Pourquoi la lutte des Kurdes pour leur droit d’existence, je ne parle même pas de droit à l’autodétermination, n’a que peu d’écho au sein des luttes du Sud global ?
Une autre forme de cette question est souvent posée au sein de la communauté kurde dans le monde et en France particulièrement : pourquoi la lutte palestinienne a-t-elle plus d’écho en France que la lutte kurde, notamment dans le camp anti-impérialiste ? Les deux peuples partagent pourtant les mêmes destins tragiques : deux populations colonisées du Moyen-Orient en grande partie à cause des impérialismes occidentaux. Il existe ainsi une sorte de jalousie parmi les Kurdes : « Pourquoi parle-t-on autant des Palestiniens alors que nous, les Kurdes, nous sommes dix fois plus nombreux ? ». Les réponses et explications sont souvent bancals : « C’est parce qu’il y a une solidarité entre arabes et musulmans et les arabes nous détestent », « C’est parce qu’ils sont antisémites et veulent taper sur Israël » ou encore le plus classique « Les Kurdes, personne ne nous aime… ». Il y a une totale incompréhension et un sentiment d’isolement, d’abandon. Et ce n’est pas totalement faux : la lutte des Kurdes ne fait pas particulièrement bouger les foules, et ce d’autant plus que le camp anti-impérialiste est faible depuis plusieurs années.
La question posée en titre de cet article mérite donc qu’on s’y attarde ne serait-ce que pour défaire cet isolement et rapprocher autant qu’il se peut les luttes palestiniennes et kurdes, profondément anti-coloniales.
Cela me permettra aussi de développer plusieurs points concernant la spécificité de la lutte kurde afin d’en donner une meilleure compréhension de celle-ci au lecteur. En effet, il y a une certaine méconnaissance de cette lutte au sein de la « gauche » pour de nombreuses raisons qui découlent des spécificités de la situation de ce peuple mais pas uniquement ; et cet article permettra, je l’espère, d’intéresser suffisamment le lecteur à la cause kurde pour qu’il approfondisse sa connaissance des Kurdes et de leurs luttes. Je compte également continuer à écrire sur ce sujet si vaste, notamment sur le Rojava et son projet politique, sur la nature colonialiste de l’état des Kurdes ainsi que sur l’actualité de ce peuple comme les révoltes en Iran.
Il n’est nullement question de minimiser la lutte palestinienne au profit de celle des kurdes ou de vouloir tomber dans une dénonciation d’une préférence pro-arabe ni même de hiérarchiser ces mêmes luttes. Au contraire, la lutte palestinienne en France mériterait d’être plus mise en avant. Il est indéniable que la lutte contre le joug colonial de l’état d’Israël est d’une importance cruciale et légitime. Je vous encourage d’ailleurs à suivre de près, de soutenir ou d’adhérer à BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) et à l’UJFP (L’union juive française pour la paix), d’autant plus que les organisations pro-palestiniennes sont réprimées par l’appareil d’état français. J’ai d’ailleurs beaucoup appris à ce sujet grâce au QG décolonial et notamment ce live Twitch de PDH (Paroles d’Honneur). https://www.twitch.tv/wissamxelka/video/1558986078
Bijî Kurdistan ! Bijî Palestine ! (en kurde : Vive le Kurdistan ! Vive la Palestine !)
Avant de démarrer le sujet, je me dois de vous préciser que j’abonderai en citation du livre de Fanon Les damnés de la terre parce que ce livre m’a permis de mieux comprendre la situation de mon peuple puisque je suis moi-même kurde. Je le précise par souci d’honnêteté mais aussi pour brandir mon badge de premier concerné.
Je n’ai pas la prétention de pouvoir tout expliquer, de manière précise et exhaustive à ce sujet. Je me permettrai ici de décrire dans les grandes lignes mes connaissances et mon expérience personnelle afin de donner une idée, imprécise certes, de l’histoire de mon peuple. C’est pourquoi je vous renverrai régulièrement vers des références littéraires et des articles. Tous les liens, définitions et les références seront listées à la fin de l’article. Pour une approche plus générale mais rapide de l’histoire des Kurdes, je vous invite vivement à lire ce court article de l’Institut Kurde de Paris (https://www.institutkurde.org/info/qui-sont-les-kurdes-s-1232550956) et pour plus d’approfondissement : Luc Pauwels, Histoire du Kurdistan / David McDowall, A Modern History of the Kurds (seulement en anglais mais d’une précision et d’une exhaustivité remarquable)
Voici comment j’articulerai les différentes parties :
- Une présentation courte et simplifiée de l’histoire du peuple Kurde incluant l’état actuel de ses luttes.
- Les Kurdes et leurs défenseurs occidentaux : une manipulation et des trahisons meurtrières.
- Les Kurdes, la Palestine et Bandung : deux peuples esseulés à cause de la faiblesse du camp anti-impérialiste. Perspectives de rapprochement et de renforcement du camp anti-colonialiste.
Cartes du kurdistan :
Qui sont les Kurdes ?
Fanon dans Les damnés de la terre : « Parce qu’il est une négation systématisée de l’autre, une décision forcenée de refuser à l’autre tout attribut d’humanité, le colonialisme accule le peuple dominé à se poser constamment la question: « Qui suis-je en réalité? » »
Comme le dit si bien Fanon, « Qu’est-ce qu’un kurde ? ».
