’université et médecin hospitalier, retraité

Nicolas Vieillescazes, Éditeur

Julio Vieytes, Retraité, ancien journaliste

Didier Vincendon, retraité EN

Fanny Vincent, MCF à l’Université de Saint-Etienne.

Léonard Vincent, Écrivain

Rémi Vincent graphiste 

Gilles Vinçon, Chercheur en Entomologie

Daniel Vivas, Enseignant

Christiane Vollaire, Philosophe, Chercheure associée au CNAM et au LCSP de l’Université Paris Cité Fellow de l’Institut Convergences Migrations

Florian Vörös, maître de conférences, Université de Lille

René de VOS, sociologue, retraité éducation nationale

Claire Votat, manipulatrice en radiologie médicale retraitée

Eric Vuoso

W

Abdourahman Waberi, écrivain

Astrid Waliszek

Tim Wandriesse 

Laurent De Wangen, enseignant

Dror Warschawski, Chercheur CNRS, Sorbonne Université, Paris

Jean-Marc Warszawski, musicologue, directeur du magazine musicologie.org

Joachim Wary, Enseignant d’histoire-géographie

Nicole Watterlot Retraitée

Sabrina Waz, militante décoloniale, membre du média Paroles d’Honneur

Benjamin Weber, Enseignant

Laurent Weill, Médecin retraité, LFI, UJFP

Françoise Weill-Ponsin, Médecin retraitée, LFI, UJFP

Martine Weinfeld Alias retraitée de l’EN

Frédérique Werner enseignante REP+

Josiane White

Charles Wolfe, Professeur des Universités, Dépt de Philosophie, Université Toulouse Jean-Jaurès 

Y

Yahya Yachaoui, Professeur retraité, Poète, Écrivain, Traducteur

Hèla Yousfi, Maître de conférences, Université PSL-Dauphine

Louisa Yousfi, Autrice, militante décoloniale

Z

Alain Zabeth, Psychologue retraité

Nassera Zaidi, Coordinatrice du CNRCC (collectif national pour la reconnaissance des crimes coloniaux)

Ramo Zaidi

Roger Zandonella

Barbara Zauli, Enseignante-chercheuse, Philosophie, Université Paris 8, vice-présidente du Collège International de Philosophie.

Mathilde Zederman, MCF Université Paris-Nanterre

Caroline Zekri, MCF, Université Paris-Est Créteil

Michèle Zémor, Ex conseillère Région Ile de France 

Afifa Zenati IGE, ENS de Lyon

Laurick Zerbini, MCF – HDR, Université Lyon 2

Dominique Ziegler, Auteur, Metteur en scène

Alexis Zimmer, Professeur, Histoire environnementale, Université de Liège (Belgique)

Agnès ZISSMANN, magistrate honoraire

Collectifs :

Attac Rhône

Arles pour la Palestine

CAALAP (Coordination Antifasciste pour l’Affirmation des Libertés Académiques et Pédagogiques)

Collectif 69 Palestine

Collectif Éducation Avec Gaza 

Éditions La Fabrique

Éditions Terre de feu

FNEC FP-FO Angers

FO ESR (syndicat FO de l’enseignement supérieur et de la recherche)

Institut La Boétie

La France Insoumise

Libre Pensée 31

Librairie La Gryffe, Lyon

Librairie Les 400 Coups, Bordeaux

Solidarité Palestine Toulouse.

Transit Librairie

Union Juive Française pour la Paix

To combat fascism, the racial pact must be broken

This speech by Houria Bouteldja took place during the closing plenary session of Historical Materialism entitled « Marxist Strategies at the End of Liberal Order » at SOAS University in London on November 9, 2025.

 

I will start by getting straight to the point. In my opinion, there is no way to fight fascism today without challenging the main institution that not only provides all the conditions for the rise of fascism, but also acts as its accelerator. I am referring to the European Union. As Fanon advised us more than 60 years ago, we must leave Europe. To this, I would add that there are two ways to leave: reactionary or revolutionary. Needless to say, Brexit was a reactionary exit and is precisely the example not to follow. I therefore propose to consider a proposal based on the French case, which would be a left-wing, decolonial and, why not, revolutionary exit.

Over the last twenty years or so in France, we have seen the emergence of a new anti-racist political consciousness. We have moved from what is known as moral anti-racism, which is a version of state-promoted or republicananti-racism, to political anti-racism. What defines moral anti-racism is that it designates the far right as the main enemy. And as a secondary enemy, individuals who most often come from white working-class backgrounds because they don’t like black people or Muslims. According to moral anti-racists, these individuals need to be re-educated because they have a false consciousness that undermines their class consciousness. Political anti-racism totally rejects this conception of racism.  For us, racism does not emanate from the far right but from the modern, capitalist, colonial and imperialist state. According to this conception, not only is the far right not the place where racism is produced, but it is itself the product of what I call the integral racial state.

Indeed, as David Theo Goldberg teaches us with his concept of the racial state, all the advanced capitalist states of Western Europe and North America, including Australia, which make up what we know as the West, are all racial states founded on the genocide of so-called inferior peoples, on their despoliation and exploitation. For Goldberg, race is, like class, the foundation of modern states. And as Gramsci teaches us, the capitalist state is integral in the sense that it cannot be reduced to its institutions, its police and its bureaucracy. Political society (including left-wing parties and trade unions) as well as civil society are an integral part of the state. On the basis of these two conceptions of the State, the racial State and the integral State, my idea of the integral racial State allows us to render moral anti-racism obsolete once and for all, because it allows us to better understand the structural and systemic nature of racism. If racism cannot be fought by a moralist method, it is because it is the product of a racial pact between the State, dominated by its bourgeoisie, political society and civil society.

In other words, while it must be acknowledged that there is a class struggle within the capitalist states, it is counter-revolutionary because the left-wing political society which defends the interests of the proletariat is linked to the imperialist order via an organic bond with the capitalist state. By abandoning internationalism in favour of proletarian chauvinism, the communist and trade union organisations in France have largely contributed to the constitution of the integral racial state. By accepting the sharing out of imperialist rents, first for the benefit of the bourgeoisie but also for the benefit of the white proletariat, the organisations which claim to defend the workers have produced a counter-revolutionary class struggle.

This reading applies to anti-fascism. There is a moral anti-fascism that we must fight against. This expression is used to designate a Western political system which limits fascism to the Far right. In these conditions, moral antifascism means support for the current institutions, born out of the victory of 1945, and its ultimate horizon is the elections.

In the wonderful world of moral antifascists, since the end of the Second World War we have been following a constant move towards progress, where the extension of the global market goes hand in hand with hopes for peace and the advancement of minority rights.

The proof, if any were needed, of the absurdity of this discourse is the genocidal war still under way in Gaza, entirely made possible by Western arms supplies, first and foremost from the United States and Germany, but France is also taking part in it. Since October 7, the leaders of most Western liberal democracies have come out to claim Israel’s right to defend itself. Entire sections of the media in these countries, and by far the majority, have put themselves at the service of Israeli propaganda. Perhaps the monstruous nature of moral antifascism in its final stages lies in this: it is in the name of the memory of the genocide of the Jews of Europe that the ongoing genocide of the Palestinians in Gaza is justified. It is in the name of the memory of the Shoah that the capitalist West is once again assuming its genocidal face.

The clash in Gaza signifies the end of moral and republican anti-fascism and lays bare the latent fascism of the French state that has never disappeared since 1945.

This is why we need to replace moral anti-fascism with political anti-fascism. Consequently, to fight fascism, we need to define our main enemy: the agent of fascisation. In other words, the modern state and the bourgeois bloc. Fighting the far-right is a vital duty, but concentrating all our efforts on it is a political and strategic error.

I’ve just explained why it’s a political mistake. The state is the main enemy that not only produces the far right but also exploits it for its own ends. And worse than that, the existence of the far right is in fact the State’s good conscience. It allows it to act as a shield against fascism. As the pace of privatisation accelerates, as the institutions of welfare are dismantled one by one and as the space for compromise with the bourgeoisie shrinks, the place of the far right in French politics is changing. Described as an absolute outsider to the acceptable political game, the far right in reality plays a dual role: as a purveyor of fascist ideas, its rise also justifies the introduction of racist and liberticidal measures. By paving the way for it while constantly dissociating itself from it, the moral anti-fascism of the ruling capitalist bloc helps to ensure the spread of its ideas while giving them a subversive veneer.

The far-right’s electoral successes that follow give the various governments the best possible excuse to implement a whole range of the far right’s agenda. Since the 2004 law on the veil up to the recent one on separatism, we have been experiencing a continuing racist and authoritarian acceleration for nearly two decades, focused on accumulation of Islamophobic, anti-crime and anti-terrorist laws. To this we should add repeated dissolutions of antiracist and Muslim organisations, the incorporation of emergency measures into common law, imperialist interventions around the world and the warmongering of those who want to rearm us. All this is obviously fuelled by far-right ideologues, but we would be fooling ourselves to make them the absolute champions of reaction. The Right had no difficulty in passing the law on the veil, which was supported by a large part of the left. It was in the name of the fight against terrorism that the Socialists promulgated the state of Emergency, which resulted in thousands of arbitrary searches in working-class neighbourhoods before having an impact on the social movement. It is the ruling bloc that promotes racism, not the far right, which has never been in power.

But why is focusing the struggle on the far-right a strategic error?

The elites never cease to justify their racist acceleration by invoking the racism that is allegedly rife among the white working classes. It is not certain that it is as simple as that. One way of reducing the importance of this schematism is to note that there is no mass fascist movement in the country despite the racist outpouring in the media and the political class.

Today’s fascists differ from those of the 1930s in that they are currently incapable of investing in and/or competing with the social movement. We are therefore a long way from mass politics and the fear aroused by black shirts or militias capable of committing pogroms and fomenting coups. The mass nature of fascism today has more to do with a form of a passive wave spread through social networks and the influence exerted by ideological apparatuses.

It is therefore important and even essential to separate fascist political organisations and their activists from their voters. While there is no doubt that fascist organisations are radical enemies, the same cannot be said of their voters, who number in the millions. At the last elections, 10 million of them voted for the far right. I said earlier that racism is a joint-production. The bourgeois bloc produces racism, political society produces racism, civil society produces racism because everyone benefits from it. But just because these three bodies are all interested in the racial order it does not mean that each has an equivalent interest in it. For my part, I think that of the three bodies, the bourgeois bloc has the greatest interest in racial division, in particular because it is a counter-revolutionary guarantee, but also because it is the bourgeoisie which draws the greatest benefit from it. Firstly, material profit: racism is the condition for over-exploitation. Non-white workers are more profitable than white workers. Secondly, political profit: the racial divide and the resulting conflict of interests between white and non-white workers prevents any form of proletarian unity. But if it is true that the white working classes benefit from racism, whiteness being a moral as well as a material wage, their interest is lower. But above all, the interest of whiteness can be replaced by the interest of popular unity, the unity of the proletariat and the white and non-white subaltern classes. In short, the bourgeoisie has a total interest in maintaining the racial order, while the white workers have an important but partial interest in it. Confronted to this contradiction the white proletariat is left with two options:

Fascism or revolution.

It is precisely the possibility of this choice that offers a strategic opportunity. White proletarians may have an immediate interest in fascism and racial preference but we know that they have an interest in revolution in the medium and long term because the ruling bloc and the far right will end up betraying them simply because they will never implement a social solution and because they serve the interests of capital. That’s why we urgently need to politicise anti-fascism and convince ourselves that it’s possible. Indeed, the revolt of the Yellow Vests in France, has shown us that this fraction of the French proletariat, despite being very strongly affected by racism, sexism and homophobia, was not dominated by these affects at the time of this incredible insurrection. On the contrary, during their revolt, they named the government and President Macron as their main enemy. What’s more, because they understood who their enemy was, the French police did not hesitate to brutally repress them. They then understood what they had in common with the Blacks and Muslims of France. In short, to put it another way, this experience showed that some French proletarians were not completely prisoners of the racial state. This is a sign of great hope. That’s why, even though we know the extent to which racism structures social relations in France, we also know that this is not inescapable. That’s why we need an anti-fascist strategy aimed at the white working classes, who it would be foolish to abandon at a time when the fascists are going to such lengths to keep them on their side, particularly by fuelling Islamophobic sentiment in the population. Indeed, the bourgeoisie, which has the most acute class consciousness, has no confidence in the loyalty of the white working classes. This is why Islamophobia is an indispensable tool. It allows a lasting separation between the two most important fractions of the French proletariat.

We have to be clear. Good feelings are not going to save us. The white proletariat will not turn to anti-fascism naturally or simply because fascism and racism are forms of false consciousness. They will go where they consider that their interests are being defended. That’s why the radical and decolonial left must take the lead on what is identified by a large part of this proletariat as a problem. I have named the European Union. Let me explain. All the polls since 2005 show that the French popular classes reject Europe. As it happens, it was the left that politicised the no” vote in the 2005 referendum on the European Constitution. What happened? The no vote won. But the most important lesson is that this victory was made possible by left-wing and far-right voters under the leadership of the left. It’s clear that it’s possible to bring back far-right voters to a left-wing programme. This is the kind of dynamic that needs to be put in place.

But that will not be enough to develop hegemony. Before thinking about a program, we need an idea, one that will cement the unity of the popular bloc. I agree with my friends Panagiotis Sotiris and Stathis Kouvelakis that it is important, even crucial, to reinvest the idea of nation, which should not be abandoned to the bourgeois state and the far right.  We must reinvest it in the form of a “national popular” bloc, as Gramsci suggests, or a “people’s nation,” as Poulantzas suggests, who explains that the nation is not simply a product or a need of the bourgeoisie, but also a product of class struggle. It is also because the nation is a popular asset that the white working classes in particular are attached to it. Admittedly, this has a reactionary dimension, but also a progressive one. Ownership of the nation is therefore a question of the balance of power and also a question of class struggle. Throughout French history, the idea of a revolutionary homeland has been part of the revolutionary tradition.

The bourgeois bloc and the far right ended up turning it into a racist and imperialist reference. But the story is not over. The proposal of France Insoumise, of “New France,” is precisely to recover the revolutionary definition of “people nation” by introducing an anti-racist social program. We must encourage this idea, which is currently only reformist, because the full sovereignty of the “new people” of France will only be achieved if the racial pact, which, I repeat, is an organic link with the bourgeoisie, is broken. Withdrawal from Europe is a decisive step towards this break, but a return to the nation-state will not be an end in itself, because we must never lose sight of the need for internationalism. To achieve this, we must continue to build this nation-people by deepening class contradictions and reducing racial divisions. I don’t have time to elaborate here, but it is clear that the nation-people I have in mind is a “new people” in the sense that it will be multicultural, multiconfessional, and internationalist. For me, there is no contradiction between being a nation-people and internationalism. As everyone knows, there is nation in the word internationalism.

So the real question is: what kind of people are we talking about? I am not naive, and I know that in our context, the possibility of fascism is more than likely because the peoples of Europe are being won over by fascism. I also know that the concepts of people and nation are fictitious. That in a way, they do not exist. But it is precisely because they are human inventions that utopia is possible. It is therefore up to us to invent these new peoples, otherwise what is the point of politics?

 

Houria Bouteldja

Zohran Mamdani ou la percée indigène au cœur de l’Empire

Une victoire improbable dans le ventre de la bête

Inconnu il y a encore un an, Zohran Mamdani vient de réussir ce qu’aucun observateur n’aurait jugé possible : conquérir la mairie de New York, ville-monde par excellence et bastion historique du capitalisme américain. Dans un système politique où seules les candidatures « bankables » — adoubées par les donateurs milliardaires et les lobbies — ont droit de cité, la percée de Mamdani relève du séisme.

Son secret ? Une campagne bâtie par le bas, financée exclusivement par de petits dons individuels — un record historique, autant en nombre de contributeurs qu’en montant total levé — et portée par une mobilisation populaire sans précédent. Quartiers après quartiers, une armée de volontaires a sillonné la ville, frappant à chaque porte, discutant, convainquant. À la clé : une victoire écrasante, avec près de 50 % des suffrages, malgré une campagne de dénigrement orchestrée par les grands médias, les puissances de l’argent, ses adversaires démocrates et républicains, et jusqu’à Donald Trump lui-même, multipliant les attaques et les menaces contre lui et les New-Yorkais.

Le retour du peuple sur la scène politique

Mamdani comble un vide béant. Les classes laborieuses, moyennes et populaires — blanches et racisées, indigènes et immigrées — se sont depuis longtemps détournées d’un système politique vidé de sens. Dégoûtées par l’élite démocrate et ses guerres impérialistes, par les compromissions du parti avec la bourgeoisie capitaliste, et par son silence complice dans le génocide palestinien, elles s’étaient massivement abstenues lors de la présidentielle de 2024.
Mais cette victoire prouve qu’elles n’attendaient qu’une raison d’y croire à nouveau, à condition qu’on leur propose autre chose qu’un énième visage du statu quo.

Rompre avec le « tokenisme »

Et cette alternative, Mamdani l’incarne. Musulman, appartenant à la “socialiste” du parti démocrate, critique du capitalisme, assumant ouvertement son statut d’immigré récemment naturalisé américain, il a refusé de jouer le rôle de « token », ce personnage racisé que le pouvoir exhibe pour se donner bonne conscience. Il rompt ainsi avec la lignée d’élites noires et racisées cooptées par le système pour servir le capital et l’Empire, chez les Républicains comme chez les Démocrates — de Condoleezza Rice à Barack Obama, en passant par Colin Powell et la dernière en date, Kamala Harris, battue à plate couture par Donald Trump à la présidentielle de 2024.


Mamdani, lui, s’assume sans complexe et ne trahit pas les siens. Il revendique son statut d’immigré indigène naturalisé, qu’il partage avec des millions d’autres habitants de New York, et assume la confrontation avec un pouvoir fédéral raciste à l’heure où la traque des “sans papiers” dans les rues du pays atteint des niveaux de violence inouïs. A n’en pas douter, Mamdani incarne une nouvelle figure politique : celle du sujet post-colonial qui ne demande plus la permission d’exister.

Une rupture programmatique dans le cœur du capitalisme

Son projet politique tranche radicalement avec le consensus néolibéral. Dans un pays où le mot « collectif » est presque suspect, ses propositions — crèches municipales gratuites, surtaxation des riches, transports publics gratuits — relèvent d’un véritable crime de lèse-majesté.
Dans le New York de Wall Street, au cœur du système financier mondial, cette plateforme collectiviste a fait l’effet d’une gifle. Ses adversaires, le démocrate Andrew Cuomo (battu à la primaire mais quand même candidat : une leçon instructive pour les fétichistes français de ce sinistre dispositif) et le républicain Curtis Sliwa, ont incarné la résistance acharnée des élites à toute remise en cause de leurs privilèges.

Le tournant palestinien

Mais c’est sur le terrain de la Palestine que Mamdani a véritablement fait exploser le cadre. En plein génocide gazaoui, alors que chaque candidat se voyait sommé de prêter allégeance à Israël, Mamdani a refusé de plier. Lors d’un débat télévisé sur NBC, le 6 juin 2025, à la question du premier déplacement international qu’il effectuerait, il a répondu sobrement :

« Je ne quitterai pas New York. Ma priorité, c’est de répondre aux besoins des New-Yorkais. »

Ce refus de courber l’échine a marqué un point de non-retour. Mamdani a ensuite assumé pleinement ses positions anti-impérialistes, allant jusqu’à promettre d’arrêter Netanyahou s’il devait poser le pied sur le sol new-yorkais.
S’en est suivie une vague de haine raciste et islamophobe : accusations d’antisémitisme, injonctions à condamner le Hamas, insinuations incessantes de complicité avec le djihadisme mondial. Mais il a tenu bon — avec calme, dignité, et humour.