Il existe autant de kurde que de façon de se sentir et de se revendiquer kurde. Et pas uniquement à cause de la situation de colonisé mais aussi de par la particularité du peuple kurde à toujours avoir été éclaté entre plusieurs territoires et de par la construction de l’identité kurde qui s’est développée à cheval sur plusieurs états, sous différents jougs. Ce qu’il faut comprendre c’est que l’identité Kurde, de par son histoire et sa construction, a une forte diversité culturelle, linguistique et religieuse (sur les langues https://www.institutkurde.org/info/la-langue-amp-la-litt-eacute-rature-kurdes-1232550961). On pourrait trouver cela paradoxal aux premiers abords mais ce n’est pas forcément le cas. Il ne faut pas y voir une essence et une nature particulière spécifique des Kurdes mais plutôt une conséquence de leurs conditions matérielles d’existence : le fait de vivre dans les montagnes, coincés entre différents états et empires, se faisant la guerre pendant des siècles et encore aujourd’hui, en plus de subir des persécutions et de devoir “s’assimiler” pour survivre. Tout cela laisse des traces indélébiles dans les mémoires et les cultures.
Les Kurdes seraient les descendants des Mèdes, ce peuple qui fonda un empire puissant entre l’Anatolie et l’Iran durant l’Antiquité. Sautons des siècles et nous arrivons à l’avènement de l’Islam et des conquêtes arabo-musulmanes. Déjà à cette époque la résistance kurde était farouche face aux envahisseurs et malgré un ralliement (relatif) à l’Islam, les Kurdes ne se sont pas arabisés. L’histoire entre kurdes et arabes qui débuta par des guerres lors des prémices du Califat islamique sera ponctuée de luttes et de combats sanglants dont les dictons, aussi bien importants dans la tradition arabe que kurde, sont des traces. A ce titre, Alar Kuutman dans Om Kurder nous retranscrit ces deux dictons : l’un arabe dit « Allah a puni l’humanité avec trois fléaux : les sauterelles, les rats et les Kurdes » tandis que la maxime populaire kurde explique que « Les chameaux ne sont pas des bêtes et les Arabes ne sont pas des êtres humains ».
Concernant le ralliement à l’Islam, il convient de faire une petite parenthèse sur les religions des kurdes. Là où la plupart des peuples sous le joug du Califat islamique se sont arabisés et ont été totalement converti à l’Islam, les Kurdes ont gardés une trace encore très présente de leur religions et pratiques pré-islamiques. Voici une liste non-exhaustive des religions des Kurdes :
- Le zoroastrisme, vieille religion ayant beaucoup influencé les religions du Moyen-Orient.
- L’islam sunnite, une majorité des Kurdes mais il est impossible d’avoir des chiffres précis.
- L’islam chiite, notamment dans l’actuel Iran et en Irak.
- Le soufisme et les derviches. Cette vieille tradition a exercé une grande influence sur les alévis et les yézidis kurdes.
- Le yarsanisme, autour d’un million de Kurdes. C’est une religion pratiquée exclusivement par les Kurdes avec une culture du secret et de la taqiyya (pratique consistant à dissimuler ou nier sa foi afin d’éviter la persécution). Proche de l’alévisme et du yézidisme, qui forment à elles trois ce que des universitaires appellent le yazdanisme (voir Wikipédia pour plus d’informations).
- L’alévisme, la religion « typique » des Kurdes de l’actuelle Turquie. On évalue à 15 millions le nombre d’Alévis en Turquie, ce qui ne regroupe pas uniquement des Kurdes.
- Le yézidisme, l’une des plus vieilles religions du monde à encore être pratiquée.
- Le christianisme, difficile d’estimer leur nombre mais ils sont bien présents. En attestent les populations Assyriennes, Chaldéennes et Arméniennes de la région du Kurdistan.
- Le judaïsme, à partir de 1950 la majorité des Kurdes Juifs (notamment d’Irak) émigrent vers Israël et il en reste très peu actuellement dans la région du Kurdistan.
Ce qu’il faut aussi bien comprendre à travers le spectre large des religions au sein du peuple Kurde c’est que cette diversité religieuse ne pose pas de problème au sein de la communauté. Birgûl Açikyildiz écrit dans Les yézidis et le sanctuaire du seykh’Adî « Ces divisions et ces diversités ne posent apparemment aucune difficulté aux Kurdes, mêmes dans le recouvrement de leur identité et le sentiment fort d’appartenir à une même destinée les unit. » Ceci étant dit, il ne faut pas balayer d’une main les manipulations des religions exercées par différentes puissances extérieures (notamment les turcs sunnites et les persans chiites) afin de diviser les Kurdes et créer des conflits d’influence et de pouvoir en leur sein. Néanmoins, il suffit de discuter avec un Kurde pour se rendre compte que sa religion passe au second plan et n’intervient pas dans son sentiment d’appartenance au peuple Kurde.
A la suite de la période arabo-musulmane, les invasions Mongoles du 13ème siècle puis la conquête de Constantinople en 1453 par les Ottomans marquent une période de plus de 3 siècles au court desquels le peuple kurde sera coincé entre l’enclume ottoman et le marteau persan. Le Kurdistan, de par sa position stratégique à la frontière des deux grands empires, sera le lieu des luttes d’influence, des guerres de territoires et des combats entre les Safavides persans et les Ottomans turcs. Le climax de ces luttes sera la bataille de Chaldoran (1514) remportée par les Ottomans et qui donnera lieu à la paix d’Amasya en 1555 qui établira de manière stable la frontière entre ces deux empires jusqu’à la Première guerre mondiale. C’est lors de cette période que la majeure partie du Kurdistan passera de facto du côte Ottoman à l’exception du Sud-Est qui restera sous influence persane. Au sein de l’Empire Ottoman les Kurdes purent jouir d’autonomie voire même d’indépendance : c’est l’âge d’or de la féodalité kurde. Durant cette période dite de stabilité et d’autonomie allant du 16ème siècle au début du 20ème siècle, les princes kurdes se contentaient d’administrer leur domaine tant qu’ils n’avaient pas été menacés dans leurs privilèges. En règle générale, ils ne se soulèveront et tenteront de créer un Kurdistan unifié que lorsque, au début du XIXème siècle, l’Empire ottoman s’ingérera dans leurs affaires et cherchera à mettre fin à leur autonomie. Mais ces mouvements seront soldés par plusieurs échecs.
On arrive ainsi à la fin de la première guerre mondiale. En 1915, les impérialistes franco-britanniques signent les accords de Sykes-Picot pour se partager l’Empire ottoman en prévision de sa défaite, sans évidemment prendre en compte l’avis des populations concernées. Je fais le choix d’être bien plus court sur la partie historique recouvrant les évènements post première guerre mondiale jusqu’à nos jours car je considère que la documentation sur cette période est bien plus répandue et simple d’accès. De plus, le démembrement du Kurdistan en quatre états distincts crée de fait le besoin de faire une histoire en quatre parties avec une cinquième pour expliciter les relations entre les luttes pour la libération des Kurdes dans chaque état tout en tenant compte de possibles polémiques de la part des différents nationalismes dû à la proximité temporelle des faits décrits (il n’y a qu’à voir la virulence du nationalisme turc dans son négationnisme du génocide arménien pour le comprendre) : en bref, une complexité qui me dépasse et dépasse largement les besoins de cet article. Il est crucial de retenir que les Kurdes subissent depuis bientôt un siècle de multiples oppressions, une réelle négation de leur existence, de leur culture, de leur langue par 4 états coloniaux.
L’Institut Kurde de Paris explique dans son article qu’une partie des problèmes des Kurdes provient d’un « manque de clairvoyance de ses propres dirigeants ». Voilà un sujet bien fâcheux qui divise bon nombre de Kurdes. Il est un dicton très répandu chez les kurdes qui dit en substance que, très souvent, le premier ennemi d’un Kurde dans sa lutte d’indépendance est un autre Kurde. A ces luttes internes d’influence, soumises aux manipulations des forces extérieures, s’ajoutent la question des ressources comme le pétrole, de l’idéologie politique (socialisme ou libéralisme), des tribus encore puissantes dans la région et du risque de l’assimilation. Un cocktail explosif qui a démoralisé plus d’un militant kurde. Lutter pour l’indépendance kurde c’est lutter contre ses frères et sœurs tout en sachant qu’ils sont sous le joug de forces impérialistes extérieures qui ne cherchent qu’à s’approprier les richesses du sol kurde. Combien de fois dans l’histoire des Kurdes ces derniers ne se sont-ils pas fait avoir par une promesse d’indépendance ou d’autonomie en rejoignant tel ou tel camp ?
Depuis les conquêtes arabo-musulmanes en passant par les étaux perse et ottoman jusqu’au quatuor d’états colonialistes, les kurdes se sont battus pour leur libération et leur existence. Parfois même les uns contre les autres. Tout ceci nous amène à l’analyse concrète de la situation concrète actuelle : où en sont les Kurdes ? Quelles sont leurs forces politiques ? Petit tour d’horizon :
Pour le Kurdistan du nord qu’on nomme Bakur, qui est actuellement en Turquie, je retranscris en partie l’analyse de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides du gouvernement français, cf. lien de l’article). https://www.ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/2108_tur_partis_pro-kurdes_et_extreme-gauche_151774_web.pdf
Le HDP (Parti démocratique des peuples) parti pro-kurde regroupant une alliance élargie de la gauche allant des conservateurs kurdes aux communistes turcs a réussi à résister à la répression violente du régime d’Erdogan et représente une force majeure de la lutte kurde. Avant 2014 l’AKP (parti d’Erdogan) s’efforçait de séduire l’électorat kurde à travers la libération de la langue kurde et des fêtes kurdes semi-autorisées. Lors de mes voyages en Turquie (« au bled ») pour voir ma famille, je ressentais une vraie liberté des kurdes, on osait parler kurde, porter ses couleurs, tout allait bien dans le meilleur des monde. Mais comme toujours avec les kurdes, ça n’allait pas durer. « Cependant, cette politique tourne court avec les manifestations kurdes de 2014 en faveur de la ville de Kobané assiégée par l’EI, dans la région kurde de Syrie du Nord (Rojava), suivies de la reprise de la guérilla du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) en juillet 2015. Après une période de trêve unilatérale jusqu’en juillet 2015, la reprise de la guérilla à l’initiative du PKK accompagnée d’émeutes urbaines dans l’est et le sud-est de la Turquie entraîne une vague de répression visant les partis et associations pro-kurdes, soupçonnés de liens avec le mouvement armé. Cette répression s’accentue avec la proclamation de l’état d’urgence qui suit le coup d’Etat manqué du 15 juillet 2016, attribué par les autorités turques à la confrérie islamique de Fethullah Gülen. Entre 2015 et 2019, selon un rapport publié en août 2021 par la Fondation des droits de l’homme de Turquie (HRFT/TİHV), la liberté d’association est violée 5 498 fois en Turquie, 127 maires sont démis de leurs fonctions et remplacés par des administrateurs d’Etat, 11 députés déchus de leurs fonctions parlementaires ; 120 maires et 17 députés sont placés en détention. Parmi les partis politiques, les plus touchés par ces atteintes à la liberté d’association sont le HDP et le DBP. En mai 2016, 154 députés du Parlement turc sont déchus de leur immunité parlementaire, ce qui permet l’ouverture de poursuites judiciaires à leur encontre ; cette mesure affecte particulièrement les élus du HDP dont 55 sur 59 sont touchés. En novembre 2016, les deux co-présidents du HDP, Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, et sept autres députés, déjà déchus de leur immunité parlementaire en mai 2016, sont placés en détention préventive. »
Aujourd’hui ils sont encore emprisonnés. Ce court extrait ne décrit qu’une partie de la répression que subi ce parti et ses alliés en Turquie (26 000 militants emprisonnés à la fin de l’année 2018). Pour conclure sur le HDP, il est encore debout et renait progressivement de ses cendres, à tel point que ce parti se présente aux élections présidentielles de 2023 qui pourraient voir une hypothétique fin du règne d’Erdogan.