L’amour révolutionnaire comme programme

Dans un contexte mondial saturé de haine raciale, islamophobe et coloniale, le simple fait pour Mamdani d’aimer ce qu’il est, d’aimer ses parents étrangers, de parler l’arabe, de soutenir la Palestine, relève déjà d’un acte révolutionnaire.
Son sourire et sa joie contagieuse rappellent que le véritable moteur de toute révolution, c’est l’amour : l’amour des peuples, l’amour des opprimés, l’amour de la vie.

Leçon d’histoire

New York, ville traumatisée par le 11 septembre, épicentre et point de départ de la « guerre des civilisations » ayant amené à la destruction de larges pans du monde arabo-musulman, élit aujourd’hui un maire incarnant le tant décrié islamo-gauchisme. Ce camouflet infligé à l’internationale fasciste est un événement historique dont on ne peut que se réjouir.

Reste à savoir si Mamdani sera à la hauteur de ses ambitieuses promesses et saura résister aux tentatives d’appropriation déjà à l’œuvre du côté de Sanders ou d’Ocasio-Cortez, figures “socialistes” largement disqualifiées par leur complaisance avec le sionisme et, dans le cas de d’AOC, par sa mue en professionnelle de la politique, tristement centriste. Mamdani reste membre du Parti Démocrate, une redoutable machine de guerre impérialiste dirigée par les pires néoconservateurs (Chuck Schumer, Anthony Blinken, Jake Sullivan, Lloyd Austin, tous proches d’Israël et partisans de l’interventionnisme “humanitaire”) qui ne tolèrent la “rupture” qu’à condition qu’elle reste décorative.

L’habitude des déceptions et des défaites impose la distance critique et la circonspection. Certaines des figures qui gravitent autour de Mamdani, représentantes typiques de cette bourgeoisie libérale spécialisée dans la transformation de tout potentiel subversif en bouillie radical chic inoffensive, ne peuvent qu’inspirer la méfiance. En témoigne par exemple le soutien qui lui a été apporté par le “philanthrope progressiste” Alexander Soros, celui-là même qui avait soutenu activement la sinistre Hillary Clinton il y a moins d’une décennie dans la course à la Maison Blanche.

Et la suspicion est d’autant plus justifiée que certaines inflexions dans le discours de Mamdani, en particulier sur la question policière, ne manquent pas d’inquiéter ses soutiens de la première heure. En 2020, à la suite de meurtre de George Floyd par la police dans le Minnesota, il s’était distingué par un discours très radical, aligné sur celui du mouvement “Defund the police” revendiquant de redéfinir en profondeur la manière dont la sécurité publique est conçue aux Etats-Unis. Il avait aussi mis le doigt sur un sujet sensible, à savoir l’étroite collaboration entre la police new-yorkaise et l’armée israélienne, documentée mais peu connue, avec cette phrase choc : « Lorsque la botte de la police de New York vous serre le cou, c’est sous l’influence de l’armée israélienne ». 

Aujourd’hui, il exprime publiquement son souhait de ne pas se séparer de Jessica Tisch, actuelle commissaire de la New York City Police Department, tenante d’une ligne sécuritaire dure alors même qu’elle est l’architecte d’un des dispositifs de surveillance municipaux les plus étendus et technologiquement intégrés au monde, le Domain Awareness System.

Par ailleurs, au-delà de la nécessaire prudence à l’endroit de Mamdani, le fait est que le rapport de force dans lequel vont l’attirer la Maison Blanche et l’Etat de New York va être déséquilibré et le forcer à des compromis. Donald Trump a déjà annoncé vouloir couper les financement fédéraux à Mamdani, tandis que l’État de New York, incarné par la gouverneure Kathy Hochul, s’oppose à son plan de surtaxation des foyer les plus aisés et a les moyens institutionnels de le faire tomber à l’eau.

Toutefois, en dépit de toutes ces salutaires précautions, une chose est sûre : l’élection de Mamdani marque le retour du possible. Elle prouve que même au cœur de l’Empire, l’étincelle du communisme décolonial peut encore jaillir.

Et peut-être faut-il y voir plus qu’un symbole américain. Car cette flamme est née depuis les marges, depuis les populations indigènes, immigrées, qui redéfinissent l’universel à partir de leur propre expérience d’oppression et de résistance. C’est probablement de ces territoires de lutte — de ces périphéries décoloniales — que surgira demain la proposition politique radicale et enthousiasmante capable de réconcilier les classes populaires avec la politique.

 

Enseignements hexagonaux

En France, les leçons à tirer de l’élection de Mamdani ne manquent pas. La principale est sans doute la suivante : le salut politique du camp “progressiste”, et la conjuration de la barbarie qui vient, viendront aussi des franges indigènes de la population — en mesure d’insuffler une dynamique authentiquement révolutionnaire dans le camp populaire, pour une raison très simple : il en va de leur survie et de celle des leurs, ici et dans le Sud global.

Et pendant que des figures du PS et des Verts — Tondelier, Faure, macronistes qui s’ignorent — saluent avec componction la victoire de Mamdani, elles oublient qu’elles démoliraient sans hésiter un candidat de son acabit s’il avait l’outrecuidance de se présenter à la mairie d’une grande ville française. Imaginons une seule seconde leur réaction si un candidat musulman à la mairie de Paris assumait vouloir arrêter Netanyahou* en cas de visite officielle… Le réflexe d’exclusion, de suspicion et de diabolisation serait immédiat, révélant à quel point cette gauche-là est restée prisonnière de l’ordre impérial qu’elle prétend combattre.

Que ce soit directement à travers des figures issues de ces mondes, comme Mamdani, ou en transformant en profondeur des organisations blanches de rupture, comme la France Insoumise, les populations indigènes ont assurément un rôle à jouer dans le renouveau des ambitions transformatrices du camp émancipateur. L’association entre cette proposition politique et un mouvement social français particulièrement combatif — des Gilets jaunes au mouvement contre la réforme des retraites — est la seule capable de faire naître une dynamique qui érigerait le camp populaire en bloc hégémonique, et donc de changer le cours de l’Histoire.

 

*Cette promesse est sujette à caution, dans la mesure où les Etats-Unis ne sont pas membres de la Cour Pénale Internationale et l’arrestation d’un chef de gouvernement étranger relèverait de toute façon des prérogatives de l’Etat fédéral.

 

Yazid Arifi (membre de Parole d’honneur)

L’État parasite et la Palestine : une écologie de la colonisation

Les 2 ans du génocide des Palestiniens et de leur lutte révolutionnaire n’ont pas été sans conséquence. Israël a en effet pratiqué la politique du tapis de bombes, ravageant chaque coin de la bande de Gaza. Cette stratégie n’est pas une nouveauté impérialiste. Les États-Unis ont pratiqué cette politique en Corée du Nord lors de la guerre de Corée (1950-1953) ou avec l’épandage de plus de 80 millions de litres de pesticides lors de la guerre du Vietnam (1955-1975). Dans les 3 cas, il s’agit pour l’armée impérialiste de transformer l’environnement en une arme mortelle à court et long terme pour ses habitants : par exemple en détruisant les terres et provoquant des éboulements pour atteindre les tunnels. Le KKL (Keren Kayemeth LeIsrael) est une organisation sioniste fondée en 1901 pour coloniser la Palestine via l’achat des terres. C’est le KKL qui a fondé l’Etat d’Israël. Aujourd’hui, Israël au travers le KKL prétend lutter pour la reforestation, la gestion de l’eau, la préservation de l’environnement et l’éducation écologique. Dans les faits, Israël utilise la politique de la terre brulée de manière systématique depuis sa création avec la Nakba de 1948, en Syrie en 1967, au Liban entre 1978 et 2000, jusqu’à la bande de Gaza aujourd’hui/[1].

Surfaces brûlées et/ou détruites en fonction des années. © Philippe Pernot / Reporterre

 

Dans le cas de la Palestine, le sionisme est face à une contradiction. Il doit à la fois génocider, dont la destruction des terres est un des modes opératoires, développer son économie et coloniser les terres à terme, et donc préserver à minima l’environnement pour les colons. Pour résoudre cette contradiction, Israël investit énormément dans les technologies de l’environnement, entre autres avec des dispositifs, comme l’ARO (Agricultur Research Organisation) et le centre Weizmann qui est dans le TOP 10 des universités de biotechnologie, selon le classement Leiden[2]. Afin de comprendre comment Israël mène une guerre pour la terre depuis 2 ans, il faut se pencher sur plusieurs fronts écologiques[3]. Israël ne mène évidemment pas un front l’un après l’autre, mais s’aide des avancées sur l’un pour amplifier les attaques sur l’autre. Par exemple l’eau pillée au Liban permet de maintenir une agriculture hautement technologisée et donc d’offrir des débouchés à son industrie de l’armement, malgré les déperditions d’eau parmi les plus importantes de la planète[4]. Cette guerre s’organise autour d’un système social et technique, qui organise les éléments au service de la puissance conquérante, mais aussi au travers l’idéologie avec par exemple la doctrine Dahiya *: c’est-à-dire un usage disproportionné du feu, d’énergie et de matière afin de maintenir la colonie sur pieds contre le monde arabe. Cette doctrine doit être comprise comme le mode d’existence d’Israël non seulement dans sa manière de faire la guerre, mais aussi d’exister en tant qu’entité « vivante ». De fait son fonctionnement écologique a tout de celui d’un parasite greffé sur le monde arabe. Pour comprendre ce parasitisme, il faudra examiner successivement la question agricole, la gestion et le pillage de l’eau, la pollution et la destruction de l’environnement, puis analyser son fonctionnement énergétique ainsi que les technologies militaires et idéologiques qui en forment l’ossature.

  1. La question agricole

La Palestine a un climat méditerranéen, c’est-à-dire de faible précipitations, plutôt chaud et sec l’été, doux et humide l’hiver. Historiquement les systèmes agraires reposaient sur une activité extensive : transhumance et forêt agronomique, principalement des oliviers et des figuiers, épars, mais aussi la culture de céréales. Ce type de système agricole existe encore dans le sud du Maroc ou de l’Algérie. Il a l’avantage de limiter la dépendance à l’eau, la transhumance permet aux animaux de concentrer sur de grandes surfaces faiblement végétalisées la calorie et la restiuer sous forme de viande. Cette agriculture est incompatible avec l’agriculture moderne dont Israël veut être une vitrine : la colonie est fréquemment citée comme exemple lors des communications d’agronomie. Les zones palestiniennes subissent les mêmes pressions sur la biodiversité florale que d’autres régions (désertification, changement climatique, urbanisation, croissance démographique rapide, développement industriel, etc.), mais elles font face à des menaces supplémentaires, telles que les activités coloniales israéliennes locales (construction d’infrastructures, colonies de peuplement, déplacements de population). Une métanalyse de 2021[5] tire la sonnette d’alarme après avoir identifié 600 espèces préoccupantes en Cisjordanie occupée, dont 187 sont en danger, 171 très rares, 238 rares (présente sur 11 à 30 sites), et 4 déjà éteintes dans cette zone. Pour les auteurs Banan Al-Sheikh et Mazin B Qumsiyeh « Les plantes constituent ainsi un signal d’alarme fort d’un environnement en dégradation nécessitant une libération ». Dans le même temps, la colonisation passe par les semences, elles nécessitent non seulement des brevets, mais toute une infrastructure en eau et pesticides pour qu’elles fonctionnent, ce que n’ont pas la majorité des agriculteurs palestiniens. Le problème c’est que ces semences spécialisées sont cultivées de manière intensive et pollinisent davantage que les variétés paysannes. Au contact de ces pollens se forment des hybrides pas adaptés aux systèmes agricoles palestiniens qui réduisent leurs rendements l’année suivante. Face à cela, les Palestiniens essayent de s’organisent à travers la création d’une banque de semences en Cisjordanie afin de conserver des variétés agricoles adaptées à leurs pratiques. Cependant la banque fut attaquée et détruite en juillet 2025 par les « forces de sécurité » sionistes[6]. Selon l’ONU, 86% des zones agricoles de Gaza ont été détruites après 2 ans de génocide et seul 1,5% sont en état d’être cultivées[7]. Gaza est passé d’un système très relativement suffisant à la famine. Dans le même temps, 83% des végétaux ont été détruits. Derrière la question agricole se cache bien souvent la question de l’eau.

  1. La question de l’eau

En 2017, Israël a rejeté quelques 19 millions de m3 pollués en Cisjordanie. La colonie a consommé 690 millions de m3 d’eau souterraine en 2024[8]. Alors que la capacité de recharge d’approvisionnement et de recharges des nappes d’eau de toute la Palestine ; bande gaza, 1948, et Cisjordanie est de 455 millions m2 / an à la fin des années 1990 selon Israël[9]. Elle a certainement baissé depuis avec le changement climatique. C’est-à-dire qu’Israël pompe au moins 35% plus que ce que peut lui offrir la terre de toute la Palestine et vide les nappes avant qu’elles n’aient pu se recharger. Israël est connu pour voler non seulement l’eau de la mer et celle du Jourdain, mais aussi celle des pays frontaliers. Le Liban a accusé devant l’ONU la colonie d’avoir installé un pipeline pour pomper les eaux de la rivière Wazzani affluent du fleuve Hasbani[10]. À Gaza Israël a visé les stations d’épurations, environ 83% d’entre elles sont touchées. Les Palestiniens doivent se contenter d’une eau de plus en plus polluée quand les canalisations n’ont pas été touchées. Mais c’est aussi le littoral qui est affecté, les eaux usées qui ruissèlent de Gaza finissent en mer et, sans traitement, elle menace les bancs de poissons et donc la pêche dans les prochaines années. La pollution est une arme que Israël use à son avantage.

 

  1. La question de la pollution

À Tulkarem, les Palestiniens meurent 5 fois plus du cancer que d’autres concitoyens. La principale raison est le site industriel sioniste Geshuri en activité depuis 1982. Une entreprise de chimie qui fabrique pesticide, gaz, peinture, etc. Geshuri est elle-même entourée d’autres entreprises. L’entreprise coloniale rejette sans traitement ses déchets dans les eaux de la Palestine et ses fumées ruinent les cultures alentour. Geshuri était initialement à Umm Khalid en Palestine occupée de 1948, elle fut déplacée à Tulkarem en Cisjordanie à la suite des plaintes de colons. Elle est une des 60 zones industrielles coloniales en Cisjordanie. Les lois environnementales d’Israël ne s’y appliquent pas[11]. C’est une forme de guerre coloniale par l’environnement avec le rejet des pollutions qui affaiblissent les corps palestiniens. Après la guerre avec la Jordanie, Israël devait, selon l’accord de paix, assurer un certain débit d’eau au Royaume. Israël ne l’a jamais respecté[12]. Aujourd’hui il demande de l’eau à la Jordanie contre de l’énergie solaire. Comme d’autres pays du Sud, l’extraction des ressources que subissent les Palestiniens ne leur permet pas de développer leur économie de première main, ils doivent se contenter des subsides de l’économie coloniale, c’est-à-dire les déchets pour trouver des ressources. Si bien qu’en Cisjordanie, la déchetterie Beit Awwa n’en finit plus de brûler du matériel électronique qui empoisonne les habitants, mais dont l’activité est une source de revenus pour beaucoup d’entre eux, faisant exploser le nombre de cancers[13]. Un autre problème de taille que constitue la destruction de Gaza est que 90% des bâtiments ont été rasés. Ils forment d’énormes montagnes de déblai, mais aussi une source importante de poussière qui, même après la fin de la guerre, va continuer à empoisonner la vie des Gazaouis, provocants, notamment des infections pulmonaires et d’autres maladies cancérigènes. Se déchainement sur Gaza n’aurait jamais été sans possible sans un déploiement d’énergie fossile, mais aussi musculaire.

  1. La question de l’énergie

En 2023, Israël a importé pour environ 3,23 milliards de dollars de pétrole brut et se classe parmi les 40 plus gros importateurs du monde pour moins de 8 millions d’habitants[14]. En 2025, la consommation civile aurait chuté de 4% par rapport à 2023. Si la consommation en 2024 a diminué à environ 78 millions de barils, les dépenses totales en pétrole brut pour cette année pourraient être estimées à environ 5,5 milliards de dollars, en fonction des fluctuations des prix mondiaux. L’approvisionnement au Kurdistan irakien a cessé à partir d’avril 2023, rapidement remplacé par le pétrole gabonais et kazakh. Depuis 2020 les diesels font partie de l’aide militaire américaine à Israël. Le pétrole gabonais est exploité par une filiale de Total et Shell[15]. Ce que disent ces approvisionnements, c’est que Israël ne pourrait pas maintenir ses activités génocidaires sans la complicité active de la France, des USA et l’Angleterre. Cependant, l’énergie ne se limite pas au seul pétrole. La bande de Gaza dispose également d’un gisement de gaz offshore. Malgré l’opposition du Hamas, qui administre le territoire, l’Autorité palestinienne (AP) avait donné son accord à Israël pour en exploiter les ressources, avant de se tourner vers la Russie en janvier 2014. La même année, des perspectives d’exploitation pétrolière autour de Ramallah, en Cisjordanie, semblaient de plus en plus plausibles, notamment dans le contexte d’un éventuel gouvernement dit « d’unité nationale ». Dix jours plus tard, le 12 juin, trois jeunes colons sont enlevés. Leur décès, découvert le 30 juin, déclenche l’opération militaire « Barrière protectrice ». Mais la succession rapide des faits et le timing parfait de cette tragédie laissent planer un doute sur la version officielle. Cette énergie n’est pas seulement du gaz, mais aussi des bras. Israël s’est affaibli d’abord par la mobilisation de 300 000 travailleurs sionistes. Les travailleurs étrangers ainsi que le contrôle encore plus renforcé sur les travailleurs palestiniens depuis le 7 octobre a réduit la main-d’œuvre disponible et fait augmenter les salaires, ce qui n’est pas du goût des capitalistes en général. Ce génocide crée des tensions à l’intérieur du système sioniste. Israël n’aurait sans doute pas pu mener ce génocide sans l’appui de l’automatisation d’une partie de ses activités et sans la force idéologique du sionisme — une idéologie suicidaire qui, en fragilisant son économie ainsi que les conditions mêmes de sa reproduction, qu’il s’agisse de la main-d’œuvre ou de l’environnement de la Palestine, menace sa propre survie. Le parasite en tuant l’hôte risque de mourir.

  1. La question technologique est idéologique

En 2021 sort le livre « Human-Machine Team : How to Create Synergy Between Human and Artificial intelligence That Will Revolutionize Our Word” écrit sous la plume du Brigadier General Y.S. Il s’avère que l’auteur est le commandant de l’unité 8200 spécialisée dans les renseignements. Le livre parle du traitement informatique et l’automatisation de l’identification des cibles. Ce travail nécessité du temps que l’IA permet de gagner. Depuis 2021 Israël a développé une IA nommée Lavender. Selon 972 mag (journal sioniste) et plusieurs officiers de l’armée coloniale, les décisions de Lavender furent traitées comme des décisions humaines avec un filtre humain qui prenait en moyenne moins de 20s pour confirmer la cible. Le ciblage systématique des domiciles est selon 972 mag une conséquence de l’IA[16]. Il serait plus facile d’atteindre les Palestiniens chez eux la nuit et donc leurs familles. Ce que permet vraiment Lavender est de déresponsabiliser davantage les agents sionistes de la mise à mort collective des Palestiniens et Libanais, sans compter leurs familles afin d’industrialiser les exécutions. D’autres raisons plus pécuniaires rentrent en jeu, la systématisation des bombardements avec des bombes de faible précision, alors que Israël a les moyens technologiques d’éviter ce que les occidentaux appels des « dégâts collatéraux », est dû au fait que les bombes de précisions coûtent davantage que les conventionnelles, tuer des palestiniens devient presque rentable et une obligation envers le contribuable sioniste.

Le mouvement écologiste sioniste à l’image de la société coloniale, semble profondément anti-palestinien. Une lettre de plus de 100 représentants de l’écologie coloniale avait dénoncé les prises de position de Greta Thunberg en octobre 2023[17]. Quelques militants écologistes soutiennent les Palestiniens, mais il est difficile de les quantifier et leur importance politique semble anecdotique. Les Palestiniens ne peuvent compter décidément que sur eux-mêmes et la solidarité internationale.