L’autre force majeure en Turquie, et d’ailleurs dans toute la région du Kurdistan est le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Après plusieurs décennies de guérilla contre l’état turc, sa principale action politique se retrouve dans le PYD (Parti de l’union démocratique), sa branche syrienne représentée au Rojava (l’ouest en kurde). Initialement d’idéologie marxiste-léniniste à sa création dans les années 70 dans la continuité des mouvements de décolonisation dans le monde et par sa proximité directe avec l’URSS, le PKK s’est tourné au tournant du XXIème siècle vers une nouvelle idéologie inspirée des écrits de Murray Bookchin (écologie politique) et que leur leader Öcalan (aussi nommé Apo, emprisonné en Turquie depuis 1999) a décrit à travers le terme de confédéralisme démocratique. Les liens entre la lutte du PKK et celle du HDP sont évident, d’autant que les dirigeants du HDP ont déjà rendu visite à Öcalan dans sa prison. Il y a là les deux faces assez connues des luttes de libération anti-colonialiste : la solution armée sous forme de guérilla et la solution « démocratique » ou pacifique ou encore de non-violence. La première se perpétue en Syrie, la seconde fait face aux risques d’interdiction du régime turc.
Sur M. Bookchin https://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/FERNANDEZ/55910 Sur la Turquie et ses processus politiques : https://www.contretemps.eu/turquie-panorama-et-perspectives-entretien-avec-emre-ongun/ (date de 2016 mais reste d’actualité)
En Iran, le Kurdistan en Iran est nommé Rojhilat, l’est en kurde, le silence autour de la situation des Kurdes en Iran est hautement préoccupante. J’ai moi-même beaucoup de difficulté à récupérer des informations sur leur situation alors que les Kurdes représentent une population similaire à celle en Irak et que les Kurdes d’Iran ont été au cœur de lutte importante voire essentielle de l’histoire du Kurdistan. Je ne citerai que les informations extraites de cet article https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2019/11/24/les-kurdes-diran-oublies-de-tous/. « Les Kurdes d’Iran sont la cible de la part de la République islamique d’une double série de discriminations, en tant que Kurdes dans un régime d’un centralisme sourcilleux, d’une part, et en tant que sunnites dans un système privilégiant systématiquement la majorité chiite, d’autre part. La langue kurde, bannie des écoles publiques, ne peut être enseignée que dans des établissements privés, eux-mêmes soumis à l’autorisation préalable de l’Etat. Le militantisme kurde est méthodiquement réprimé, aussi bien dans les régions frontalières de l’Irak que dans le Khorassan, au nord-est du pays. Près de la moitié des détenus politiques en Iran sont ainsi d’origine kurde, selon le rapporteur de l’ONU pour la situation des droits de l’homme dans ce pays, alors que les Kurdes représentent moins du dixième de la population iranienne. Les Kurdes, à la fois minoritaires ethniquement et religieusement, pâtissent de graves entraves dans leur accès à l’emploi, au logement, à la propriété et aux fonctions d’encadrement politique et administrative. Les deux provinces kurdes sont reléguées, en termes de développement, aux tout derniers rangs des trente provinces iraniennes, avec le Baloutchistan. » A cette situation de colonisation s’ajoute un abandon de la lutte par l’acteur majeur de la région, le PKK, qui se concentre exclusivement sur le Rojava et la Syrie.
En Irak, le Kurdistan en Irak est nommé Başûr le sud en kurde, il y a une région autonome kurde avec un Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) qui ne regroupe pas toutes les zones de population kurde. Cette région est le lieu de lutte de pouvoir entre deux partis issus de deux tribus puissantes les Barzani au Nord (Parti démocratique du Kurdistan, PDK) et les Talabani au Sud (Union patriotique du Kurdistan, UPK). Leur situation est l’exemple typique de ce que Fanon décrit ainsi : « Dans les pays sous-développés, nous avons vu qu’il n’existait pas de véritable bourgeoisie mais une sorte de petite caste aux dents longues, avide et vorace, dominée par l’esprit gagne-petit et qui s’accommode des dividendes que lui assure l’ancienne puissance coloniale. » Ceci est d’autant plus juste dans le cas des Barzani qui s’allient de fait à Erdogan, qui n’existent politiquement que grâce au bon vouloir de l’état turc mais aussi grâce à leur illustre nom, les Barzani étant l’une des tribu les plus respectées chez les Kurdes par leur lutte contre les oppresseurs. La grande majorité des Kurdes du GRK sont pauvres et n’ont que peu de perspectives d’avancées économiques car n’appartenant pas à la bonne tribu. Il y a aussi une lutte d’influence entre le GRK et le PKK, qui s’est illustrée en 2014 avec le sauvetage des Yézidis des Monts Sinjar (à la frontière irako-syrienne) par les forces syriennes du PYD (proche du PKK) face à l’EI suite à une défaite des peshmergas (combattants kurdes du GRK). La Turquie veut à tout prix éviter une alliance entre le GRK (en Irak) et le PYD (en Syrie) qui pourrait créer une bande frontalière totalement kurde au Sud de la Turquie et donner des aspirations indépendantistes aux forces Kurdes de Turquie. C’est pour ça que l’état turc domine fortement le GRK, surtout économiquement, et c’est à cause de leur faiblesse, de leur voracité et de leur soif de pouvoir que les dirigeants kurdes du GRK acceptent la domination turque sans la contester : elle leur permet d’éviter une ingérence du PKK afin de préserver leur influence politique. Pour plus d’info sur la situation actuelle : https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20220811-en-irak-le-kurdistan-rattrap%C3%A9-par-le-chaos-politique https://orientxxi.info/magazine/le-kurdistan-irakien-dans-l-impasse-et-les-divisions,5887
Et sur les luttes entre le GRK et le PKK https://kurdistan-au-feminin.fr/2020/12/16/kurdistan-bruits-de-bottes-turques-sur-le-front-kurde/
En Syrie (le Rojava, l’ouest en kurde). On arrive au plus gros morceau. C’est un sujet brûlant, d’actualité et aussi complexe que tout ce qui a précédé. Le Rojava cristallise actuellement un moment crucial de la lutte kurde : tous les yeux et cœurs kurdes sont tournés vers cette zone à cause de l’espoir qu’il représente. Je me limiterai à une description des faits et des forces kurdes en présence. Je citerais cet article (DESOLI Francesco, « L’avant- et l’après-Kobané : défis et opportunités pour les Kurdes de Syrie », Outre-Terre, 2015/3 (N° 44), p. 273-285. DOI : 10.3917/oute1.044.0273. URL : https://www.cairn.info/revue-outre-terre2-2015-3-page-273.htm ).
« Dans le cadre général de la crise syrienne, le PYD et sa branche militaire le YPG (Unités de protection du peuple) ont longtemps constitué une sorte de troisième camp aux marges du conflit entre régime et opposition. Leur entente froide avec le régime syrien leur a permis d’éviter les bombardements et la répression étatique. En outre, la prise de distance vis-à-vis de l’opposition arabe et le manque de confiance en celle-ci ne se sont traduits en conflit ouvert que dans certaines zones de population mixte arabo-kurde où le YPG mena en 2013 une série de batailles, pour la plupart victorieuses, contre différents groupes rebelles. Depuis l’automne 2013, l’État islamique (EI) s’est révélé en tant qu’adversaire effectif et obstiné du YPG, mais ce dernier devait parvenir pendant toute la première moitié de 2014 à repousser ses offensives. »
Cet article explique tous les ingrédients nécessaires à la description (simplifiée) des Kurdes en Syrie : luttes entre kurdes (PDK irakien vs PKK/PYD syrien), hégémonie du PKK qui empêche toute autre forme de lutte de libération kurde en dehors de ses lignes quitte à réprimer d’autres mouvements kurdes, entente froide avec le régime d’Assad pour obtenir une certaine autonomie (qui arrange surtout Assad qui n’a plus à s’occuper, pour l’instant, de la frange Nord). Concernant ce dernier point, personne n’est dupe, cette autonomie sera reprise des mains kurdes dès que possible par Assad et son régime qui, ne l’oublions pas, a réprimé et exclu ce même PKK pendant plusieurs années et a persécuté la minorité kurde. Actuellement, le régime d’Erdogan prépare une invasion massive de cette région et réitère ses menaces contre les forces kurdes du Rojava. Dernièrement, une tentative de rapprochement a été tentée par le régime turc envers le régime syrien (https://www.courrierinternational.com/article/rapprochement-erdogan-dispose-a-reprendre-langue-avec-assad-inquietude-des-refugies-syriens-en-turquie) qui s’est soldée par un échec. Il ne faut donc pas perdre de vue que l’état actuel des alliances et des rapports de force peut être totalement chamboulé au gré des intérêts des deux régimes. L’élection cruciale de 2023 en Turquie en ligne de mire, Erdogan prépare soigneusement ses attaques contre le Rojava et ses forces kurdes afin de se positionner en défenseur de l’ordre et de la sécurité. C’est un phénomène récurrent dans sa politique. Il n’hésitera pas à s’allier au régime d’Assad et à trahir la rébellion syrienne, que le régime turc soutient, dans une optique de déstabilisation politique du territoire syrien. Ainsi, à la fois la rébellion syrienne et le Rojava pourraient finir dans un étau entre ces deux régimes. D’autant plus que la question des réfugiés syriens en Turquie devient un sujet important dans le débat politique turc ; avec une réconciliation turco-syrienne, Erdogan pourrait faire d’une pierre deux coups : détruire le Rojava et pousser les réfugiés syriens de son sol à retourner dans leur pays sous le joug d’Assad. A la fin, ce sont les peuples syriens et kurdes qui seront les victimes.
Vous l’aurez compris, le sujet kurde est d’une complexité assez élevée, les alliés d’un jour deviennent les ennemis du lendemain, les kurdes luttent les uns contre les autres, la situation s’envenime sans solution claire. Les raisons vous les avez lues : c’est à la fois la situation coloniale encerclée entre quatre états, les luttes intra-kurde manipulées ou non par les forces externes, la couardise des dirigeants du mouvement kurde qui ne cessent de donner leur confiance à des promesses des états colonialistes ou impérialistes mais aussi l’état actuel du monde néolibéral qui ne permet aucune réelle libération des peuples.
C’est le triste destin des kurdes depuis des siècles : passer d’une main à l’autre sans sortir de cet encerclement désastreux.
Les Kurdes et leurs défenseurs occidentaux : une manipulation et des trahisons meurtrières.