Conclusion

La guerre menée depuis deux ans ne peut se réduire à des affrontements militaires : elle se déploie comme une guerre pour la terre, l’eau, les semences, l’énergie et la mémoire qui existe depuis la nakba de 1948. La stratégie de « terre brûlée » décrite ici n’est pas seulement destructrice à court terme ; elle vise aussi à priver les populations de leurs conditions de reproduction sociale et écologique, transformant l’environnement en arme et rendant la survie quotidienne toujours plus précaire. Cette logique instrumentale de la nature comme ressource à piller et à anéantir révèle une continuité historique de pratiques impérialistes, mais prend dans ce théâtre un caractère d’autant plus délétère qu’il met en tension la « nécessité » coloniale d’exploiter les terres et, simultanément, de les préserver pour en tirer profit plus tard.

Cette contradiction fondamentale — détruire pour dominer, préserver pour exploiter — explique l’investissement massif dans des technologies et des dispositifs institutionnels qui prétendent compenser la violence environnementale tout en la rendant possible (recherche agronomique, biotech, systèmes hydrauliques, automatisation militaire). Elle révèle aussi la dimension sociotechnique du projet colonial : une alliance entre doctrines militaire, industries énergétiques et agro‑industrielles, et complicités internationales qui rendent la catastrophe systémique et durable. Les conséquences humaines (faim, maladies, déplacement des populations, génocide) sont intimement liées aux atteintes écologiques (perte de biodiversité, nappes vidées, sols et semences détruits) — et la reconstruction ne saurait se résumer à la réparation d’infrastructures si les conditions écologiques et sociales de reproduction ne sont pas rétablies. La Palestine, même meurtrie soignera ses blessures et ça restera une victoire.

 

Hicham Mouaniss

 

[1] Reporterre, ‘Comment Israël manie la stratégie de la terre brûlée’, Reporterre, le média de l’écologie – Indépendant et en accès libre, 9 October 2025 <https://reporterre.net/Comment-Israel-manie-la-strategie-de-la-terre-brulee> [accessed 9 October 2025].

[2] https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/diplomatie-scientifique-et-universitaire/veille-scientifique-et-technologique/israel/article/reconnaissance-mondiale-de-l-institut-weizmann-pour-sa-performance-scientifique/

[3] Sylvain Guyot and Frédéric Richard, ‘Les fronts écologiques – Une clef de lecture socio-territoriale des enjeux environnementaux ?’, L’Espace Politique. Revue en ligne de géographie politique et de géopolitique, no. 9 (January 2010), doi:10.4000/espacepolitique.1422.

[4] Plus une agriculture perd de l’eau plus son efficacité énergétique est basse et peu pérenne. Ce type d’agriculture n’optimise le rapport énergie investie/énergie retirée  repose sur d’autres logiques que les questions agronomiques : financière, idéologique, etc.

[5] Banan Al-Sheikh and Mazin B. Qumsiyeh, ‘Imperiled Ecosystems in Palestine: Rare Plants as Indicators’, Dominic DiPaolo & John Villella Imperiled: The Encyclopedia of Conservation”, Reference Module in Earth Systems and Environmental Sciences, Elsevier, 2021, pp. 1–7.

[6] Reporterre, ‘Israël attaque une banque de semences paysannes en Cisjordanie occupée’, Reporterre, le média de l’écologie – Indépendant et en accès libre, 2 August 2025 <https://reporterre.net/Israel-attaque-une-banque-de-semences-paysannes-en-Cisjordanie-occupee> [accessed 9 October 2025].

[7] ‘Just 1.5 per Cent of Gaza’s Agricultural Land Remains Accessible and Undamaged | UN News’, 6 August 2025 <https://news.un.org/en/story/2025/08/1165587> [accessed 9 October 2025].

[8] Erez Cohen, ‘The Israeli Water Policy and Its Challenges During Times of Emergency’, Water, 16.20 (2024), p. 2995, doi:10.3390/w16202995.

[9] Israel Academy of Sciences and Humanities and others, ‘The Study Area and Patterns of Water Use’, in Water for the Future: The West Bank and Gaza Strip, Israel, and Jordan (National Academies Press (US), 1999) <https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK230245/> [accessed 9 October 2025].

[10] Xinhua, Lebanon’s Border Communities Grapple with Water Crisis amid Israeli Destruction of Pumping Projects – Dailynewsegypt, 25 February 2024 <https://www.dailynewsegypt.com/2024/02/25/lebanons-border-communities-grapple-with-water-crisis-amid-israeli-destruction-of-pumping-projects/> [accessed 9 October 2025].

[11] https://reporterre.net/Comment-Israel-a-delocalise-ses-activites-polluantes-en-Palestine

[12] ‘ANALYSIS: Israel’s Most Powerful Tool in Persuading Jordan: “Water Problem”’, n.d. <https://www.aa.com.tr/en/analysis/analysis-israel-s-most-powerful-tool-in-persuading-jordan-water-problem-/2267024> [accessed 9 October 2025].

[13] Reporterre, ‘Frigos et ordinateurs cassés : ces déchets qui empoisonnent la Cisjordanie’, Reporterre, le média de l’écologie – Indépendant et en accès libre, 27 February 2024 <https://reporterre.net/Frigos-et-ordinateurs-casses-ces-dechets-qui-empoisonnent-la-Cisjordanie> [accessed 9 October 2025].

[14] ‘Crude Petroleum in Israel Trade’, The Observatory of Economic Complexity, n.d. <https://oec.world/en/profile/bilateral-product/crude-petroleum/reporter/isr> [accessed 9 October 2025].

[15] ‘Israeli Crude and Fuel Supply Chains’, n.d. <https://docs.datadesk.eco/public/976ce7dcf00743dc/> [accessed 9 October 2025].

[16] https://www.972mag.com/lavender-ai-israeli-army-gaza/

[17] ‘100 Environmental Activists in Israel to Greta Thunberg after Gaza Posts: “Appallingly One-Sided, Ill-Informed”’, The Times of Israel, 22 October 2023 <https://www.timesofisrael.com/liveblog_entry/100-environmental-activists-in-israel-to-greta-thunberg-after-gaza-posts-appallingly-one-sided-ill-informed/> [accessed 9 October 2025].

Le jeune Walter Benjamin et la question du sionisme

Ce texte tente d’appréhender, à travers ses échanges avec Gershom Scholem et les prémices de sa conversion marxiste de 1924 (à laquelle une certaine bolchévique lettone ne sera pas étrangère), un devenir antisioniste du jeune Walter Benjamin. Si son projet d’une installation en Palestine fut bien réel, non seulement rien ne permet de parier sur une potentielle adhésion de ce dernier au sionisme, mais nous verrons, au regard de ses exigences à la fois méthodologiques et éthiques, qu’il ne pouvait que nourrir un scepticisme grandissant à l’égard du nationalisme juif, quand bien même celui-ci aurait intégré des éléments dits utopiques1.

En 1915, lorsque Scholem et Benjamin se rencontrent2, ce dernier a déjà rompu avec le Mouvement de jeunesse, coupable, à ses yeux, d’avoir vendu ses idéaux au nationalisme allemand en justifiant et encourageant la Grande Guerre. Quant à Scholem, il est engagé depuis peu sur la voie de ce qu’il nomme lui-même « sionisme radical » afin d’affirmer une démarcation, non seulement vis-à-vis du bellicisme de nombreux sionistes, mais également vis-à-vis de l’intégrationnisme auquel ont succombé de nombreux juifs de la petite et grande bourgeoisie allemande.

Si le désengagement de Benjamin semble le livrer à une ambition relativement ordinaire parmi les enfants de la bourgeoisie juive intégrée, celle de faire œuvre de pensée et d’écriture, l’intérêt de Scholem pour l’étude talmudique et son apprentissage de l’hébreu revêtiraient, selon ses propres mots, un caractère plus « exceptionnel3 ». Notons que ce dernier se dit également proche du « socialisme » de son temps. Ce qui pourrait laisser supposer que Scholem réalise en les synthétisant les deux voies de rupture de la petite et grande bourgeoisie juive assimilée.

En vérité, s’il fréquente et lit de nombreux sociaux-démocrates ou communistes, ses affinités théoriques et politiques le rapprochent surtout de penseurs et de militants anarchistes. Dans la catégorie de « socialisme », il faut entendre dans la bouche ou sous la plume de Scholem tout ce qui s’apparente à une critique de la bourgeoisie occidentale et de la modernité capitaliste. Mais c’est l’expression d’anarcho-nihiliste qui définit sans doute le mieux sa pensée et son engagement politique — une expression qui caractérise également le positionnement idéologique de Benjamin, même tardif, lorsque celui-ci maintient sa loyauté à un certain esprit de leur jeunesse.

Il faut donc commencer par insister sur le fait que le jeune Scholem n’était pas réellement socialiste, et, s’il a pu rejoindre des sociaux-démocrates (sa minorité non belliciste) et des communistes sur des positions anti-guerre, que c’est bien depuis l’anarchie et la critique radicale de l’État qu’il pense et agit. Soulignons également son refus, contrairement à Benjamin4, d’identifier dans l’histoire un « élément objectif connaissable5 » — désamorçant ainsi toute possibilité de se rallier à une conception matérialiste de l’histoire.

On pourrait alors penser, en raison précisément de cette inspiration anarchiste, que son sionisme singulier ne saurait déboucher sur la volonté d’établissement d’un « État juif » en Palestine. Nous verrons qu’il n’en est rien. S’il est vrai, comme de nombreux « socialistes » juifs d’inspiration libertaire, qu’il s’intéresse surtout à une forme de sionisme dite utopique, celle-ci partage bien, avec des formes de saint-simonisme du siècle précédent, la tragique négation de la réalité autochtone et un déni du fait colonial.

Mais il serait paresseux de ranger unilatéralement Scholem dans le courant du sionisme utopique. À vrai dire — et quand il évoque l’« exceptionnalité » de son sionisme il s’agit surtout de cela —, celui-ci conçoit son engagement comme essentiellement religieux et apolitique, ayant pour finalité ultime de se rendre à Jérusalem afin d’y étudier le judaïsme au sein d’une université juive qui, en 1915, n’est encore qu’un projet (la première pierre en sera posée en 1918 et son inauguration n’interviendra qu’en 1925). Mais peut-on dissocier à ce point le sionisme strictement religieux et anarchique de Scholem d’un sionisme plus directement politique ? Mieux : peut-on admettre la légitimité d’un sionisme aux prétentions non hégémoniques dans le cadre d’un mouvement sioniste plus général ayant une ambition explicitement coloniale ?

Par ailleurs, Scholem, en faisant régulièrement allusion aux milieux sionistes, comme si ces derniers étaient particulièrement étendus au sein de la communauté juive allemande, nous semble commettre une falsification de la réalité juive de son temps. En effet, tous les spécialistes de la question estiment que le sionisme, dont l’origine est chrétienne et anglo-saxonne, fut très majoritairement rejeté par les Juifs allemands, comme il le fut par les Juifs anglais ou français, et ce en raison du fait que les Juifs luttant pour leur droit en Europe ne nourrissaient généralement aucune aspiration à s’installer sur une terre qui n’était pas la leur.

Pour revenir à Benjamin, avec lequel il discutera souvent, bien que de façon assez vague, du sionisme, Scholem ne cesse de lui prêter des convictions sionistes à l’endroit de simples curiosités ou d’intérêts sincères pour le judaïsme. Ainsi, dès 1913, lors d’un rassemblement regroupant des membres du Mouvement de jeunesse dont Benjamin est un des principaux représentants et de jeunes sionistes du groupe « Jung-Juda » auquel il appartient lui-même : « … le débat devait porter sur notre attitude vis-à-vis de l’héritage à la fois juif et allemand. Chacune des deux parties était représentée par deux ou trois orateurs. Du côté des disciples de Wyneken, l’orateur principal était Walter Benjamin, dont on disait qu’il était le plus doué d’entre eux sur le plan intellectuel. Il fit un exposé assez tortueux, ne rejetant pas le sionisme a priori, mais l’évacuant en quelque sorte ; à vrai dire, j’ai oublié la teneur précise et les détails de son discours6. »

Il est regrettable que sa mémoire fasse ici défaut. Scholem revendique dans son « Avant-propos » l’honnêteté et même la relative objectivité de son témoignage. Précisons quand même qu’en 1975, lorsqu’il publie ce témoignage de son amitié avec Benjamin, cela fait maintenant de nombreuses décennies, non seulement qu’il est engagé en tant que sioniste, mais qu’il est installé en Palestine sous occupation coloniale israélienne. Et si ce dernier n’approuve pas la droite nationaliste qui s’apprête à prendre le pouvoir, il adhère désormais pleinement à l’établissement de fait d’un « État juif » en Palestine.

Pour revenir à l’époque de leur rencontre, et c’est le principal motif de sa rupture avec Wyneken et le Mouvement de jeunesse, Benjamin ne cesse de marteler sa répulsion à l’égard de toute forme de nationalisme. Il est donc peu probable, sachant que le sionisme repose, y compris sous sa forme intellectuelle et sophistiquée, sur un nationalisme juif, qu’il puisse constituer à ses yeux un antidote au nationalisme allemand. Quant à savoir ce que fut chez lui la part de curiosité intellectuelle ou de rejet politique, l’acrobatie rhétorique de Scholem à ce propos nous semble avoir valeur, non de confusion fugace, mais, au mieux, d’aveugle obstination, au pire, de manipulation délibérée.

Ainsi, lorsque Benjamin manifeste un intérêt pour le texte d’un ouvrier agricole pionnier du mouvement des kibboutsim7 (en été 1916) tout en rejetant dans le mouvement sioniste son « idéologie raciale » en même temps que sa « manie agricole » et son culte du « vécu juif8 » (quelques semaines ou mois plus tard), Scholem, bout à bout, relativise la critique de Benjamin et transforme son intérêt bien réel pour le texte d’un sioniste utopiste en potentielle adhésion au sionisme en soi. Pourtant, entre la manifestation d’un intérêt pour le texte de A. D. Gordon et ce rejet du caractère racial du sionisme, n’y aurait-il pas, plutôt que les prémisses d’une adhésion au sionisme en soi, ainsi que le laisse supposer Scholem, la courte maturation d’une critique implacable du sionisme en général ?

Les suppositions de Scholem sont d’autant plus saugrenues que celui-ci n’hésite pas à désigner Benjamin comme « non-sioniste9 » ni à évoquer le milieu sioniste au sein duquel Dora Pollack, l’amante et future épouse de Benjamin, a grandi (son père étant, comme il le relève d’ailleurs, un ami très proche de Théodore Herzl dont il sera même l’exécuteur testamentaire) et avec lequel elle a explicitement rompu10. La critique de Benjamin, soulignons-le, intervient tandis que Scholem vient de faire part de son souhait de s’installer en Palestine (rappelons que nous sommes en 1916, l’année des fameux accords Sykes-Picot).

Tout ce que Scholem trouve à répondre à cette critique d’une « manie agricole » au sein du sionisme (essentiellement sa frange utopique) est qu’il devrait être tout à fait possible de ne pas s’y établir comme paysan, mais comme instituteur. Passons pour le « vécu juif », qui est essentiellement une critique à l’adresse de Martin Buber, mais insistons ici sur la dénégation du fait racial : Scholem mentionne cet aspect de la critique de Benjamin, mais refuse d’y répondre, même a posteriori. Ce n’est pas seulement un oubli ou une négligence, mais un choix qui revêt, au moment de la rédaction de l’ouvrage (le début des années 1970), un caractère hautement politique.

Avant de revenir sur ce qui est souvent présenté comme une longue hésitation de Benjamin entre l’engagement communiste et l’adhésion au sionisme, et qui se cristalliserait autour d’un projet de départ en Palestine, arrêtons-nous un peu sur deux aspects théoriques fondamentaux de sa méthode en devenir, et que Scholem soit ne comprend pas soit feint d’ignorer. Ces deux aspects trouveront dans un texte futur, « Critique de la violence » (1921), une première formulation et une rigoureuse articulation.

Le premier est une conception d’inspiration judaïque de la justice ; l’une de ses sources, si l’on en croit Scholem, pouvant être identifiée chez Ahad Haam11 et sa conception de la justice dans le judaïsme en tant que « volonté de faire du monde le bien suprême ». C’est au cours de la même discussion, qui verra Benjamin formuler ses premières critiques à l’égard du sionisme, que Scholem lui parle de Haam et que son ami semble alors, écrit-il, « [manifester] beaucoup de compréhension12 ». Il est évident que cette conception de la justice, telle qu’il la comprend alors, s’affranchit de toute dimension ethno-nationaliste et que son enthousiasme, s’il atteste bien d’un attrait pour une conception de la justice héritée du judaïsme, ne saurait avoir valeur d’adhésion au sionisme. Précisément : une telle conception de la justice, du point de vue de Benjamin, est appelée à s’étendre au-delà du monde juif. Allons même plus loin : c’est une telle conception de la justice qui aimante chez lui cet attrait pour le judaïsme et nourrit conjointement son scepticisme à l’égard du sionisme.

Second aspect théorique, qui s’articule donc au premier : la critique du mythe. Ici, Scholem commet, dans le meilleur des cas, un grave contresens en postulant que le mythe serait, pour Benjamin, l’objet d’une « pénétration philosophique13 » qu’il appellerait de ses vœux. C’est ne pas comprendre que, dès son texte de jeunesse sur Hölderlin, Benjamin salue la liquidation dans le poème de l’élément mythologique14. Ou encore, lorsqu’il dit de Socrate qu’il est « l’argument et le rempart de Platon contre le mythe15 », qu’il signifie que Socrate a précisément la fonction d’arracher l’œuvre platonicienne à ses sources et tendances mythologisantes16. De façon générale, la représentation mythologique du monde — que se disputent également les philosophes bourgeois ne faisant qu’interpréter le monde — est au service d’un ordre que Benjamin appelle à briser. C’est en tout cas le sens de sa « Critique de la violence » : seule la justice échappe au mythe, en arrache les tentacules étatiques et juridiques, ces formes sociales fondées sur la violence originaire que le mythe, non seulement justifie, mais appelle à se déployer afin de préserver un ordre qu’il institue.

Ainsi, quand Benjamin déclare que « le jour où [il aura sa] philosophie, ce sera d’une certaine façon une philosophie du judaïsme17 », il faut entendre l’importance que revêt à ses yeux une conception de la justice en tant que potentialité insurgée contre l’ordre établi, une conception qui appelle, d’une façon sans doute anarchique, à la destruction de tous les ordres et de leur armature mythologique. Ceci est crucial pour la compréhension de sa critique du mythe et son renouvellement à venir d’un concept d’histoire. Ceci est crucial au point que le principe constructif que Benjamin associera au communisme radical (auquel il se ralliera explicitement dès 1924) devra faire l’épreuve d’une telle conception de la justice et corrélativement d’une telle critique de l’élément mythologique tel qu’il se manifeste dans une conception matérialiste appauvrie de l’histoire.

En tout cas : ni la mobilisation d’une conception d’inspiration judaïque ni son prétendu recours au mythe ne sauraient justifier une quelconque adhésion (même strictement religieuse, même simplement intellectuelle) au sionisme. Bien au contraire : la justice conçue comme extension du bien au monde lui-même peut constituer une arme contre les mythes justificateurs de la violence instituante. Dès lors, comment ne pas associer l’établissement d’un État juif en Palestine à une telle violence ?

Mais, plus encore, la question que nous devons nous poser est celle-ci : pourquoi Benjamin a-t-il tant hésité à rejoindre Scholem en Palestine ? Et c’est là qu’il nous faut, afin d’évaluer la sincérité de cette hésitation, suivre ce que Scholem, mais également Benjamin lui-même, nous en disent.

Commençons par relever les nuances que Scholem est bien obligé d’apporter concernant le rapport de son ami à la question sioniste. C’est d’ailleurs dans le chapitre relatant leur séjour commun en Suisse, à la fin de la guerre, que ce dernier est bien forcé de reconnaître que, si Benjamin entretient un intérêt constant pour le judaïsme entre 1915 et 192718, cet intérêt sera amené à muer en intérêt essentiellement dirigé vers une approche philosophique et théologique de celui-ci19. Encore faut-il démêler, et depuis leur rencontre en 1915, ce que fut réellement la part de sa foi juive, de son intérêt pour le judaïsme en tant que religion ou forme culturelle spécifique et de son intérêt théologique ou philosophique pour celui-ci. En soi, rien de ces trois types de rapport au judaïsme n’implique de facto un rapprochement avec l’idéologie sioniste.

À vrai dire, nous croyons qu’il n’y a pas non plus de lien de causalité entre l’éventualité d’un tel rapprochement et la volonté de Benjamin de se ménager une possibilité d’installation en Palestine, perspective qui, pour un intellectuel juif de plus en plus lucide quant à l’exacerbation des structures raciales étatiques et sociales de l’Allemagne de son temps, a sans doute constitué essentiellement une issue de secours.

Durant les premières années de leur amitié, Scholem oriente bien Benjamin vers la lecture de textes considérés comme fondateurs du sionisme (sous sa forme contemporaine et d’inspiration juive), dont notamment ceux de Moïse Hess20. Une fois encore, cependant, et malgré l’intérêt que Benjamin porte à de tels textes, rien ne permet d’identifier les traces ou les prémisses d’une quelconque adhésion au sionisme entendu comme captation politique du judaïsme à des fins coloniales.

Non seulement rien ne permet d’identifier de telles traces ou prémisses, mais le rapport de Benjamin au judaïsme semble échapper à toute instrumentalisation politique et même à toute forme de réduction strictement religieuse. Ce qui pourrait attester d’un intérêt philosophique et théologique, plus que directement religieux, pour le judaïsme, c’est notamment son admiration pour les recherches de Joseph Molitor sur la Kabbale dont il convient de noter, indique Scholem lui-même, que celui-ci lui « [attribua], sans motivation sérieuse, une orientation christologique21 ».

En 1918, lorsqu’ils se retrouvent dans la région de Berne, Scholem fait état d’une véritable déception amicale : non seulement car la nouvelle proximité avec Benjamin lui en révèle certains traits cyniques et autoritaires (essentiellement à propos de ses parents dont il méprise le caractère bourgeois), mais également car semble se confirmer la détermination « abstraite » de son « penchant pour le judaïsme22 ». Le témoignage de Scholem ne cesse d’osciller, ici, quasiment d’une page à l’autre, entre l’affirmation selon laquelle, de 1915 à 1927, « le domaine religieux occupait dans la pensée de Benjamin une place tout à fait centrale qui n’entamait nullement un doute fondamental23 » et la reconnaissance qu’il ne s’agit pas tant de quelque chose de central que d’un « penchant qui conservera toutefois plutôt un caractère abstrait24 ».

Il ne s’agit aucunement de relativiser l’importance du rapport de Benjamin au judaïsme, mais plutôt de souligner la torsion continuelle, sous l’impulsion de sa propre idéologie sioniste, que Scholem fait subir à son témoignage, et qui le conduira notamment à de lourds aveuglements quant à l’interprétation des textes plus tardifs de son ami25. En termes psychanalytiques, on pourrait concevoir un tel aveuglement comme le produit d’une projection inversée de ses propres déterminations idéologiques sur l’œuvre et la vie de Benjamin. En atteste, au fil des années, le fait qu’il ne cesse de surévaluer son rapport strictement religieux au judaïsme, qu’il distingue lui-même d’un simple intérêt philosophique ou théologique, tout en minorant les implications du ralliement de son ami au marxisme.

Quant au projet, moins engageant que celui d’un départ en Palestine, d’apprendre l’hébreu, Benjamin initiera bien un bref apprentissage après la guerre, qu’il abandonnera assez vite. Une fois encore, cela ne saurait relativiser l’importance du judaïsme en général dans sa vie et son œuvre, mais attester que cette importance, non seulement ne saurait se traduire par une forme de nationalisme juif, mais que son étude de la langue hébraïque et des textes talmudiques n’est pas même au centre de ses priorités intellectuelles et politiques, contrairement au communisme radical à partir de 1924.

De façon générale, la grande erreur politique et morale de Scholem, à savoir son adhésion au sionisme et sa subordination de la judéité à celui-ci, explique son refus d’entendre et d’accepter, non seulement les critiques précoces (et encore insuffisantes) que Benjamin adresse au sionisme, mais l’intérêt de son ami pour une certaine idée de la justice qui entre en collision avec toute forme de nationalisme juif, même utopique. C’est d’ailleurs une telle erreur qui altèrera le plus souvent son jugement sur les amitiés (Bloch, Lacis, Brecht) et les positionnements stratégiques (notamment son programme d’une politisation de l’art à l’ère de la nouvelle reproductibilité technique) de Benjamin et le conduira à guetter sans cesse les traces ou les prémisses d’une conversion sioniste de son ami.

Entendons bien qu’une telle conversion justifierait, à tout point de vue, excédant d’ailleurs la précarité et l’isolement qui vont s’abattre sur Benjamin à partir des années 1920, le choix d’un départ à Jérusalem. Ainsi, entre 1918 et 1924, et malgré la désagrégation de cette image de « savant de l’Écriture26, égaré dans un autre univers et qui serait à la recherche de son ‘‘écriture27’’ », Scholem continue d’espérer que Benjamin se ralliera au projet d’une installation en Palestine et qu’il trouvera dans le sionisme un motif pour le faire. Il faut pourtant insister sur l’usage non orthodoxe que Benjamin ne cesse de faire des concepts hérités de la tradition judaïque — ce que relève d’ailleurs une nouvelle fois son ami : « En fait, il y a chez Walter une foule de théories illégitimes28 » — tout en s’efforçant de croire à une orientation plus strictement religieuse de celui-ci : « À cette époque, j’avais nettement l’impression que Benjamin allait incessamment s’orienter activement, lui aussi, vers l’étude du judaïsme29. »

Tandis que Benjamin est sans cesse attiré par des formes marginales du judaïsme, ou concurrentes, que son approche est donc profane (quand elle n’est pas ésotérique), Scholem voudrait le pousser à une rigueur et à une orthodoxie plus grandes, et lier une telle orientation à un engagement sioniste. C’est peine perdue : non seulement Benjamin conservera et développera un intérêt pour des formes occultes de croyance (nous pensons par exemple à l’astrologie, ou encore à son rapprochement avec l’un des membres de la secte de Goldberg ayant une approche farfelue du judaïsme et farouche opposant au sionisme), mais fera de certains concepts hérités de la tradition judaïque un usage qui, dans le cadre de son ralliement au matérialisme historique et de sa réélaboration d’un concept d’histoire du point de vue des vaincus, contreviendra à la perspective de l’institution d’un « État juif » en Palestine.

Ainsi, et alors que la dimension essentiellement philosophique et théologique de son intérêt pour le judaïsme est confirmé par Scholem lui-même : « nos discussions, écrit-il à propos de leur période suisse, portaient souvent sur la théologie juive et les notions fondamentales de l’éthique juive, mais bien plus rarement sur les problèmes juifs concrets30 », le projet d’une installation en Palestine ne cessera, jusqu’en 1929, d’apparaître à ses yeux comme une simple issue de secours. Et pour cause : non seulement sa conversion marxiste ne cesse d’apparaître aux yeux de Scholem comme à la fois désespérante et inéluctable31, mais Benjamin n’entrevoit aucune « nécessité théorique d’y aller32 ».

À vrai dire, nous ne croyons pas qu’il ait été véritablement attentif ni en capacité matérielle de saisir les enjeux réels de la question sioniste et des conflits internes ayant traversé le mouvement sioniste. Contrairement à Hannah Arendt qui, elle, ne cessera de s’y intéresser et d’affuter ses positions à l’endroit d’une telle question. L’intérêt ici d’un détour par leur amie commune nous semble éclairer l’obstination aveugle de Scholem.

En 1944, quatre ans après la mort de Benjamin, elle évoquera dans son « Réexamen du sionisme » le « raz de marée révisionniste dans l’Organisation sioniste33 » ayant conduit les principaux dirigeants et intellectuels sionistes, même les plus utopistes, à refouler la question arabe et à viser l’établissement d’un État ethno-religieux en Palestine. Mais, selon Arendt, le sionisme historique (celui de Herzl) était déjà porteur d’un tel projet, tout en faisant fi d’ignorer la réalité autochtone et de synthétiser d’autres tendances, qu’elles soient dites générales (projetant l’établissement d’un foyer juif sous tutelle britannique) ou utopiques (sur le modèle déjà évoqué des kibboutsim). Avant de se confronter à la possibilité concrète d’un « État juif » en Palestine, précise-t-elle, et donc en « méconnaissant délibérément les problèmes politiques qui étaient en jeu34 », le sionisme a même pu conquérir une jeunesse juive européenne séduite par ses éléments les plus utopiques.

Arendt accuse les sionistes d’avoir renoncé à se battre contre l’antisémitisme et même d’avoir capitalisé sur celui-ci afin de se renforcer auprès des masses juives opprimées en Europe. Et va même plus loin en pointant les compromissions de la direction du mouvement sioniste, qu’il s’agisse de ses éléments révisionnistes ou de ses éléments généraux, ayant pactisé ou continuant à pactiser avec les ennemis du peuple juif : « Ici aussi il s’est révélé difficile de déceler la différence entre les révisionnistes et les sionistes généraux. Si les révisionnistes de l’époque ont été violemment critiqués par d’autres sionistes pour avoir entamé des négociations avec le gouvernement antisémite polonais d’avant-guerre en vue de l’évacuation d’un million de Juifs polonais — et ce afin d’obtenir que les Polonais soutiennent les exigences sionistes extrémistes devant la Société des Nations et d’exercer ainsi des pressions sur le gouvernement anglais —, les sionistes généraux eux-mêmes sont constamment restés en contact avec le gouvernement de Hitler en Allemagne au sujet des opérations de transfert35. »

Dans une lettre datée du 28 janvier 1946, Scholem réagira avec virulence à l’article d’Arendt, se faisant solidaire du sionisme en général tout en reconnaissant la légitimité d’une critique de celui-ci dans la mesure seulement où elle lui resterait solidaire. Ce que ne fait pas Arendt qui s’appuierait, selon lui, sur des « justifications qui ne sont pas sionistes, mais expressément trotskystes et antisionistes36 ». Évidemment, c’est très exagéré : non seulement Arendt pense depuis la double critique du nationalisme et du socialisme, mais une connaissance même approximative de ses travaux permet de connaître ses positions souvent antimarxistes. Pour autant, Scholem n’y va pas de main morte, accusant sa « chère amie », pêle-mêle, de folie, de bolchévisme et d’antijudaïsme (dans la mesure où il subordonne le judaïsme au sionisme, et donc que l’antisionisme serait de facto un antijudaïsme).

Son « sionisme radical », affirme-t-il, serait quant à lui porté par un souffle utopique et mu par une conviction anarchiste, et ne viserait donc pas l’établissement d’un « État juif », à proprement parler, mais simplement une nation pour un peuple enfin libéré d’une histoire éternelle d’oppression et de massacre — il croit, dit-il, à la « durée éternelle37 » de l’antisémitisme — et renouant avec les sources spirituelles de sa tradition. À ce titre, il assume le choix d’une politique du fait accompli, et donc celui d’un établissement par la force d’un foyer national juif (bref d’un État, que ce soit sous tutelle britannique ou non), et va même jusqu’à regretter que leurs « adversaires arabes » ne soient pas « d’abord intéressés par [leurs] opinions morales ou politiques, mais par la simple question de savoir s’[ils sont] présents ou pas38 ».

Remarquons que ce regret d’une absence de compréhension des Palestiniens vis-à-vis de leurs propres colonisateurs (en acte et en puissance) est assez surprenant de la part d’un homme qui revendique ici son « sectarisme39 ». À vrai dire, il est un peu difficile de comprendre comment, au sein du « sionisme radical » de Scholem, cohabitent à présent son héritage anarcho-nihiliste et ce nationalisme juif assumé. De toute évidence, ce qui fut un sionisme mâtiné d’utopisme anarchisant et religieux, campant au bord du politique, révèle désormais toute sa profonde vérité réactionnaire.

Pour Arendt, qui dit ignorer dans sa réponse aux accusations de Scholem40 qu’il succomba aux attraits du sionisme en tant que tel, sachant que selon elle une idéologie nationaliste ne saurait être considérée comme apolitique, c’est précisément son anarchisme qui expliquerait cet aveuglement, soit, peut-être, une forme de dénégation de la question de l’État couvant de facto une défense implicite de celui-ci.

Dans un autre texte publié également en 1946, elle évoque d’ailleurs l’intégration au socle idéologique sioniste d’éléments plus utopistes (visant explicitement Scholem ?) — et annonce déjà la catastrophe à venir : « Certains dirigeants sionistes feignent de croire que les Juifs peuvent se maintenir en Palestine contre le monde entier, et qu’eux-mêmes peuvent poursuivre une politique du tout ou rien envers et contre tous, et contre tout. Cependant, sous cet optimisme fallacieux se dissimulent un désespoir complet et un authentique empressement au suicide qui pourraient devenir extrêmement dangereux si d’aventure ils parvenaient à dominer la tonalité et l’atmosphère de la politique en Palestine. Rien dans le sionisme de Herzl ne peut faire échec à cela ; au contraire, les éléments utopiques et idéologiques qu’il a introduits dans la nouvelle aspiration des Juifs à l’action politique risquent de conduire une fois de plus les Juifs hors de la réalité — et de la sphère de l’action politique. Je ne sais pas — et je ne veux pas savoir — ce qui arriverait aux Juifs dans le monde entier et à l’histoire juive dans l’avenir si se produisait une catastrophe en Palestine41. »

En s’accrochant à l’exceptionnalité de son sionisme, Scholem ne se contente pas de fermer les yeux sur la catastrophe annoncée, il ferme aussi les yeux sur ses propres compromissions morales et religieuses — à moins qu’il n’ait réellement, dès les années 1930, ainsi qu’il l’écrit dans une confession sous forme de poème, « perdu la foi qu’il avait en arrivant ici ». Car, en effet, lorsque celui-ci émigre en Palestine, en 1923, c’est bien pour travailler au sein de la Bibliothèque nationale juive, puis pour occuper une chaire de professeur au sein de la future université de Jérusalem, composante centrale du futur État hébreu ; il occupera ainsi une position institutionnelle forte au sein d’un État en devenir, puis d’un jeune État en quête de reconnaissance et de légitimité. Tandis que son propre frère, faisant le choix d’un engagement communiste, tout comme celui de Benjamin, va mourir dans un camp d’extermination, Scholem s’établit donc sur le dos des futurs peuples colonisés de Palestine.

Par ailleurs : n’y a-t-il pas une contradiction farouche à se décréter « nationaliste juif », tel qu’il le fait dans sa lettre, et à prétendre s’extraire du champ politique ? Scholem a choisi le camp des vainqueurs, s’est établi en Palestine, non comme modeste religieux ou simple savant, mais comme fonctionnaire d’un futur État colonial prospérant sur les causes du génocide d’un peuple dont il se réclame. Et quand Arendt évoque une telle instrumentalisation politique de la souffrance d’un peuple, Scholem lui rétorque qu’elle n’aime pas le peuple juif. Ou encore qu’elle refuse de comprendre les motifs profonds de son « sionisme radical ». Ainsi faisant il déplace la discorde d’un terrain politique vers un terrain affectif ou mystique. Une discorde qui se conclura, en 1963, par une rupture définitive — en raison sans doute de la publication d’Eichmann à Jérusalem dont le propos sur la banalité du mal lui semble porter atteinte à la justification d’Israël en tant que fondée sur la « durée éternelle » de l’antisémitisme.

Tout ceci est à prendre en considération quand Scholem reproche à Arendt d’avoir réduit, dans son petit opuscule sur Benjamin42, l’intérêt de celui-ci pour le judaïsme à un pur attrait théologique ou philosophique43. Et ce, nous l’avons vu, alors même qu’il ne cesse de reconnaître lui-même tous les « obstacles » s’opposant à une orientation de son ami vers l’étude stricte du judaïsme44. Mais le cœur de la question, et du différend entre Scholem et Arendt, excède un intérêt plus ou moins religieux, plus ou moins théologique ou plus ou moins philosophique de Benjamin pour le judaïsme : c’est l’organicité que conçoit Scholem entre sionisme et judaïsme qui est éminemment problématique, tant celle-ci enclôt le judaïsme dans un projet colonial fondé sur le principe implicite d’un nettoyage ethnique.

Aux yeux d’une certaine orthodoxie, Benjamin ne sera peut-être jamais un bon Juif, mais il aura le mérite de ne pas trahir l’essence d’une conception judaïque de la justice qui trouvera toute son actualité à l’épreuve du matérialisme historique. Tandis que Scholem sera incapable de se retourner sur l’histoire, la sienne, celle de son engagement sioniste, et plus généralement celle à laquelle il participera activement, celle de la création de l’État d’Israël. Que sa foi demeure intacte ou non, sa faillite morale et politique est sans commune mesure avec les illusions de ces jeunes Juifs européens ayant rêvé, sur le modèle des kibboutsim, de réaliser une forme concrète et communautaire de socialisme utopique, mais s’étend par-delà l’institution du fait colonial, solidaire avec les compromissions et les crimes d’une nouvelle bourgeoisie juive à la tête d’un jeune État-nation s’instituant sur l’invisibilisation et l’éradication d’un peuple. À ce titre, le destin de Scholem s’éloigne radicalement de celui de Benjamin et nous livre une image inversée de la rédemption communiste fondée sur la justice des peuples.

Contrairement à Arendt (dont nous connaissons les réticences à l’égard de toute forme de radicalité), nous nuancerions cependant le lien qu’elle établit un peu facilement entre les convictions anarchistes de Scholem et son engagement sioniste. Nous les nuancerions d’autant plus que Benjamin, nous l’avons dit, revendique la continuité pour lui-même de telles convictions. Ce qui nous semble plus déterminant, c’est la façon dont le premier se replie de façon sectaire (ce qu’il assume) sur des positions qu’il n’est plus en mesure de défendre et de soutenir, alors qu’il aurait pu, précisément au nom de ses convictions anarchistes, mais également, allons plus loin, au nom de la sincérité avec laquelle il épousa un certain « rêve sioniste », prendre conscience des implications politiques et historiques de ce rêve, comprendre que ce rêve se tissait sur le dos des peuples de Palestine et avoir le courage d’y renoncer.

Tandis que Benjamin, qui lors de leur période suisse pouvait même observer assez dédaigneusement ce qui se passait en Hongrie ou en Allemagne, va demeurer loyal, au sein de son processus de politisation et après sa conversation marxiste, à ce qu’il nomme son « anarcho-nihilisme » et qui l’oblige à se soustraire à toute forme de pétrification idéologique.

Si le jeune Benjamin, qui vient à peine de rencontrer Ernst Bloch et s’apprête tout juste à découvrir Georg Lukács, assume déjà un attrait pour une méthode d’inspiration matérialiste, ce n’est pas encore au sens de son actualité marxiste (à laquelle il donnera une forme et une signification toute particulière à partir de 1924), mais dans le sens où toute connaissance se fonde sur une expérience concrète des choses, des êtres et des situations. Il ne s’agit aucunement de se cantonner à une dimension morcelée de la réalité socio-historique, mais de soumettre sa pensée à un plan d’immanence où se mêlent une multitude de strates de perceptions entremêlées au sein de l’actualité la plus vive. C’est une telle méthode qui offre à sa pensée (et bientôt à sa pensée de l’histoire) de se tenir dans l’escarcelle d’un temps réellement présent. Ainsi, même les idées en apparence les plus déliées de toute production matérielle, même les médiations les plus abstraites sont amenées, pour accéder à la dignité d’une forme ou d’un langage vivants, à faire l’épreuve de la réalité la plus prosaïque. La totalité, à laquelle depuis ses vingt ans aspire Benjamin, d’une façon d’abord anhistorique et naïve, puis de plus en plus ancrée dans les enjeux politiques de son temps, n’est nullement contrainte par son attrait pour le minuscule, seulement elle doit en partir et, calibrée sur une certaine optique dialectique, s’ouvrir sur une dimension intégrale de la vie et de la pensée.