Fanon : « Mais si nous voulons que l’humanité avance d’un cran, si nous voulons la porter à un niveau différent de celui où l’Europe l’a manifestée, alors il faut inventer, il faut découvrir. Si nous voulons répondre à l’attente de nos peuples, il faut chercher ailleurs qu’en Europe. Davantage, si nous voulons répondre à l’attente des Européens, il ne faut pas leur renvoyer une image, même idéale, de leur société et de leur pensée pour lesquelles ils éprouvent épisodiquement une immense nausée. Pour l’Europe, pour nous-mêmes et pour l’humanité, camarades, il faut faire peau neuve, développer une pensée neuve, tenter de mettre sur pied un homme neuf. »
Ce conseil très juste du militant de la libération algérienne et figure de la décolonisation F.Fanon sied assez bien aux dirigeants kurdes. Alors, bien évidemment le contexte est loin d’être le même : il est question dans cette citation de Fanon des peuples colonisés par l’Europe qui luttent pour leur libération et leur indépendance. Le colon n’est pas européen dans le cas kurde, il n’est même pas unique, néanmoins l’injonction à ne pas chercher absolument dans l’Europe (ou l’Occident), dans ses formes d’organisation, dans ses formes de lutte, un soutien pour « répondre à l’attente [du peuple kurde] » pourrait être étendu aux kurdes. Plus précisément, l’histoire des défenseurs occidentaux de la cause kurde est un cas d’école d’impérialisme : la défense des kurdes n’est jamais la vraie raison, celle-ci se trouve bien plus du côté des raisons économiques (le pétrole et autres ressources de la zone), militaires voire racistes/islamophobes. De même, les occidentaux tendent à voir au Rojava une « image, même idéale, de leur société » alors qu’il n’en est rien. Les bases mêmes du projet politique au Rojava, appelé confédéralisme démocratique, sont profondément anticapitaliste, anti Etat-nation et donc aux antipodes de la modernité occidentale.
Mais comme souvent avec les Kurdes, les choses se compliquent rapidement : en effet, crier à l’anti-impérialisme de ma position de kurde du Nord global bien privilégié ne serait rien d’autre qu’une posture de privilégié. C’est aussi une stratégie des Kurdes (je parle aussi bien du Rojava, du HDP ou du GRK) d’obtenir tacitement l’aide et le soutien des occidentaux en mettant en avant leur caractère multiethniques, pluriconfessionnels (et surtout pas « islamiste »), féministe ou encore pro-LGBT. Pour être plus juste, ce ne sont pas eux qui mettent vraiment en avant ces traits mais les occidentaux. D’ailleurs ces derniers ne voient que ça, toute la lutte des Kurdes, leur culture, leur histoire ils s’en fichent, eux ils veulent de belles figures à défendre comme ces femmes kurdes qui combattent les djihadistes de l’EI à Kobané. Mais quand on leur demande le noms de ces femmes, les raisons précises de leur lutte, leur place dans la société kurde, que répondent-ils ? Qu’en savent-ils ?
Avant de continuer je précise : not all occidentaux. Ou pour le dire plus précisément, je ne vise pas tous les mouvements de solidarité issus de l’Occident envers les Kurdes qui sont nombreux, qui respectent la culture et l’histoire des Kurdes et que je remercie vivement. Ces soutiens sont d’une importance cruciale dans la lutte de libération des Kurdes, notamment concernant la situation grave au Rojava. Néanmoins, ce n’est pas parce que ces soutiens existent que l’on peut se faire l’économie de la critique. Et d’un point de vue personnel, laissez moi cracher mon venin sur ces « sauveurs » de l’Occident qui n’ont cessé de me réifier en chose à sauver, en tant qu’individu issu du peuple kurde, « ce beau peuple féministe et pas du tout islamiste ».
Mais revenons au sujet, de quoi parle-t-on exactement ? Parler des trahisons et manipulations des occidentaux au Kurdistan mériterait un article en lui-même. C’est une histoire triste et révoltante. Les Kurdes ont souvent été le bras armé des occidentaux parce que ce peuple n’a pas d’autre allié dans la région et ne peut pas en avoir (on y reviendra). Un exemple récent de trahison : Trump en octobre 2019, après des années d’alliance avec les Kurdes contre l’EI, décide sans concertation avec ses alliés kurdes de quitter le Rojava pour faciliter l’invasion et les massacres turcs dans cette région (la fameuse zone tampon). On a crié au scandale à l’époque en France et Biden avait dénoncé la trahison de l’administration américaine et promis de sanctionner l’agression de la Turquie d’Erdogan. Quelqu’un a des nouvelles ? Et je ne mentionne pas les français et britanniques qui n’ont fait que suivre leur maître américain. La liste des trahisons occidentales est trop longue, concentrons-nous plutôt sur nos impérialistes bien Français bien Gaulois et ce qu’ils pensent des Kurdes.
Concernant la sphère politique française il est étonnant de constater que le soutien aux Kurdes s’étend de l’extrême-gauche (le programme politique au Rojava s’inscrit dans la famille élargie de l’anarchisme) à l’extrême-droite (et oui !). Bah alors la Palestine, jalouse de ne pas avoir le soutien de Le Pen ? Citons-la : « Je ne comprends pas que l’on ferme les yeux sur les attaques de la Turquie contre les Kurdes en Syrie. C’est une violation absolue du droit international, pour anéantir des combattants qui nous ont aidés » Ah, on voit directement de quoi dépend ce « soutien » : c’est parce que les Kurdes ont aidé les Français contre … ah oui, les djihadistes de l’EI mais surtout pas pour leur liberté ou leur droit à l’autodétermination (le droit international ça l’intéresse quand elle veut). Bon après quoi d’étonnant quand on sait qui elle est, donc passons à son meilleur ami Macron. Selon lui, les Kurdes « sont nos meilleurs alliés contre Daech », par conséquent, « les abandonner comme on l’a fait en Syrie en 2019 », serait « une faute politique ». (https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/irak/macron-au-kurdistan-irakien-les-kurdes-sont-nos-meilleurs-allies-contre-daech-estime-l-ecrivainpatrice-franceschi_4752409.html ) On sent tout l’impérialisme dans cette déclaration : soutien conditionné à la lutte contre l’EI, un énième abandon serait une faute politique, entendez géopolitique. Aucune mention de la cause des Kurdes, ce ne sont que des soldats contre l’EI, leurs revendications on s’en fiche donc. Beau programme. Et c’est le cas de l’immense majorité des soutiens aux kurdes par ces politiques.