Cette interpénétration de différentes inspirations, aspirations ou nécessités, chez Benjamin, contrairement à Scholem qui se replie dogmatiquement à l’endroit de sa défense du sionisme (nous pensons notamment aux échanges évoqués avec Arendt), peut être illustrée par un désaccord de jeunesse aux contours tout à fait anodins : « Dans l’hôtel de Berne où nous passions la nuit, nous eûmes une discussion sur l’intuition. Je notais la définition de Benjamin, sur laquelle je n’étais pas d’accord : ‘‘L’objet de l’intuition est la nécessité, pour un contenu qui est pressenti comme étant pur, de devenir perceptible.’’ Il ne put admettre ma protestation contre ce transfert théologique de l’intuition vers le domaine acoustique. Il m’expliqua que là était précisément le point important : les divers domaines ne peuvent pas être séparés entre eux ; il n’y a pas d’intuition pure qui ne soit une perception, non certes la perception d’une voix, mais celle d’une nécessité45. »

C’est précisément ce lien postulé d’un lien organique entre intuition intellectuelle, spirituelle ou divine et la perception sensible qui permettra à Jean Genet d’établir la justesse de la cause palestinienne à partir d’une perception acoustique46. A contrario, c’est la surdité de Scholem qui le condamne à d’irréparables errances idéologiques et au balbutiement le plus coupable dès lors qu’il est sommé par Arendt de justifier son engagement sioniste sur un terrain plus théorique. Entendons bien qu’il ne s’agit aucunement de dénier aux puissances de la raison leur légitimité et leur efficacité, mais d’affirmer qu’il ne saurait y avoir d’engagement révolutionnaire, de philosophie émancipatrice ou de littérature vivante sans une appréhension sensible des causes de l’injustice.

Qu’importe que le jeune Benjamin n’ait pas bénéficié de toutes les données historiques lui permettant de comprendre la situation en Palestine. Dans la mesure où ce dernier n’eut de cesse de placer l’expérience concrète au cœur de toutes les médiations abstraites, on ne saurait lui inventer un destin d’idéologue et encore moins de défenseur acharné d’un quelconque nationalisme juif. Il est donc tout à la fois opportuniste et inopportun de chercher à le rallier au projet sioniste. Tout indique même que son acuité sensible, ferment de sa lucidité historique, non contente de se plier aux contours d’un rêve coupable, aurait ressaisi la situation en Palestine depuis le point de vue de ceux qui en sont les opprimés et désigné Israël, au cœur des processus historiques, de leurs développements à la fois capitalistes et impérialistes, comme l’expression maudite de leur condensation.

 

Pierre-Aurélien Delabre

 


1 Pour une meilleure saisie des courants majoritaires et des tendances plus marginales du sionisme nous
renvoyons aux textes de Pierre Stambul publiés notamment chez Syllepse.

2 Ainsi que le relate Scholem, ils se sont croisés deux années auparavant, mais sans s’adresser la parole (nous y
reviendrons plus loin) : « Avant de faire la connaissance personnelle de Benjamin, je le vis pour la première fois
un jour de l’automne 1913, au cours d’une réunion de jeunes qui se tenait dans une salle du café Tiergarten à
Berlin. » (Gershom Scholem, Walter Benjamin. Histoire d’une amitié, traduction de Paul Kessler, Les Belles Lettres,
2022, p. 11.)

3 Ibid., p. 23.

4 L’intérêt du renouvellement de la conception matérialiste de l’histoire chez Benjamin tenant précisément, nous
y reviendrons ailleurs, au fait que cette conception demeure matérialiste tout opérant une critique des « informes
tendances progressistes » (« La vie des étudiants » (1915), traduction de Maurice de Gandillac revue par Rainer
Rochlitz, in OEuvres, I, Gallimard, Folio, 2000, p. 125) qui en altèrent le plus souvent les potentialités réellement
révolutionnaires.

5 Gershom Scholem, Walter Benjamin. Histoire d’une amitié, op. cit., p. 28.

6 Ibid., p. 12.

7 Ibid., p. 51-52.

8 Ibid., p. 56.

9 Ibid., p. 41.

10 Ibid., p. 42.

11 Partisan d’un centre culturel en Palestine, mais non d’un État juif, il s’oppose ainsi au sionisme politique de
Herzl. Meurt en 1927 à Tel Aviv, non sans avoir relevé et combattu les dérives du nationalisme juif.

12 Ibid., p. 57.

13 Ibid., p. 59.

14 « Le poème, au lieu de s’appuyer sur la mythologie, instaure la cohésion de son propre mythe. » (Walter
Benjamin, « Deux poèmes de Friedrich Hölderlin », op. cit., p. 107.)

15 Gershom Scholem, Walter Benjamin. Histoire d’une amitié, op. cit., p. 58.

16 Il insiste quelques années plus tard : « C’est pourquoi, en Grèce, l’art véritable et la véritable philosophie — à la
différence de leur phase théurgique qui n’était art et philosophie qu’au sens impropre de ces mots — ne naissent
qu’à la fin du mythe, car l’un et l’autre se fondent la vérité, exactement au même degré, ni plus ni moins. » (Walter
Benjamin, « Les Affinités électives de Goethe », in OEuvre, I, op. cit., p. 334.)

17 Gershom Scholem, Walter Benjamin. Histoire d’une amitié, op. cit., p.61.

18 Année, sans doute, et aux yeux de Scholem, qui marque de l’effondrement chez Benjamin à la fois de son
projet d’établissement en Palestine, mais également de celui d’apprendre l’Hébreu et de se rapprocher, par l’étude
et le culte, du judaïsme. C’est également l’année de son départ pour Moscou.

19 À ce propos, ne déclare-t-il pas, dès 1916, comme évoqué plus haut, que sa philosophie sera une philosophie
du judaïsme ? Mais cela signifie-t-il qu’il s’agira d’une forme philosophique inspirée du judaïsme ou d’une forme
philosophique du judaïsme lui-même ? À ce stade, nous refusons de trancher la question.

20 Ibid., p. 67.

21 Ibid., p. 71.

22 Ibid., p. 101.

23 Ibid., p. 99.

24 Ibid., p. 101.

25 C’est ainsi, par exemple, qu’il identifie un fond métaphysique sous une forme matérialiste dans le fameux texte
de 1936 sur « L’oeuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique » (Cf. Ibid., p. 81), texte qui nous semble
pourtant, sur le fond comme sur la forme, être sans doute l’un des plus strictement matérialistes de Benjamin.

26 Entendons ici ce qui porte à confusion dans l’usage de la majuscule, ou, en tout cas, cette espérance mystique
projetée sur les recherches d’un philosophe non encore marxiste, certes, mais déjà aux prises avec une forte
exigence de matérialité.

27 Ibid., p. 95.

28 Ibid., p. 125.

29 Ibid., p. 158.

30 Ibid., p. 126.

31 Ibid., p. 195.

32 Ibid., p. 196.

33 Hannah Arendt, « Réexamen du sionisme » (1944), in Écrits juifs, traduction de Sylvie Courtine-Denamy,
Fayard, Ouvertures, 2011, p. 512.

34 Ibid., p. 513.

35 Ibid., p. 514.

36 Gershom Scholem, « Lettre à Hannah Arendt du 28 janvier 1946 », in Correspondance. Hannah Arendt-Gershom
Sholem, traduction d’Olivier Mannoni, Seuil, édition numérique.

37 Ibid.

38 Ibid.

39 « Je suis ‘‘sectaire’’. Et je n’ai jamais eu honte d’affirmer ma conviction en public : le sectarisme peut constituer
quelque chose de très décisif et de très positif. » (Ibid.)

40 « Honnêtement, je n’ai jamais eu l’idée, même en rêve, d’admettre que vous auriez pour autant une ‘‘idéologie’’
sioniste, ne serait-ce que parce que j’espérais à vrai dire que vous n’aviez pas d’idéologie du tout. » (Hannah
Arendt « Lettre à Gershom Scholem du 21 avril 1946 », in Correspondance. Hannah Arendt-Gershom Sholem, op. cit.,
édition numérique.)

41 Hannah Arendt, « L’État des Juifs : cinquante ans après, où la politique de Herzl a-t-elle conduit ? » (1946), in
Écrits juifs, op. cit., p. 556-557.

42 Cf. Hannah Arendt, « Walter Benjamin », in Vies politiques, traduction d’Éric Adda, Jacques Bontemps, Barbara
Cassin, Didier Don, Albert Kohn, Patrick Lévy et Agnès Oppenheimer-Faure, Gallimard, Les Essais, 1974.

43 Gershom Scholem, Walter Benjamin. Histoire d’une amitié, op. cit., p. 99-100.

44 Ibid., p. 158.

45 Ibid., p. 146.

46 Cf. Jean Genet, Le Captif amoureux, Gallimard, 1986.

Contre la guerre et le militarisme, pour le bonheur commun

Ce texte est la transcription de l’intervention de Stathis Kouvélakis à la table ronde « Bloquons tout, à commencer par l’économie de guerre » qui s’est tenue le 20 septembre 2025 à la Dynamo de Pantin dans le cadre de la soirée en soutien à la Palestine coorganisée par le collectif « Faire bloc, faire peuple » et Jazz for Palestine.

 

ll y a une chose qui est claire : ils veulent la guerre.

La nomination de Lecornu incarne à elle seule cette volonté. Il y a deux choses qui distinguent Lecornu des autres politiciens de la macronie. La première, c’est qu’il est le seul ministre à avoir fait partie de tous les gouvernements depuis le premier mandat de Macron. La deuxième, c’est qu’il n’a pas hésité à afficher un désaccord public avec le ministre sortant de l’économie, Éric Lombard. Pour Lombard, conformément au budget présenté et aux dispositions de la loi de la programmation militaire (LPM), il s’agit d’atteindre un budget militaire de 70 milliards à l’horizon 2030. Pour Sébastien Lecornu, ce n’est pas suffisant. Lui, il propose un budget pour la défense « de poids de forme de 100 milliards » !

En réalité, l’augmentation vertigineuse des budgets militaires a commencé depuis longtemps. Au début du premier mandat de Macron, on était à 32 milliards. Dans le budget présenté par Bayrou, on atteint 50 milliards. L’horizon 2030, c’est 70 milliards, je viens de le dire. Et la loi de la programmation militaire sur les 6 ans 2024 à 2030, c’est 413 milliards. Mettez ces chiffres en comparaison avec les coupes qui sont prévues dans les budgets sociaux. Mais le problème n’est pas que français et cette volonté n’est pas simplement une volonté française.

Le premier boost décisif est venu de l’Union européenne avec le programme de 800 milliards nommé ReArm Europe. On nous disait, et c’est comme cela qu’on nous a vendu le projet européen, que l’Europe, l’ « intégration européenne », c’est la paix. Eh bien maintenant, on le sait, l’Europe c’est le militarisme et le bellicisme.

Le deuxième boost vient de l’OTAN. Voici ce que déclarait en janvier dernier son secrétaire général Mark Rutte : « En moyenne, les pays européens dépensent facilement jusqu’à un quart de leur revenu national pour les retraites, la santé et les systèmes de sécurité sociale, et nous n’avons besoin que d’une petite fraction de cet argent pour renforcer la défense ».

N’oubliant pas que l’OTAN est une alliance au service des Etats-Unis, le même Mark Rutte ajoutait aussitôt :

« L’implication des alliés non européens dans les efforts de l’UE en matière d’industrie de la défense est vitale … à l’heure où la Russie, la Chine, la Corée du Nord et l’Iran augmentent leur coopération industrielle en matière de défense à des niveaux sans précédent, ériger de nouvelles barrières entre les alliés au sein de l’OTAN serait un acte d’autodestruction ».

Les importations d’armes en provenance des États-Unis des Européens ont ainsi augmenté de 155 % au cours des 5 dernières années par rapport à la période précédente. Les Etats-Unis, qui vendent dans 107 pays, pèsent 43 % du total mondial des exportations d’armes, contre 35 % il y a dix ans. Plus que jamais, l’avancée du projet européen, au lieu d’aller dans le sens de la soi-disant « autonomie de l’Europe » a signifié sa soumission croissante aux États-Unis.

Bien sûr, l’impérialisme est un système mondial, un système mondial hiérarchisé. Mais il y a un super-impérialisme qui domine tous les autres, c’est l’impérialisme états-unien. Lui seul combine en effet le complexe Pentagone + dollar + Wall Street + Silicon Valley. Mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’ici en France, nous vivons dans pays qui est un impérialisme secondaire. Certes, c’est un impérialisme déclinant mais il est pleinement intégré dans ce système mondial d’exploitation et de pillage. La Françafrique est un exemple caricatural de régime néocolonial auquel aucun gouvernement n’a touché jusqu’à présent. Un régime qui n’a d’équivalent dans aucune autre ancienne puissance coloniale.

Mais le rôle impérialiste de la France ne se limite pas à son pré carré africain. La France intervient à la fois économiquement et militairement en dehors de celui-ci. On peut mentionner, par exemple, le rôle que joue une entreprise comme Total dans des pays comme le Mozambique ou la Birmanie, ou les interventions militaires françaises en Libye, en Afghanistan et en Yougoslavie, dans ce dernier cas dans le cadre d’une opération de l’OTAN.

Mais la France a une spécificité. On peut discuter sur le fait de savoir si c’est déjà une économie de guerre et de la façon dont on définit l’économie de guerre. Ce qui est sûr, c’est que l’économie française est dopée à son industrie d’armement et que le complexe militaro-industriel français est une part essentielle de ce qui reste d’un tissu industriel extrêmement affaibli. Je ne citerai qu’une seule donnée. La France est le deuxième exportateur au niveau mondial d’armement, soit 10,9 % du total des exportations d’armes. Cela veut dire que plus d’une arme sur dix exportée au niveau mondial est une arme française. Dans ce sinistre palmarès, la France occupe désormais le deuxième rang, après le déclin relatif de la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine.

Ce dopage à l’exportation d’armes dicte largement la politique étrangère du pays. Car les ventes d’armes, on le sait, dépendent de contrat d’État à État. Des contrats qui impliquent, ce sont des secrets de polichinelle, un niveau de corruption absolument extraordinaire et des rapports étroits avec des régimes dictatoriaux ou autoritaires comme l’Égypte, le Qatar par exemple ou l’Arabie Saoudite. Mais ce n’est guère différent avec des pays démocratiques qui se trouvent littéralement avec le couteau sous la gorge. Car pour eux, la course au surarmement signifie un saccage social sans précédent. Je viens de Grèce, un pays qui a depuis de longues années déjà réalisé l’exploit de consacrer plus de 3 % de son PIB à des dépenses militaires, donc à atteindre l’objectif adopté par la France et les autres pays de l’OTAN. La Grèce, ce petit pays de 10 millions d’habitants, est ainsi devenue, retenez-vous bien, le troisième client en matière d’exportation d’armes de la France ! Quelle performance pour un peuple et pour un pays qui sont saignés littéralement par la thérapie néolibérale de choc qui lui a été infligée depuis une quinzaine d’années et qui ne s’est pas arrêtée depuis !

L’impérialisme français est donc pleinement inséré dans ce système de domination et d’exploitation. Pour reprendre le titre d’un livre de Thomas Deltombe et d’autres, c’est « un empire qui ne veut pas mourir ». Il n’y a pas une année sans une intervention militaire française à l’étranger, et ce depuis des décennies. J’ai consulté la page Wikipédia consacrée à ce sujet, qui compile une série de documents officiels. On ne compte pas moins de 189 interventions militaires françaises, ou avec participation française, à l’étranger depuis le début de la Ve République, c’est-à-dire une moyenne de 3 par an. Rappelons ici que la dite Ve République est elle-même issue d’un coup d’état militaire et que ceci n’est pas sans rapport avec cela.

Le militarisme conduit à une économie qui se fait au détriment des besoins sociaux et s’insère à ce régime de domination et de pillage à l’extérieur. Mais il signifie aussi un autoritarisme croissant à l’intérieur. Car l’impérialisme implique d’habituer les populations à accepter la guerre, donc à désigner des ennemis. Aujourd’hui, l’ennemi au nom duquel s’opère ce réarmement, c’est la Russie. Ceux qui sont assez âgés se souviennent des propos d’un Michel Poniatowski [ministre sous la présidence de Giscard] qui parlait de la menace des chars russes défilant sur les Champs-Élysées. Mais pas grand monde ne prenait à l’époque au sérieux Poniatowski. C’était la guerre froide, on savait que c’était le genre d’hyperboles qui avaient cours dans le cadre de l’anticommunisme. Aujourd’hui, on ressort le plus sérieusement du monde les vieux stéréotypes qui identifient la Russie à des barbares asiatiques contre lesquels l’Occident doit se défendre.

Mais l’ennemi extérieur, il faut également un ennemi intérieur. Le soutien inflexible à Israël de la France et de la quasi-totalité des Etats européens fait corps avec la politique islamophobe et raciste poursuivie par tous ces gouvernements. Le consensus sur le militarisme et l’escalade guerrière est un élément décisif pour neutraliser la crise sociale, pour diviser le peuple, pour étouffer les luttes, pour réprimer et pour marginaliser les opposants.

Dans cette situation, disons-le sans hésiter, il faut revenir aux fondamentaux du mouvement ouvrier et de la gauche révolutionnaire. Il faut revenir à Rosa Luxembourg et à son mot d’ordre de « guerre à la guerre ». Il faut revenir au mot d’ordre du mouvement ouvrier allemand et de l’Internationale socialiste du début du 20e siècle « Pas une vie, pas un centime pour la guerre ».

Il faut se rappeler aussi de ces paroles immortelles de Jean Jaurès, quand, s’adressant aux représentants de la bourgeoisie, il déclarait : « Toujours votre société violente et chaotique, même quand elle veut la paix, même quand elle est à l’état d’apparent repos, porte en elle la guerre, comme la nuée dormante porte l’orage. Il n’y a qu’un moyen d’abolir enfin la guerre entre les peuples, c’est d’abolir la guerre entre les individus, c’est d’abolir la guerre économique, le désordre de la société présente, c’est de substituer à la lutte universelle pour la vie, qui aboutit à la lutte universelle sur les champs de bataille, un régime de concorde sociale et d’unité. Et voilà pourquoi, si vous regardez, non pas aux intentions, qui sont toujours vaines, mais à l’efficacité des principes et à la réalité des conséquences, logiquement, profondément, le parti socialiste est dans le monde aujourd’hui le seul parti de la paix ».

Aujourd’hui, le défi pour la gauche de rupture, c’est de se montrer à la hauteur de ces paroles de Jaurès. Les initiatives dont il a été question depuis cette tribune vont dans ce sens. C’est en particulier le meeting international contre la guerre du 5 octobre qu’organisent les camarades du POI et auquel le collectif « Faire bloc, faire peuple » se joint pleinement.

Notre défi c’est donc de s’affirmer comme « le parti de la paix », comme la force qui lutte sans relâche et sans compromission contre l’impérialisme et le militarisme à commencer par le nôtre, celui de notre propre pays.

Nous sommes le parti de la paix car nous sommes le parti de l’antiracisme, de la lutte pour la liberté et pour la démocratie.

Le parti de la paix, car nous sommes le parti de la solidarité avec tous les peuples opprimés, en premier lieu avec le peuple palestinien, aujourd’hui exterminé sous les yeux activement complices de l’impérialisme occidental et de tous les régimes réactionnaires de la planète.

Nous sommes le parti du combat pour la paix car nous sommes le parti du combat pour l’émancipation humaine et pour le bonheur commun.