Et la gauche dans tout ça ? Demandons directement au boss, au Jaurès de notre époque, au butin de guerre Mélenchon : https://melenchon.fr/2019/01/28/la-cause-kurde-est-la-notre/ . Dans son blog, cet article datant de 2019 est titrée : « La cause kurde est la nôtre ». Oh, serait-ce la résurgence d’une lutte anti-impérialiste bien marquée historiquement dans la gauche ? Malheureusement non, c’est du même acabit que les précédents : « Les combattantes et combattants kurdes du Rojava ont combattu militairement de façon décisive notre ennemi qu’est l’islamisme politique armé de Daech et du front « al Nosra ». » Les Kurdes se sont surtout battus pour leur survie et leur libération, pas pour satisfaire la vengeance de la France contre l’EI. Ce ne sont pas les soldats français qui sont morts par milliers, ni les femmes françaises violées et soumises à l’esclavage. Le plus grand contingent français dans cette guerre était surtout dans l’autre camp mais l’Occident aime récupérer les victoires qui ne sont pas les siennes tout en oubliant ses vraies responsabilités dans le conflit. Ce n’est pas « notre » ennemi mais l’ennemi des peuples kurdes, arabes et des minorités de la région. Comprenez bien cela une bonne fois pour toutes. Il poursuit « ni la France, ni les États-Unis n’auront fait quoi que ce soit pour aider les kurdes d’Afrin. Il est vrai que la Turquie est membre de l’OTAN et cela suffit pour que tous les atlantistes d’Europe ferment les yeux sur n’importe quoi. » Là encore, c’est bien de dénoncer mais pourquoi ramener ça uniquement aux liens entre la Turquie et l’OTAN sans une seule fois affirmer le droit des kurdes à leur existence ? Cette fois, les Kurdes sont des pions pour taper sur le méchant Erdogan, un peu à la sauce Biden. Cependant, il faut lui accorder le mérite de soutenir le HDP dans la répression de l’état turc (il faut bien un bon point non ?). On arrive à un point intéressant « Et si le Rojava nous intéresse, c’est parce qu’il s’y mène une expérience politique inédite. » Serait-il enfin question de libération des Kurdes ou à minima d’une bonne compréhension de l’idéologie du PYD et du Rojava ? Réponse : « Le PYD, parti de l’Union démocratique, y a instauré un régime s’appuyant sur la démocratie directe au niveau communal. Les minorités y sont respectées. Le féminisme est affiché puisque chaque échelon de gouvernement est partagé par un homme et une femme. Par ailleurs, les Kurdes du Rojava rejettent toute assignation identitaire, religieuse ou ethnique. Leur approche est citoyenne. À l’autoritarisme, ils opposent la souveraineté populaire ; au tri ethno-confessionnel, le pluralisme ; à la dépendance aux réseaux clientélistes, des services publics de qualité et un modèle de société solidaire face à la corruption généralisée. Le peuple kurde, au-delà de son droit à l’autodétermination, est quasiment le seul à proposer une solution politique susceptible de construire une paix durable dans la région. » Le bingo gauchiste « je soutiens les kurdes du Rojava car … » a été remporté par Mélenchon haut la main. Il semblerait que tout soit beau au Rojava, cette utopie parfaite au milieu de tous ces monstres islamistes autoritaires qui n’ont évidemment aucun lien avec la France (Picot). Je suis moi-même tombé dans ce discours occidental très fantasmé, c’est la porte ouverte vers les tréfonds de l’Occident et sa modernité. Heureusement, les nombreuses trahisons occidentales m’ont sauvé de ce fantasme.
Si ces exemples ne suffisent pas, et parce qu’il faut que je vide encore mon sac, permettez-moi de vous raconter une histoire autour du film de Caroline Fourest, Sœurs d’armes (https://www.europe1.fr/culture/caroline-fourest-presente-son-film-soeurs-darmes-ce-qui-est-arrive-aux-femmes-yezidies-cest-le-sommet-de-la-violence-misogyne-et-totalitaire-3923810)
« Pour Caroline Fourest, l’attentat contre Charlie Hebdo est un déclic personnel. « J’avais besoin de fiction, de trouver un nouveau langage », confie-t-elle. Elle tombe alors sur des vidéos de Daech, sur le marché aux esclaves où des femmes Yézidies sont vendues, ou échangées contre des pistolets. « J’ai été frappée par ces images qui donnaient ‘envie’ d’en voir plus. Et les gens qui ont vu le film m’ont dit : ‘Je pensais tout savoir de cette guerre mais je n’avais pas du tout vu ça’. » » Dès les prémices de ce projet, tout semble lié avant tout à Daesh plutôt qu’à la cause kurde, cette dernière devenant un moyen de représenter sa haine de l’EI. Mais soit, ce pourrait être « acceptable » aux premiers abords. Qu’en est-il de sa réalisation et de son contenu ? Réponse d’une combattante kurde dans Nous vous écrivons depuis la révolution, Récits de femmes internationalistes au Rojava « C’est un point de vue d’Européenne sur notre combat, caractérisé par le fait que les caractères principaux et les actrices sont européennes. Elle a totalement réécrit l’histoire du massacre des yézidies de Şengal. Elle a décidé d’unir toutes les forces kurdes sous un même drapeau, mais la réalité c’est que les peshmergas (combattants du GRK) se sont enfuis et que c’est la guérilla du PKK et les YPG/YPJ (ndlr. unités militaires du PYD, PKK syrien, le YPJ est uniquement composé de femmes) qui ont ouvert un couloir humanitaire et sauvé des milliers de personnes. Imagine que demain, moi, une Kurde, je décide de faire un film sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en France et que je dise : « Moi je n’ai pas envie de montrer les subtilités, la collaboration avec les nazis, et tout. Moi j’ai envie d’unité. Donc dans mon film je raconte que toutes les Françaises ont caché des Juives dans leur grenier et c’est tout. » Quel est le but de la réalisatrice avec ça ? Aujourd’hui, les YPJ et la guérilla du PKK, celles qui ont combattu Daech, sont attaqués par la Turquie, qui continue de les appeler « terroristes » alors qu’elles ont prévenu un génocide total. Dans le film, cette réalité est totalement effacée. Aussi, dans une scène, une des combattantes des YPJ demande : « Pourquoi est-ce que Daech nous attaque ? » Sérieusement ! Une combattante des YPJ ne demanderait jamais quelque chose comme ça ! Nous connaissons notre ennemi et nous savons pourquoi ils nous attaquent. Encore une chose : la manière dont elle fait parler, interagir et s’habiller les YPJ, c’est très masculin, ça ne correspond pas du tout à notre esthétique. La façon dont les hommes commentent les habits des camarades femmes ou leur donnent des ordres. Peut-être que ça vous paraît normal en tant qu’européennes, mais pour nous, ça ne l’est pas du tout. Nous, les femmes qui luttons ici, nous sommes autonomes. Le seul mérite de ce film est de donner un très bon exemple de ce qu’est l’orientalisme ! » Tout est dit.