 

Stathis Kouvélakis, philosophe, membre de la rédaction de Contretemps et membre du collectif  « Faire bloc, faire peuple ».

Blanchir Thao – Faire parler les morts pour réduire au silence les vivants

Dans son intervention à Historical Materialism, Dimitri Lasserre prétend «dialoguer» avec Houria Bouteldja. En réalité, il s’attaque à ce moment précis à une femme bâillonnée par la censure.

Quelques éléments de contexte : Pour son édition 2025 à Paris, Historical Materialism s’est vu refuser à deux reprises l’intervention de l’une de ses invités, Houria Bouteldja. En soutien à cette dernière, plusieurs intervenants ont décidé de boycotter l’évènement. On notera en particulier la décision de Paul Morao d’annuler sa participation en réponse à cette censure. Sa prise de parole devait interpeller Bouteldja, censée être présente à l’évènement. Il déclare sur X : « Je voulais continuer la polémique de ces derniers mois […] mais je ne vais pas m’amuser à discuter d’une intellectuelle interdite de parler […]. » La dignité de cette solidarité est à saluer.

Tandis que Morao renonce à discuter avec une camarade privée de parole, Dimitri Lasserre se dresse en contradicteur de Bouteldja, au moment même où elle se retrouve censurée, isolée, désignée comme persona non grata par un événement qui prétend interroger le pacte racial… sans elle. Ce n’est plus une critique, c’est un remplacement stratégique. Dans son intervention, Lasserre n’interroge pas le dispositif qui a éjecté Bouteldja. Il s’engouffre dans le boulevard que cette censure crée pour les détracteurs de la parole réprimée, et tente de nous apprendre comment penser la race sans faire peur aux Blancs. Ainsi, cette censure vient compléter la longue histoire du contrôle des paroles indigènes par le pouvoir blanc. Dans La Dignité ou la mort1, Norman Ajari parle de « confiscation du dire » et expose la manière dont les Noirs (ici les indigènes) ne doivent jamais être présentés « comme des agents de contestation, mais seulement comme des bénéficiaires passifs de l’engagement et du militantisme des Blancs »1. Le marxisme blanc a toujours préféré les indigènes muets, ou morts.

Dans son texte, Lasserre s’essaye à un exercice contorsionniste : Il reconnaît que « dans une perspective révolutionnaire, la lutte contre le racisme est absolument prioritaire » et préconise l’abolition de la race « par la classe », tout en admettant qu’il ne sait pas comment « contraindre les Blancs » dans ce processus2. Tu m’étonnes.

Son texte oppose théories marxistes et décoloniales, comme si ces théories ne s’interpénétraient pas déjà depuis des décennies. Il présente les critiques de la modernité et de la colonialité de Bouteldja et Thao comme contradictoires, dans un texte dichotomique qui caricature à l’extrême les travaux du camp décolonial. Lasserre assène des évidences, suggérant que Bouteldja avancerait le contraire. Comme lorsqu’il affirme que « Les ressorts du racisme sont, sur le plan matériel, économiques. Ils ne sont pas uniquement symboliques. », ou répète : « Les intérêts de race […] ne sont pas réductibles à des fantasmes idéologiques »2. Jamais Bouteldja n’a évacué les intérêts matériels concrets que le prolétariat blanc obtient en signant le pacte racial avec sa bourgeoisie.

Ce texte est une opération classique de whitewashing des auteurs indigènes (ici Thao), et le résultat est peu convaincant. Entre les mains de Lasserre, Thao devient un alibi. Il l’utilise pour opposer une pensée indigène qu’il décrit comme «romantique» (Bouteldja) à la figure de Thao qu’il repeint en penseur rigoureux, matérialiste et propre. S’il est vrai que Thao est considéré comme un marxiste bien plus orthodoxe et euro-centrique que certains de ses contemporains3, cette orthodoxie évolue dans son œuvre, et est bien plus poreuse que Lasserre ne le laisse penser. Ce dernier évacue tout ce qui fait désordre chez Thao: la guerre, le vécu, la respiration étouffée, la chair coloniale. Il transforme Thao en vigile du marxisme blanc légitime, en rempart contre les pensées situées. En réalité, il parle moins de Thao qu’il ne parle à travers lui. Il utilise Thao contre les siens.

Thao est bien loin du portrait théorique froid et vide que Lasserre dresse de lui. La source qu’il utilise principalement dans son article, Phénoménologie et matérialisme dialectique4 , est un incontournable dans le corpus de Thao, mais c’est aussi une production qui « ne porte aucune trace explicite de la situation coloniale […]»3 et qui ne suffit pas, à lui seul, à comprendre la pensée de Thao. Prise dans son ensemble, sa pensée peut largement être articulée avec celle des décoloniaux, et non contre elle. C’est ce que propose Matthieu Renault en comparant cet auteur avec l’une des inspirations les plus importantes de Bouteldja : Fanon.

Dans son article Fanon and Tran Duc Thao : The Making of French Anticolonialism3, Matthieu Renault, loin des lectures blanchies de Thao, dresse un portrait entrelacé des deux auteurs. Bien qu’il se refuse à faire abstraction de ce qui sépare Fanon de Thao, il ne les antagonise pas. Bien au contraire, il les lit ensemble. Il montre que Fanon et Thao partagent une même exigence : penser la domination depuis la vie, depuis les corps, depuis l’histoire concrète des peuples colonisés. Renault défend l’idée que « comparer Fanon et Thao […] permet de mieux comprendre la construction de l’anticolonialisme français dans la France de l’après-guerre et l’émergence d’un matérialisme véritablement postcolonial qui pourrait encore être d’une pertinence cruciale aujourd’hui »3.

Dans la majorité de son œuvre, Thao pense à travers la chair. Il reprend le concept de Lebenswelt5 (monde vécu – monde de la vie), développé par Husserl, et l’adapte au contexte colonial dans lequel il s’inscrit. Thao décrit les mondes vécus contradictoires et conflictuels dans lesquels colonisés et colonisateurs vivent. Il conçoit le colonialisme comme « l’agression d’une existence sur une autre existence »5, et Fanon le traduit dans le corps : « Ce n’est pas parce que l’Indochinois a découvert une culture propre qu’il s’est révolté. C’est parce que « tout simplement » il lui devenait à plus d’un titre impossible de respirer »7. Lorsque Thao évoque une dialectique du corps, Renault commente : « Loin d’être nié par et à travers la lutte hégélienne pour la vie et la mort, le désir biologique est le « fondement » de cette lutte […] « il y a une dialectique du corps », notion qui pourrait venir de la plume de Fanon »3,6.

Renault évoque également le livre de Thao publié en vietnamien en 1950, Triêt lý đã đi đên đâu8. Écrit à destination de la diaspora vietnamienne et jamais traduit, Thao y développe la vision « peu orthodoxe de la primauté de la révolution à l’Est sur la révolution à l’Ouest »3,8. Renault rappelle par ce fait que Thao rejoint Fanon, qui conclut dans Les Damnés de la Terre : « Pour l’Europe, pour nous-mêmes et pour l’humanité, camarades, il faut faire peau neuve, développer une pensée neuve, tenter de mettre sur pied un homme neuf »9.

Ainsi Renault tente-t-il d’articuler les discours anticoloniaux de Thao et Fanon pour proposer leur rôle dans la genèse du matérialisme post colonial en France. Dans son article, il conclut : « Lorsqu’on aborde la genèse de la pensée anticoloniale par rapport au marxisme, il est important de ne pas considérer le « matérialisme scientifique » (représenté ici par Tran Duc Thao) et les formes plus hybrides et flexibles de ‘socialisme anticolonial’ (représentées ici par Fanon) comme des opposés. […] les différences réelles entre eux étaient bien plus une question de degré -de déplacement du marxisme- que de nature »3.

À rebours de la proposition de Renault, Lasserre projette ses analyses qui blanchissent Thao et le rassurent : la défense des intérêts de classe détruirait « de facto » les intérêts de race, et ces derniers détruits, les prolétariats blanc et indigène pourraient alors unir leurs forces pour abolir la classe… Les théories de Fanon et Thao s’inscrivent bien loin de ces incantations druidiques, dont l’auteur admet lui-même l’impasse : « Comment conduire les Blancs, car le problème vient bien des Blancs, vers cette abolition de la race par la classe ? Comment les y contraindre ? Je ne sais pas »2. Lasserre déforme Thao pour mieux l’opposer à Bouteldja, en mettant dos à dos théories marxistes et décoloniales, dans un discours binaire, déformé, simplifié, construit pour opposer.

Nous ne lirons pas Thao avec Lasserre. Nous lirons Thao avec Fanon, avec Renault. Nous les verrons entrer en résonnance avec notre chair, avec nos corps. Avec nos mères humiliées, nos corps cabossés, nos enfants qui traduisent à leurs parents les lettres de la CAF. Nous le lirons contre eux, s’ils continuent de faire de Thao un gardien du marxisme occidental blanc.

Nous écouterons la voix de Fanon, qui résonne encore à travers nos corps, quand il parle du racisme qui tue, qui broie et étouffe. Souvenons-nous que c’est ce manque d’air, cette suffocation de Floyd qui a ébranlé le cœur de l’empire. Et quand nos détracteurs projettent sur nous une attache culturelle réactionnaire, répondons-leur avec les mots de Fanon, lorsqu’il évoque le peuple vietnamien en lutte pour sa liberté : « Ce n’est pas parce que l’Indochinois a découvert une culture propre qu’il s’est révolté. C’est parce que « tout simplement » il lui devenait à plus d’un titre impossible de respirer »7.

 

Zakarya

 

 

1Norman Ajari, La Dignité ou la mort – Ethique et politique de la race (2019)

2Dimitri Lasserre, Tran Duc Thao et l’union des Beaufs et des barbares, Positions revue (2025)

3Matthieu Renault, Fanon and Tran Duc Thao: The Making of French Anticolonialism (2015)

4Tran Duc Thao, Phénoménologie et matérialisme dialectique (1951)

5Tran Duc Thao, Sur l’Indochine, Les Temps modernes (1946)

6Tran Duc Thao, La Phénoménologie de l’esprit et son contenu réel, Les Temps modernes (1948)

7Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs (1952)

8Tran Duc Thao, Triêt Lý Ðã Ði Ðên Ðâu (1950)

9Frantz Fanon, Les Damnés de la terre (1961)

Lettre d’Houria Bouteldja à Madjid Ben Chikh

Cher frère,

Merci de m’écrire. J’apprécie la sincérité de cette lettre, son ton fraternel et sa franchise. Permets-moi d’en faire autant.

J’apprends sous ta plume que ton père est mort d’un cancer de l’amiante à 63 ans. Allah  irahmou. Et qu’il n’a pas eu le temps de profiter de sa retraite comme des dizaines de milliers de travailleurs immigrés. Apprends que mon père est mort d’un cancer de l’amiante…à 63 ans. Un hasard, l’âge de leur mort ? Sûrement. La cause ? Sûrement pas. Nos parents sont nés indigènes et vont le rester durant leur vie d’immigrés malgré l « ’indépendance » de leur pays. Quant à nous, fœtus dans le ventre de nos mères,  étions déjà promis à un destin d’indigènes de la république. C’est pourquoi Khaled Kelkal n’est pas un inconnu pour toi. Il ne l’est pas non plus pour moi.

Autre chose nous rapproche : Nous sommes,  toi et moi, doublement dominés en France : toi en tant que sujet colonial et homo, et moi en tant que sujet colonial et femme.  Cela nous rapproche. Non pas parce que ces deux conditions se confondent. Les expériences ne se superposent pas complètement. Ce qui nous lie ce n’est pas tant notre expérience de cumulards (les Blancs peuvent parfaitement bien cumuler des oppressions) mais plutôt l’expérience de la  domination à l’intérieur d’un corps social, l’indigénat, lui-même dominé – socialement et racialement.  Cela multiplie les contraintes qui pèsent sur nous en termes d’autonomie et de « libre choix ». Toi et moi connaissons, du moins je le suppose, l’expérience de l’étau qui se resserre sur nous lorsque nous sommes pris entre le racisme d’Etat, le confinement spatial « communautaire », la solidarité et l’entraide qui sont inséparables des familles et des réseaux informels. Toutes ces dimensions – absolument nécessaires pour compenser toutes les formes de discriminations – réduisent considérablement notre pouvoir de négociation (ou de rupture).

Dans les milieux blancs que nous fréquentons, il y a des idées qui ont la cote comme par exemple celle qui postule que l’un ne peut pas parler à la place de l’autre. Un homme ne peut pas parler à la place d’une femme, une blanche ne peut pas parler à la place d’une noire, un bourgeois ne peut pas parler à la place d’un prolo, etc.  Cette règle n’est pas fausse en vérité.  Mais elle n’est pas complètement vraie non plus. Dieu merci, je n’ai pas été élevée par la gauche (ou l’extrême gauche). Avant qu’une idée de gauche s’installe dans mon cerveau, elle sera au préalable passée au crible de la critique indigène. La greffe prend ou ne prend pas. Lorsqu’elle ne prend pas, je la rejette sans scrupule quelle que soit son efficience en milieu blanc. Et l’idée qu’une parole n’appartient qu’aux « premiers concernés » ne résiste pas à l’analyse. Car s’il y a bien des premiers concernés par l’oppression, ce sont bien les dominants en tant qu’ils la perpétuent ou qu’ils en bénéficient. D’autre part, il n’y a pas d’oppression qui ne mette en cause l’ensemble des structures d’une société – et donc l’ensemble de l’organisation sociale. Même si les opprimés ont une expérience propre de leur oppression, toutes les forces politiques peuvent se prononcer et se prononcent effectivement. Dire cela ne disqualifie pas l’idée selon laquelle les « principaux concernés » doivent diriger leurs luttes. Mais çà, c’est un autre débat.

C’est pourquoi, je n’ai et n’aurai aucun problème à parler à ta place. En vérité, toi et moi occupons la même place et faisons des choix individuels qui vont peu ou prou dans le même sens : protéger la dignité indigène et nous frayer un chemin tortueux pour que respire notre individualité opprimée par la solidarité objective qui nous lie à nos familles et à nos communautés. Toi, tu as tu ton orientation sexuelle et épargné ton père, même si visiblement il y avait une complicité tacite entre vous, et moi j’ai protégé mes parents autant que j’ai pu en opprimant  et sacrifiant ma liberté de femme. Nous ne sommes pas les seuls à avoir suivi ce parcours, nous sommes même certainement représentatifs de la grande majorité des descendants d’immigrés.

Je ne m’attarde pas sur ce que nous comprenons toi et moi par le mot « priorités » et que beaucoup confondent (innocemment ?) avec « hiérarchie ». Je crois qu’on est globalement d’accord.

Je te suis également lorsque tu évoques l’histoire de l’oppression et des persécutions des homosexuels en Europe et des conditions d’apparition de (s) l’identité(s) homosexuelle(s). Tu dis que la construction de ces identités n’a pas été évidente. Qui dit le contraire ? Je n’ai même pas évoqué cette question. Je te suis un peu moins lorsque tu généralises  l’oppression des homos spacialement et temporellement et la nécessité de s’identifier socialement et politiquement. Je ne suis pas pour ma part spécialiste de ces questions mais mon ignorance en la matière ne me retire pas une conviction : la notion d’oppression comme celle d’émancipation ne sont ni universelles ni intemporelles. Cela est vrai pour les homosexuels comme pour les femmes. Chandra Talpade Mohanty, les féministes noires et bien d’autres ont constamment souligné la pluralité des conditions de vie des femmes, et dénoncé l’essentialisation des « femmes du tiers monde » comme des stratégies impérialistes. Si cette évidence est désormais largement admise dans le cas des femmes, pourquoi pas dans le cas des personnes ayant des rapports sexuels avec des personnes de même sexe ? Chaque situation doit être mise en contexte et traitée localement en fonction des rapports de force sociaux et des structures qui prévalent réellement et non selon le fantasme de la condition universelle et éternelle des femmes ou des homos. Sur ce sujet, et particulièrement à propos du monde arabe, je te propose cette introduction aux travaux de Joseph Massad que la RDL vient de publier en ligne. Peut-être l’as-tu  déjà lu ? https://www.contretemps.eu/wp-content/uploads/RDL-9global-30-37.pdf

Mais nous sommes en France. L’identité homosexuelle y est disponible. Tu as choisi de revendiquer ton homosexualité. C’est ton choix et il est légitime. Je ne suis pas la police des mœurs et comme on dit chez nous Dieu est grand. Mais j’avoue plus me reconnaître dans un autre choix. Celui dont témoigne cet homme : http://yahoo.bondyblog.fr/201207110001/m

. Il n’est pas meilleur que le tien. Note que je ne le préconise pas. D’ailleurs, je ne préconise rien. Je dis juste que ce garçon me ressemble. Ce qu’il y a de frappant, c’est qu’à sa manière, ce garçon articule la pluralité de ses oppressions mais que ce choix est incompréhensible selon la grille d’analyse des féministes et mouvements LGBT blancs hégémoniques pour lesquels l’émancipation se mesure prioritairement à l’aune de la visibilité, de la fierté et non à celle du bien-être social et à la dignité indigène. Je disais dans le texte qui a provoqué cette discussion que la liberté indigène n’avait pas le caractère absolu de l’idéal progressiste blanc et que le sacrifice faisait partie intégrante de notre réalité. N’est-ce pas ce que confirme ce homme lorsqu’il dit : « Le coming-out ne fait pas vraiment partie de mes projets, c’est pas trop dans ma culture, mon éducation. Ce serait comme une trahison et il n’y a rien de pire que cela ! Ne serait-ce que penser à leur regard de dépit, ça me fait froid dans le dos sans oublier qu’ensuite, je les reverrais sûrement plus ». Tu vois, ce qui me chiffonne, c’est que les mouvements de gauche conçoivent les choix concrets que font certaines femmes ou « homosexuels » noirs er arabes dans des contextes de précarité sociale, de relégation et de racisme, au mieux comme une aliénation, au pire comme une complicité collective et passive au patriarcat et à l’hétérosexisme. Or, si leurs stratégies de vie contredisent les choix hégémoniques des gays ou des féministes blanches, ils ne doivent pas seulement être respectés ou tolérés – ce qui est pourtant rarement le cas – mais considérés comme des coordonnées de notre réflexion politique.

En effet, ne vois-tu pas qu’au-delà de la question des identités, ma volonté est de penser un agenda politique qui tienne compte des contraintes contradictoires et d’intérêts divergents ? Crois-tu sincèrement qu’il suffise d’énoncer des principes pour que ceux-ci aient une traduction politique effective ? Que signifie par exemple « articuler orientation sexuelle et race » politiquement quand on est dans la cité du Luth ou aux Minguettes ? Comment créer du lien avec les associations locales à partir de cette problématique ? Comment sensibiliser la population ? Comment pénétrer dans la mosquée ou dans d’autres lieux de culte ? Quel sera le contenu politique de la démarche ? Encourager les homosexuels à se revendiquer ? Sensibiliser la population à plus de tolérance ? Mais à la demande de qui ? Quels sont les espaces dans la cité revendiquant une meilleure reconnaissance des homos dans le quartier ? Existent-ils ? Poser ces questions, ce n’est pas nier l’existence d’ « homosexuels » dans les quartiers. C’est encore moins justifier le silence sur les questions sexuelles pas opportunisme. C’est se demander si on peut politiser la question de la famille et de la sexualité partout de la même manière, sous un angle identitaire et séparé des revendications du reste de la population.

Te souviens-tu de l’opération médiatico-politique de Ni Putes Ni Soumises ? De son échec patent à s’ancrer dans les quartiers, du rejet total dont elle a été l’objet par les « premières concernées » ? Rejet inversement proportionnel à son succès auprès des élites blanches. Cela pouvait-il signifier que les souffrances endurées par les femmes n’existaient pas ? Non, à l’évidence. Mais il aurait fallu à ce moment là, poser un regard sur les organisations de femmes des quartiers – même lorsqu’elles ne se déclarent pas féministes, même lorsqu’elles se consacrent au suivi scolaire, à la prison, à la réinsertion sociale –  qui connaissent leurs priorités, qui ont un savoir stratégique en contexte de précarité sociale et qui enfin respectent leur environnement culturel. Elles sont nombreuses ces associations et toutes ont bien compris le message quand elles ont vu les gros financements absorbés par NPNS. Ce qui était en jeu ici c’était de désolidariser les femmes des hommes. Or, les femmes sont souvent au premier plan des comités de soutien des victimes de violences policières – qui sont des hommes la plupart du temps ! De la même façon, comment les indigènes « homosexuels » pourraient-ils envisager la lutte contre le sida comme un combat à mener « en tant qu’homosexuels », alors que le HIV est inséparable de la difficulté générale d’accès aux soins, de la guerre contre la drogue, de l’univers carcéral, que le virus concerne des familles « hétérosexuelles » ? Les acteurs qui soulèvent ces questions sous cet angle existent. Pourquoi sont-ils si isolés ? Par conséquent, ce qui est urgent, c’est d’envisager un programme de transformation sociale qui desserre l’étau de la ségrégation spatiale et qui favorise l’autonomie et l’égalité.

Lorsque je poursuis la lecture de ta lettre, je me demande si c’est bien à moi que tu réponds lorsque tu parles des évangélistes qui financent les offensives islamophobes en Afrique ou des anti-impérialistes qui revoient l’homosexualité à l’Occident. Je ne suis ni dans un camp ni dans l’autre puisque j’ai clairement dénoncé l’imposition des normes hétéros comme des normes LGBT.

Pour finir, je voudrai te faire un aveu. Le propos du texte qui suscite cette discussion n’est pas vraiment l’homosexualité ni même les identités. Ca n’est pas vraiment non plus l’impérialisme gay ou l’homoracialisme. Tout ça, c’est un arrière plan. Ce texte est avant tout une proposition stratégique. Il tente de résoudre une équation complexe : comment envisager des alliances politiques dans un avenir plus ou moins lointain entre des espaces politiques a priori irréconciliables mais dont l’union est nécessaire pour au minimum neutraliser les forces qui fabriquent la misère et la destruction, au mieux pour proposer des alternatives sociales. D’où l’importance de la notion d’ « espace temps indigène », de « régression féconde », d’ « ennemi principal ». En d’autres termes, quelle traduction politique donner aux contradictions qui surgissent du croisement du champ politique blanc et de l’espace-temps indigènes ? Au passage, je ne me suis pas permise de remettre en question les modes d’émancipation blancs des mouvements LGBT, leur espace-temps. Je n’ai pas émis le moindre jugement moral. L’as-tu seulement remarqué ?  Tu aurais dû, car une des craintes que j’ai souvent rencontrées dans les discours dominants, c’est l’idée selon laquelle « le communautarisme », « l’islam », « le culturalisme » – de banlieue bien sûr – pouvaient un jour remettre en cause les acquis du féminisme et des luttes homosexuelles. La voie décoloniale est toute autre. Elle offre des perspectives, certes discordantes, mais pas antagoniques dans la mesure où elle dénonce tous les impérialismes, qu’ils soient gays ou hétérosexuels. Et qui sait, peut-être ces perspectives pourront se révéler convergentes un jour ? Mais ce ne sera certainement pas le fait de la bonne volonté des Blancs, de poignées de LGBT « racisés » et encore moins de slogans qui additionnent les combats (antiracistes, féministes, LGBT) en croyant les « articuler ».

Tu le sais, nous vivons un moment critique de l’histoire de l’Occident : une grave crise économique, le déclin de l’hégémonie blanche, une islamophobie galopante, et la poursuite des guerres impérialistes. Face à ces défis gigantesques, on ne peut que constater l’absence de force politique indigène, la faiblesse des forces de résistances blanches décoloniales, l’indigence de ces mêmes forces concernant le défi des quartiers populaires et du racisme d’Etat et la distance à parcourir pour que se réalise un large front contre le pouvoir actuel compte-tenu des exigences blanches et des résistances indigènes. Ma démarche n’a pas d’autre ambition que de tenter de réduire cette distance et d’expliciter les conditions d’une alliance ou d’une coalition émancipatrice.

Cher Madjid, je te remercie d’avoir posé le débat dans des termes qui me parlent et auxquels, contrairement peut-être à ce que tu penses, je n’ai pas la prétention d’apporter des réponses définitives.

Filaman,

Ta sœur, Houria

 

1 http://survivreausida.net/soutien

2 « Les mystères de l’articulation races/classes », Sadri Khiari.

http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_article=1361

Lettre de Madjid Ben Chikh à Houria Bouteldja

« Chère Houria Bouteldja »

Suite à la publication par Street Press (1) d’un article accusant d’homophobie le PIR, sa représentante Houria Bouteldja ainsi que les deux auteurs du livre Les féministes blanches et l’empire (2), les réseaux sociaux se sont enflammés, conduisant les « accusés » à se justifier et publier plusieurs justifications ainsi qu’une première réponse de l’écrivain homosexuel marocain Abadallah Taia (3).

Je hais les débats communautaires, ça me fait chier car ce sont des sujets que je maîtrise très mal, et de plus, je m’en suis toujours tenu à l’écart dés que possible pour ne pas me retrouver enfermé dans les boîtes où justement on tache toujours de nous enfermer. Cela ne veut pas dire que je ne m’y suis jamais intéressé. Mais personnellement, je préfère nettement l’économie, l’histoire ou la musique.

Mais devant la violence de la charge, tombant comme par hasard après six mois d’écumage des fosses sceptiques homophobes des politiciens de la France profonde, de l’église la plus réactionnaire et des nervis de l’extrême droite, la consternation aussi face à ces accusations, j’ai été incapable de réprimer l’envie de m’en mêler, de m’y jeter. J’ai beaucoup échangé sur Facebook, beaucoup lu les réactions. Après plusieurs mises au point, Houria Bouteldja a publié sur le site du PIR (4) une mise au point qui, sans que j’y adhère entièrement, m’a semblé fournir une bonne base de discussion.

Qu’on ne s’y trompe pas. Si j’ai considéré que ce texte posait les bases d’une discussion, c’est avant tout car je comprends un certains nombre des arguments que Houria y avance et qui n’ont, de fait, jamais émergé au sein des associations homosexuelles.

Pour certains, sur mon mur, les réactions m’ont fait l’effet que je pactisais avec le diable.

Ce type de réaction m’a encouragé dans mon choix, porté par une intuition profonde.

Après tout, un de mes premiers articles pour minorités fut au sujet du silence des LGBT au sujet d’une loi génocidaire en Ouganda (5). Sentiment de revenir aux origines et de boucler une boucle, de terminer le travail laissé béant à ce moment là.

J’ai proposé à Houria le contrat suivant. Je vous le livre tel quel avec quelques coupure qui en rendent la lecture plus aisée.

« J’aimerais te proposer quelque chose au sujet de la question de l’homosexualité car si je comprends bien ta grille de lecture et l’approuve dans ses grandes lignes, j’aimerais en discuter certains termes. Non pas à partir de cet agenda blanc que tu dénonces à juste titre, mais à partir de tes termes et de ma réalité d’indigène homosexuel car il me semble que tu passes à côté de notre réalité (je te précise que je ne vois au passage aucune homophobie dans tes propos).

Minorités.org a publié de nombreux articles contre les discriminations dans les quartiers, que ce soit le foulard ou l’islamophobie.

Je vis au Japon, il m’est quasiment impossible de faire une interview, et je ne suis pas fana de la formule 5 questions car je ne veux pas te coincer, et je pense que ton article sur le site du PIR parle de lui même.

J’aimerais en revanche écrire un papier, on l’appellera Chère Houria, je te le ferai parvenir, et tu apporteras la réponse que tu veux, comme tu le veux, avec les références que tu veux.

Je me permettrai juste de conclure cet échange de deux ou trois lignes pour partager mon sentiment sur ta réponse, et je te communiquerai cette impression avec une dernière copie du tout.

On n’est pas payé quand on écrit à minorités. Je serais extrêmement fier de faire ce travail, parce que c’est aussi cela, la stratégie d’un indigène homosexuel : mon père est décédé sans savoir que j’étais homosexuel, mais je sais au fond de moi que c’est le type d’article pour lequel il aurait été profondément fier. »

Chère Houria,

Tout d’abord, je dois à mon message une correction. Bien sûr, que mon père savait. Comment ne l’aurait il pas su, d’ailleurs. Dans la cité des fleurs où j’habitais, à Bondy, à côté de la cité De Lattre, tout le monde savait : je ne l’avais jamais caché, et ce, dès 15 ans. Aussi curieux que cela puisse paraître, mes copains du cours d’arabe, au CPRA, ou les anciens copains de collège, jamais, ne se sont moqués de moi. Tout au plus, j’ai été interrogé, comme s’il voulaient être sûr que c’était vrai. Je crois avant tout qu’ils ne concevaient pas, mais parfois il me racontaient des histoires sur le Bled, où visiblement les tandems de garçons étaient en fait un peu plus que des amis. On y reviendra un peu plus tard.

Oui, Houria, tu as raison : notre histoire d’indigènes, la très grande majorité des LGBT ne peuvent pas la comprendre. Ce n’est pas la leur. Ce n’est pas un reproche, juste un fait qui a, bien entendu, des implications importantes.

Je n’ai jamais eu l’opportunité de le dire à mon père. En fait, il a perdu son travail en 1978 avec la fermeture de l’usine, à La Courneuve, il avait alors 52 ans, parfois, à l’ANPE, on lui suggérait de rentrer en Algérie, et puis les autres entreprises ne voulaient plus de lui, trop vieux.

La religion est revenue dans sa vie, à lui, le vieux panarabiste et ancien militant du FLN. Je sais bien que tout ça te semble assez banal, on vient du même coin, ça l’est un peu moins pour le lecteur de minorités. La religion, c’est de famille. Ben Chikh, le fils du Cheikh. Origine vers Ain El Hammam. Tout le monde le regardait comme un illettré, analphabète. Il pouvait pourtant réciter le Coran, connaissait Aristote, parlait parfaitement l’Arabe classique, le Kabyle bien entendu, et il s’était appris lui même le français, après avoir fréquenté 15 jours une école pour l’apprendre : le livre racontaient des histoires avec Mamadou, Mohammed, des tournevis et des moteurs à réparer. Un soir, il était revenu en colère.

Je crois bien que c’est pour ça que j’ai toujours eu un problème avec ce mot, « indigène ». C’est dur, à accepter, quand on a conscience d’où on vient. Il avait étudié dans une madrasa. Ben Chikh oblige.

À partir de 1979, on est entré dans la très grande pauvreté. Mes parents ramassaient les fruits et légumes sur les marchés, ma mère faisait des ménages : les immigrés ont été en première ligne dans les restructurations de la seconde moitié des années 70.

Moi, j’ai commencé à fuir la maison. À l’école, je faisais le programme minimum. J’ai quand même eu mon bac, tu te rends compte, dans un milieu pareil ? Comme Khaled Kelkal, le brother que je me suis trouvé en lisant son interview posthume (6). J’ai fait ma place dans le milieu gay. J’y rencontrais d’autres gosses de cité, comme moi, arabes, antillais, certains bien moins bien partis dans la vie. La plupart, à cette époque, fréquentaient une boîte appelé Le Scorpion, à Strasbourg Saint Denis, ou bien Le Scaramouche. Pas moi. Ils étaient vraiment folles, souvent.

Très vite, goût pour les études oblige, mon cercle d’amis se fit plus cultivé et j’allais au Broad, un autre genre. Plus blanc. De toute façon, j’étais un rocker.

C’est finalement quand j’ai eu passé cette sorte de crise d’adolescence pédé que mon père est tombé malade. Une leucémie. L’amiante, au travail. Il est mort à 63 ans, pile poil comme les travailleurs immigrés qui en général meurent avant de toucher leur retraite.

Jamais eu l’occasion de lui dire.

Je te raconte ça parce que je piges vraiment, quand tu parles des priorités dans les quartiers. Pas de travail, les violences policières, le délit de faciès, la négation de notre histoire. Oui, il y a une identité collective à se réapproprier. La dernière partie de ton texte me parle. Oui, il y a une temporalité différente, elle n’est pas due à la volonté des habitants des quartiers, mais à ce que la société française a elle même produit, et ce, depuis la colonisation, et pour certains, depuis la traite esclavagiste.

Et puis c’est vrai que les homosexuels médiatiques donnent une image, celle de l’argent, de la réussite, de leur blancheur.

Mon amie Hélène (7) évoquait cette semaine sur mon mur La folle arabe, qui chante, roule les fesses. Invisible, chez les LGBT. Immontrable. Au PIR aussi, d’ailleurs.

Mais c’est parce que tu as parfaitement raison en restituant une temporalité, une identité dans ces quartiers que tu manques un point fondamental.

L’homosexualité est universelle. Ce qui ne l’est pas, ce sont les formes qu’elle revêt. Mais établir une distinction comme tu le fais entre l’homoerotisme ici et l’homosexualité, Ben… Laisse moi t’expliquer.

L’homoérotisme, ce sont ces tandems de copains, qui se touchent, marchent main dans la main dans tout le pourtour du Bassin Méditerranéen, à Alger ou ailleurs. Ce sont les Grecs qui avaient l’intégré (et non l’homosexualité qui y était punie de mort) dans leur cycle d’éducation.

Ce que tu nommes homoérotisme est une des nombreuses formes que prend la catégorie sociologique des « hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ». Une des catégories car, pour en avoir été le témoins en Algérie, l’homoerotisme au Maghreb est une forme très poussée d’amitié, à priori plus ou moins consommée sexuellement mais, à priori, en excluant toute sodomie (je dis bien à priori car personne ne peut vérifier). Cela peut être ainsi purement sensuel et Platonique comme cela peut être un réel désir physique conduisant à des rapports sexuels plus ou moins poussés.

Cette forme de la sexualité, de plus en plus réprimée du fait de l’influence aliénante des pires formes du conservatisme patriarcal occidental depuis la colonisation et de l’échouage social de la jeunesse, ne doit pas masquer l’existence des homosexuels. Ce que Didier Lestrade, reprenant le rapport Kinsey, appelle les « Kinsey 6 ».

100% homosexuels.

Cela étant posé, et puisque je suis moi même un Kinsey 6, je continuerai en disant NOUS. Et ces homosexuels, tout en parvenant, dans ces pays, à trouver leur place dans cette forme de sexualité, en sont souvent également victimes : leur désir est plus fort, leurs sentiments plus intenses, la jalousie des autres hommes guète. Mameri, dans La colline oubliée, raconte l’un d’entre nous. Ils danse, il joue de la flûte, et les yeux des hommes brillent.

Car NOUS sommes partout. On nous a brûlé en place publique en occident, châtré, électrocuté, drogué, lobotomisé, interdit, enfermé, et nous sommes toujours là. Que ce soit en Europe, en Afrique, en Asie, en Océanie ou dans les Amériques.

Cela m’amène à l’idée de construction d’une homosexualité politique, une idée que tu conteste, alors que ton travail, que pour ma part je respecte, consiste à construire une identité. L’indigène.

Je pense que sur ce sujet de l’identité politique homosexuelle, tu es à côté.

Car cela n’a pas été évident, pour les homosexuels, de construire une identité politique, cet outil de l’émancipation.

Cette identité nous a été, elle nous est toujours, nécessaire, pour éviter la prison, le bûcher, la lobotomie, l’internement, le mariage forcé, que sais-je, tout cet arsenal inventé en occident pour nous éradiquer et créer la société moderne parfaite qui faisait tant rêver les hygiénistes bourgeois blancs du 19ème siècle, en même temps qu’ils développaient leurs idées eugénistes pour éliminer avant la naissance la trisomie, le nanisme, etc

L’apothéose de cette idéologie de la perfection sociale fut atteinte durant les années 30 et 40 dans l’Allemagne nazi quand cette idéologie ultra-moderne systématisa et industrialisa l’éradication des Juifs, des tziganes, des prostitués, des malades mentaux. Et des homosexuels.

La France a ainsi conservé, jusqu’à l’élection de François Mitterrand, en 1981, une législation du régime de Vichy condamnant l’homosexualité, la comparant à un acte contre la pudeur et l’enregistrant au même niveau que la tuberculose et le cancer, parmi les maladies à éradiquer.

La construction d’une identité politique homosexuelle n’a donc pas été de soi. Elle a été une lutte, politique, contre une des tares fondamentales de l’Occident, la même exactement qui avait au 19ème siècle conduit à catégoriser et hiérarchiser les races et les cultures pour mieux les dominer.

Il n’y a aucun hasard à ce que l’émergence d’une identité politique des homosexuels se soit développée parallèlement aux luttes d’émancipation des peuples. Il n’y a aucun hasard à ce que Jean Genet fut un compagnon de route engagé auprès des peuples arabes. Il n’y a aucun hasard à ce que James Baldwin devint un des premiers écrivains ouvertement homosexuels, et ce, dans les années 50.

Aucun.

Alors bien sûr, maintenant que cet agenda politique est parvenu à faire évoluer les élites et les législations des grandes puissances impérialistes, le caractère révolutionnaire de cet agenda tend à céder la place, au sein même desdites élites, à une sommation à « évoluer » pour le reste du monde, transformant cet agenda en une sorte de nouvelle évangélisation, les droits des homosexuels devant, et les multinationales derrière, à l’affût.

D’ailleurs, parallèlement à ce nouvel agenda d’une dépénalisation universelle de l’homosexualité, les groupes ultra-conservateurs des mêmes puissances impérialistes, via l’Opus Dei ou les églises évangélistes protestantes (8), financent de puissantes offensives homophobes dans certains pays d’Afrique, montrant bien que cet agenda autours de l’homosexualité, principalement en Afrique mais aussi en Asie, cache bel et bien, en réalité, une guerre économique pour le contrôle des richesses dans les anciennes colonies de la vieille Europe déclinante comme cela se fit à la fin du 19ème siècle en Amérique latine.

Mais une fois cela dit, comment puis-je, en tant qu’homosexuel, et en tant qu’indigène moi-même, me contenter d’assister au spectacle de la persécution de ceux qui, eux aussi cumulent ces deux casquettes. Leur enfermement. Leurs condamnations à mort. Comment puis-je accepter que les églises protestantes, souvent avec l’argent du Fond International contre le SIDA, financent en Afrique Subsaharienne de violentes campagnes anti-homosexuelles, en s’appuyant sur de pseudo discours anthropologiques pour justifier que l’homosexualité serait une pratique importée et venue de l’Occident quand tout ce que réclament les homosexuels dans ces pays est de pouvoir vivre leur vie et surtout éviter la propagation du VIH, non seulement chez les homosexuels, mais aussi chez les hétérosexuels.

Et comment ne puis-je pas, comment ne pouvons NOUS pas, collectivement, en tant qu’homosexuels, sursauter, quand certains dans les milieux des luttes anti-impérialistes, développent des discours ambigües, renvoyant l’homosexualité à l’Occident, et refusant de voir qu’elle est une réalité vraie, vécue, de tous les temps, en Afrique ou ailleurs.

La place que tu nous accordes dans l’ordre des revendication, cette sorte d’invisibilité, est injuste, unfair. Et discriminant.

Nous sommes nombreux, Houria, et nous sommes nombreux à vivre out. Et contrairement à tous les clichés véhiculés par les fans de Caroline Fourest, ça se passe globalement pas plus mal pour les souchiens que pour les indigènes. Ce sera peut être un peu plus difficile, mais nous ne tarderont pas à nous marier aussi, contrairement à ce raccourci un peu facile qui consiste à penser que le mariage ne concerne pas les cités. Car nous y vivons aussi.

En fait, même en Palestine, nous existons, et nous combattons pour la libération de notre terre. Et même quand nous sommes victimes de l’obscurantisme du Hamas et conduits à l’exil, nous continuons à lutter pour le droit du peuple Palestinien. Parce que que tout gay friendly (9) que peut tenter de se présenter Israël, l’oppression du peuple Palestinien nous expose à la même fragilité que nos frères et sœurs, en nous désignant en plus comme ennemis quand Israël tente de récupérer notre cause (10).

En fait, c’est le refus de prendre en compte la réalité de notre présence dans les quartiers qui donne aux LGBT toute leur blancheur.

Il serait temps d’avoir le courage (et ton texte, en abordant la question de l’homoerotisme, avec toutes les critiques que cela me suggère, va réellement dans le bon sens car ça ne plait pas forcément à tout le monde), de reconnaître notre présence dans les cités non pas comme pièces rapportées ni produits d’une quelconque acculturation, et que nous sommes bel et bien homosexuels.

Il serait temps de regarder ces femmes transsexuelles qui se prostituent à la Porte de Clichy comme une part de notre histoire commune. Sans papiers, au ban, livrées à l’arbitraire de la police et du SIDA. Car derrière ces femmes, tu le sais certainement, il y a des familles, souvent bien plus compréhensives que les reportages sensation sur l’homophobie de TF1 veulent bien dire. Les associations LGBT les laissent à leur destin, qui donc s’y intéressera ?

Il serait temps que dans cette cause décoloniale le VIH trouve enfin sa place. Aux USA, en France, ACT-UP dès sa création fit le lien entre l’indifférence des politiques et des médias et le fait que la maladie touchait avant tout l’Afrique et les parias dans les puissances impérialistes. Maintenant que les traitement en Europe ou aux USA sont extrêmement performants et « presque » confortables, que le droit au mariage se trouve reconnu dans de plus en plus d’états, qui va pousser la lutte contre le SIDA en Afrique ou en Asie, où les traitements restent à la traîne et continuent de porter leurs lots d’effets secondaires.

Il serait temps pour que cette cause progresse qu’il y ait enfin des militants, et pas seulement homosexuels, pour pointer le caractère blanc de tout la nomenklatura homosexuelle, son islamophobie.

Cela passe par l’émergence de militants homosexuels issus des quartiers. Ça, c’est notre part.

Cela passe par un travail de la part d’organisations comme le PIR, non pas pour reprendre les revendications homosexuelles, mais pour casser les représentations homophobes qui circulent et que certaines formulations anti-impérialistes entretiennent. Comme je te l’ai écrit, le texte que tu as publié, en reconnaissant des pratiques sexuelles multiples, esquisse un possible.

Le succès de la luttes pour la reconnaissance et le droit des homosexuels ne doit pas effacer d’où les homosexuels viennent : nous nous sommes battus, et nous avons aussi nos morts. Beaucoup continuent dans le monde à se battre, et ils ont besoin que nous relayons leurs luttes avec la même légitimité que les combattants Palestiniens ont besoin que nous relayons la leur.

Les homosexuels sont à la croisée des chemins. Le mariage passé, dans les mois qui viennent, les traditionnels discours islamophobes reviendront, et cette fois, la chasse aux électeurs homosexuels sera ouverte, islamophobie à l’appuie (11), comme c’est le cas dans d’autres pays européens (12). Un peu comme certains musulmans regardent du côté du FN (13) pour se trouver le masque de respectabilité que la société leur refuse.

Il sera alors fondamental que les militants homosexuels conscients de l’enjeu des luttes décoloniales et que les militants comme toi conscients des nouvelles dynamiques à créer parviennent à jeter les bases d’un dialogue à égalité. Cela voudra dire, de part et d’autre, et dans le respect de l’identité de chacun, casser les préjugés et les représentations. Il nous faudra du courage.

  1. Street Press, 7 février 2013, Plus forts que Frigide Barjot, les Indigènes de la République dénoncent l’« impérialisme gay » http://www.streetpress.com/sujet/74580-plus-forts-que-frigide-barjot-les-indigenes-de-la-republique-denoncent-l-imperialisme-gay
  2. Les féministes blanches et l’empire, Félix Boggio Ewanjé-Epée et Stella Magliani-Belkacem, octobre 2012 , http://www.amazon.fr/féministes-blanches-lempire-Boggio-Ewanjé-Epée/dp/2358720437
  3. Non, l’homosexualité n’est pas imposée aux Arabes par l’Occident, Rue89, 8 février 2013, http://www.rue89.com/2013/02/08/non-lhomosexualite-nest-pas-imposee-aux-arabes-par-loccident-239439
  4. Universalisme, Homoracialisme et « mariage pour tous », 12 février 2013, http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_article=1794
  5. Ouganda, ou le vrai visage du militantisme gay, minorités, http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/594-ouganda-ou-le-vrai-visage-du-militantisme-gay.html
  6. Interview du journal Le Monde, 7 octobre 1995, http://antisophiste.blogspot.jp/2009/04/khaled-kelkal-terroriste.html
  7. Celles et ceux qui ne connaissent pas Hélene Hazera liront par exemple El Gusto a réveillé la princesse endormie du Chaabi, minorités, http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/1421-el-gusto-a-reveille-la-princesse-endormie-du-chaabi.html
  8. Ouganda, Amnesty International, http://www.amnesty.ch/fr/actuel/magazine/2011-67/LGBT-Ouganda
  9. Le porno gay au secours de la propagande israélienne, Didier Lestrade, minorités, https://www.google.com/search?q=lestrade+gay+porn+israel&ie=UTF-8&oe=UTF-8&hl=fr&client=safari
  10. (10)Gay Palestinian caught in the middle of the conflict,  http://www.globalpost.com/dispatch/news/regions/middle-east/israel-and-palestine/120607/gay-palestinians-lgbt-israel-conflict
  11. (11)Les gays virent-ils a droite, Liberation, au sujet du livre de Didier Lestrade, 13 janvier 2012, http://www.liberation.fr/societe/01012383075-les-gays-virent-ils-a-droite
  12. (12)Wilders, les musulmans, les juifs et la méritocratie, Laurent Chambon, minorites, http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/730-wilders-les-musulmans-les-juifs-et-la-meritocratie.html
  13. (13)Pourquoi je soutiens Soral, pastiche en forme d’argumentaire, PIR, juin 2011, http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_article=1364

Tribune féministe internationale pour le boycott du Forum Mondial des Femmes pour la Paix

Nous, militantes et organisations féministes, dénonçons et appelons au boycott international du Forum Mondial des Femmes pour la Paix, organisé par le mouvement Guerrières de la Paix les 19 et 20 septembre à Essaouira, au Maroc.

Créé en France en 2022, Guerrières de la Paix se présente comme un collectif de femmes juives et musulmanes « pour la paix, la justice et l’égalité ». Depuis le déclenchement de la guerre génocidaire menée par Israël contre Gaza, il déploie une intense propagande qui instrumentalise une rhétorique humaniste pour défendre le statu quo colonial. Sa mise en avant par les médias dominants – notamment en France – contribue à marginaliser les voix qui dénoncent le génocide.

Dans son discours, le collectif met sur un même plan l’État sioniste et la résistance palestinienne, réduisant la réalité coloniale à un « conflit » symétrique entre deux camps. Selon sa fondatrice Hanna Assouline, « il va falloir panser de nombreuses plaies, être capables de pardonner. La liberté et la sécurité des deux peuples sont interdépendantes » (Sud-Ouest Dimanche, 10 novembre 2024). Une telle vision nie l’asymétrie entre une puissance coloniale d’occupation et un peuple opprimé qui lutte pour sa survie et sa dignité. Alors qu’Israël intensifie son offensive pour imposer l’occupation totale de Gaza et poursuivre la colonisation en Cisjordanie, Guerrières de la Paix réduit cette violence structurelle à la seule politique du gouvernement Netanyahou, sans remettre en cause le sionisme comme projet colonial génocidaire.

Le collectif, qui prétend incarner une voix nuancée, renvoie pourtant dos à dos les soutiens des massacres commis par Israël et le mouvement de solidarité internationale avec le peuple palestinien qui réclame une fin au génocide.

Guerrières de la Paix en appelle à la « responsabilité des femmes » et au « rapport pragmatique qu’elles ont à la vie et à l’engagement » pour mettre fin au « conflit ». La sororité, érigée en socle du mouvement féministe, est ainsi convoquée pour exiger que les femmes israéliennes et palestiniennes refusent toute assignation à un camp et agissent main dans la main. Ce narratif est d’ailleurs mis en scène lors de mobilisations comme à Paris ou à Cannes, où des femmes juives et arabes se sont réunies derrière des slogans humanistes volontairement vagues et consensuels qui occultent les massacres quotidiens infligés depuis près de deux ans au peuple palestinien par l’armée d’occupation israélienne, touchant de manière disproportionnée les femmes et les enfants.

Un tel discours efface également le rôle décisif joué par les femmes dans les luttes de libération nationale, y compris dans la résistance palestinienne. Il s’inscrit dans la continuité de l’instrumentalisation du féminisme par les puissances impérialistes, qui l’utilisent pour légitimer leurs guerres coloniales et diviser les peuples opprimés.

Ce féminisme pacifiste incarné par les Guerrières de la Paix, qui trouve un large écho dans les médias et auprès de certaines élites politiques, économiques et culturelles en Occident et dans le monde arabe, met en avant la résolution 1325 adoptée par l’ONU en 2000 qui promeut une participation accrue des femmes dans les processus de paix, comme aime à le rappeler Hanna Assouline. Mais pour le collectif, le recours au droit international est sélectif : les droits que l’ONU reconnait au peuple palestinien — autodétermination, droit au retour, légitimité de la lutte armée — sont niés, et la résistance assimilée au terrorisme. Par ailleurs, l’organisation refuse de parler de génocide malgré les constats de l’ONU et de la Cour Internationale de Justice, préférant utiliser un langage édulcoré pour qualifier la barbarie israélienne.

En mai 2025, le collectif a accompagné une délégation de députés français au Sommet pour la Paix à Jérusalem, organisé par des ONG israéliennes, alors que plusieurs élu·es français·es et européen·nes s’étaient vu interdire l’entrée en Israël en raison de leur critique du gouvernement Netanyahou et de sa politique. Tandis que la bande de Gaza traversait une crise humanitaire extrême, les discours du Sommet appelaient à la paix et à la reconnaissance de l’État palestinien, dans des termes aux contours flous. Les interventions les plus concrètes furent celles du président Emmanuel Macron (par message vidéo) et du tandem Ehud Olmert, ex-Premier ministre israélien qui a mené la guerre contre le Liban, et Nasser Al-Kidwa, ancien ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne : reconnaissance d’un Etat palestinien, mais dans des conditions qui en font de facto un État vassalisé.

En août 2025, le collectif a promu des rassemblements organisés récemment à Beit Jala en Cisjordanie contre la famine à Gaza, réunissant Israélien·nes et Palestinien·nes. En présentant ces mobilisations comme porteuses d’espoir et en contribuant à invisibiliser le fait qu’Israël a annoncé, quelques mois plus tôt, le développement de nouvelles colonies dans la région de Beit Jala, le collectif participe de fait au blanchiment de crimes coloniaux.

La stratégie des Guerrières de la Paix est claire : dépolitiser la solidarité internationale pour la réduire à sa dimension humanitaire et évacuer la question centrale, à savoir la libération de la Palestine. L’organisation du Forum mondial des Femmes pour la Paix à Essaouira s’inscrit dans cette même logique de légitimation d’Israël et de promotion de la normalisation de ses relations avec les régimes arabes, malgré le rejet massif des peuples de la région.

Présenté comme un rassemblement international de militantes israéliennes, palestiniennes, iraniennes, afghanes, marocaines et autres, ce forum ambitionne de lancer un « appel international des femmes pour la paix ». En réalité, il cherche à imposer un « nouveau narratif de paix » visant à neutraliser la mobilisation féministe internationale, aujourd’hui fortement engagée aux côtés du peuple palestinien dans une tradition anti-impérialiste et internationaliste.

En tant que féministes, nous dénonçons avec force l’instrumentalisation de nos luttes pour blanchir les crimes commis par l’État colonial israélien. Nous affirmons haut et fort : la Palestine est une lutte féministe. C’est pourquoi nous rejetons toute rhétorique de paix qui ne s’accompagne pas d’un soutien clair et explicite au mouvement de libération du peuple palestinien.

Pas de paix sans justice, pas de justice sans libération de la Palestine.

 

 

Signer la tribune : bit.ly/femcall

 

Premières signatures

Militantes et personnalités

Hana Abbes, Avocate (Tunisie)

Mariam Abu Daqqa, Dirigeante au sein du Front populaire de libération de la Palestine et militante politique et associative féministe (Palestine)

Imane Ait Ben Amar, Militante BDS Maroc – Boycott, Désinvestissement et Sanctions (Maroc)

Samah Aouadi, Militante politique (Tunisie)

Ariella Aicha Azoulay, Ecrivaine, chercheuse, cinéaste expérimentale et commissaire d’archives anticoloniales (Etats-Unis)

Salima Belemkaddem, Présidente de l’association Mouvement Maroc Environnement 2050 (Maroc)

Amira Belhadj Rhouma, Militante (Tunisie)

Meriem Belhiba, Journaliste (Tunisie)

Yessa Belkhodja, Militante décoloniale, co-fondatrice du Collectif de droit des jeunes du Mantois (France)

Siham Benchekroun, Ecrivain et fondatrice du Collectif marocain Blouses Blanches pour la Palestine (Maroc)

Kenza Benjelloun, Artiste visuelle (Maroc)

Dounia Benslimane, Actrice culturelle et associative (Maroc)

Tithi Bhattacharya, Historienne et militante féministe (Etats-Unis, Inde)

Latifa Bouhsini, Universitaire et féministe (Maroc)

Oumaima Boukari, Militante BDS Maroc – Boycott, Désinvestissement et Sanctions (Maroc)

Chaimaa Boukharsa, Militante et cofondatrice de Afrocolectiva (Espagne)

Houria Bouteldja, Autrice, militante décoloniale (France)

Souad Brahma, Présidente de l’Association Marocaine des Droits Humains (Maroc)

Henda Chennaoui, Militante féministe (Tunisie)

Fatiha Cherribi, Militante des Droits humains (Maroc)

Ismahane Chouder, Enseignante et formatrice, militante féministe antiraciste (France)

Raja Dahmani, Association Tunisienne des Femmes Démocrates (Tunisie)

Sonia Dayan-Herzbrun, Sociologue, Professeure émérite à l’Université Paris Cité (France)

Marianne Ebel, Philosophe et militante dans le Collectif de la Grève féministe et la Marche Mondiale des Femmes (Suisse)

Layla El Mossadeq, Militante féministe (Maroc)

Angele Galea, Artiste et activiste (Malte)

Fanny Gallot, Historienne et militante féministe (France)

Natalia Hirtz, Sociologue féministe, chercheuse au GRESEA (Belgique)

Sarah Kaddoura, Militante féministe, chaîne Haki Nasawi (Palestine)

Amina Khalid, Militante féministe, ancienne présidente de l’Association des Femmes Progressistes (Maroc)

Tamara Knezevic, syndicaliste et militante du collectif de la Grève féministe (Suisse)

Aurore Koechlin, Autrice, militante féministe (France)

Zohra Koubia, Militante féministe Amazighe et défenseure des droits humains (Maroc)

Teresa Larraga, Comédienne et metteure en scène, militante dans le Collectif neuchâtelois de la Grève féministe (Suisse)

Simone Longo de Andrade, Militante des droits humains (Portugal)

Imen Louati, Militante (Tunisie)

Seloua Luste Boulbina, Philosophe et militante (France)

Bahija Lyoubi, Productrice (Maroc)

Rania Majdoub, Enseignante et militante anticoloniale (France)

Morgane Merteuil, Militante féministe (France)

Agnès Adélaïde Metougou, Chargée de programmes, Plateforme d’Information et d’Action sur la Dette et membre de la coordination des luttes féministes du CADTM-Afrique (Cameroun)

Vanessa Monney, Militante du collectif de la Grève féministe et secrétaire de la commission féministe du Syndicat des Services Publics Vaud (Suisse)

Nabila Mounib, Parlementaire, Parti Socialiste Unifié (Maroc)

Naima Ouahli, Militante des droits humains et féministe (Maroc)

Hajar Raissouni, Journaliste et chercheuse en histoire contemporaine (Maroc)

Geneviève Rail, Professeure émérite distinguée, Institut Simone De Beauvoir, Université Concordia (Canada)

Najat Razi, Militante féministe (Maroc)

Simone Rudolphi, Photographe et éducatrice (Allemagne)

Jamila Saadoune, Militante féministe (Maroc)

Catherine Samary, Féministe altermondialiste, membre de l’Union Juive Française pour la Paix UJFP et du Conseil scientifique d’Attac France (France)

Kenza Sefrioui, Éditrice (Maroc)

Aicha Sekmasi, Militante des droits humains, ancienne présidente de l’association La Voix des Femmes Marocaines (Maroc)

Hadeel Shatara, Féministe et prisonnière palestinienne libérée (Palestine)

Michèle Sibony, Membre de l’Union Juive Française pour la Paix UJFP (France)

Sara Soujar, Avocate en formation et défenseure des droits humains (Maroc)

Fatima Tamni, Parlementaire, Fédération de la Gauche Démocratique (Maroc)

Khadija Tnana, Présidente de la Fondation Khadjia Tnana pour la Culture et les Arts (Maroc)

Korotoumou Traore, Femme leader et membre de la Coordination des Luttes féministes du CADTM-Afrique (Mali)

Françoise Vergès, Autrice, militante féministe décoloniale (France)

Ivonne Yañez, Féministe et militante environnementale (Equateur)

Najat Zemmouri, Militante des droits humains et féministe, première vice-présidente de la Ligue tunisienne pour la Défense des Droits Humains (Tunisie)

Organisations

Alliance of Internationalist Feminists (Allemagne)

Association Al Anouar (Maroc)

Association Al Basma pour le Développement des Femmes rurales et des Enfants (Maroc)

Association Al-Amal pour le développement féminin Al Hoceima (Maroc)

Association Al-Tawama pour la Formation et la Qualification des Femmes rurales (Maroc)

Association Amal Mouvement féminin pour une Vie meilleure (Maroc)

Association Aspirations Féminines (Maroc)

Association Assaïda Al Horra pour la Citoyenneté et l’Egalité des Chances (Maroc)

Association Chaml pour la Famille et les Femmes (Maroc)

Association Chems pour le Développement (Maroc)

Association de la Maternité, Inzeguane (Maroc)

Association du Bien-être des Femmes – Essaouira (Maroc)

Association Elwafae féminine pour le Développement (Maroc)

Association Forum des femmes pour l’Egalité et le Développement au nord du Maroc (Maroc)

Association Mains Libres (Maroc)

Association Marocaine des Femmes Progressistes (Maroc)

Association Marocaine pour les Droits des Femmes (Maroc)

Association Noor pour l’hébergement des mères et des enfants Sidi Benour (Maroc)

Association Touya pour le Travail Féminin (Maroc)

Association Voix de Femmes marocaines (Maroc)

Collectif Khmissa (Maroc)

Comité Femmes ATTAC CADTM Maroc (Maroc)

Coordination de la Marche Mondiale des Femmes Côte d’Ivoire MMF-CI (Côte d’Ivoire)

Coordination des Luttes Féministes du CADTM-Afrique (Afrique)

Du Pain et des Roses (France)

Forum marocain des femmes – Safi (Maroc)

Groupe des Jeunes Femmes pour la Démocratie (Maroc)

Initiative pour la Protection des Droits des Femmes (Maroc)

Kessem Juives Féministes Décoloniales (France)

La Fondation du Journal Féministe Algérien (Algérie)

L’Observatoire marocain des violences faites aux femmes ‘Oyoune Nissaiya’ (Maroc)

Revue ‘Moussawat’ (Maroc)

Union de l’Action Féminine (Maroc)

Union des femmes de l’éducation au Maroc, affiliée à la Fédération nationale de l’éducation FNE (Maroc)