On l’aura compris, la lutte au Rojava, et celle des Kurdes en général, a plus d’une fois été manipulée par l’Occident pour des intérêts idéologiques racistes, impérialistes ou encore de bonne conscience.
Cependant, d’un point de vue stratégique, de nombreux militants kurdes pensent que sans l’aide des occidentaux aucune indépendance kurde ne peut être proclamée dans la région. Ils préfèrent le soutien économique, militaire, diplomatique des occidentaux à celui de leurs voisins. Ce qui se comprend parce que de fait leurs voisins les oppriment. Mais aussi, qui d’autre peut les aider ? Ils sont isolés dans la région, même l’Algérie ne peut soutenir les Kurdes sans se prendre les foudres de quasi tous les autres pays Arabes. Maintenant, je ne souhaite pas juger cette stratégie (très souvent c’est plus de la survie), je ne suis pas un combattant du Rojava qui est bien heureux de l’aide américaine face à l’EI. D’ailleurs ces mêmes combattants ne sont pas dupes et savent que les aides occidentales vont et viennent au gré des gouvernements et des événements politiques de la région. Ceci étant dit, il ne faut pas oublier les trahisons multiples des occidentaux ni la manipulation grossière qu’ils font de la cause kurde pour des intérêts politiques et racistes (contre l’Islam et les Arabes).
Les Kurdes, la Palestine et Bandung : deux peuples esseulés à cause de la faiblesse du camp anti-impérialiste. Perspectives de rapprochement et de renforcement du camp anti-colonialiste.
Fanon : « L’exploitation coloniale, la misère, la famine endémique acculent de plus en plus le colonisé à la lutte ouverte et organisée. Progressivement et de façon imperceptible la nécessité d’un affrontement décisif se fait prégnante et est ressentie par la grande majorité du peuple. Les tensions, inexistantes auparavant, se multiplient. Les événements internationaux, l’écroulement, par pans entiers, des empires coloniaux, les contradictions inhérentes au système colonialiste entretiennent et renforcent la combativité, promeuvent et donnent force à la conscience nationale. »
Fanon écrivait cela en 1961 au climax de la guerre d’Algérie, post Bandung, post Suez, aujourd’hui où en est le camp anti-colonialiste ? Bien mal en point. Comme expliqué précédemment, il ne faut pas interpréter le soutien des forces politiques principales en France au Rojava comme le soutien réel à un mouvement de libération du peuple kurde. Ce n’est qu’un moyen pour taper sur l’Islam, les Arabes, le méchant Erdogan. On ne peut que s’étonner et se questionner lorsque l’on voit qu’en comparaison avec le soutien à la Palestine devenu d’une timidité extrême en France, rares sont les personnalités politiques et militants qui ne « soutiennent » pas les Kurdes.
On en revient ainsi au tout début de cet article : pourquoi la lutte des Kurdes pour le droit d’existence n’a que peu d’écho au sein des luttes du Sud global, notamment par rapport à la Palestine pourtant si proche géographiquement ?
Il est donc question de la seule et unique lutte qui compte réellement pour les peuples opprimés, les luttes du Sud global, et par là les militants les plus engagés dans cette lutte. En France, c’est le camp antiraciste élargi dont les décoloniaux font partie. D’après ma propre expérience, c’est plus par manque de connaissance que le soutien aux Kurdes est (en apparence) assez faible. Mais aussi parce qu’il existe une certaine méfiance compte tenu des soutiens vastes de la sphère politique au sujet des Kurdes et du Rojava en particulier. Et ces militants ont bien raison de se méfier pour toutes les raisons évoquées précédemment (manipulation du soutien aux kurdes à des fins racistes et islamophobes).
Ismael Besikci, l’auteur de International Colony Kurdistan (publié en 1991, certaines parties peuvent ne plus être parfaitement d’actualité) développe les raisons des différences entre le Kurdistan et la Palestine. « De profondes différences existent entre la situation de la Palestine et celle du Kurdistan. Les Kurdes sont entourés d’ennemis de tous les côtés. En fait, les Kurdes tentent de maintenir leur existence à l’intérieur de ce qui est pratiquement un enfer. La Palestine est entourée de forces amies, ou de forces que l’on peut qualifier d’amies. Elle n’a qu’un seul ennemi : Israël.
Quant à Israël, il a de nombreux ennemis, dont les 22 États arabes et les 42 États islamiques qui, s’ils ne sont pas des ennemis, sont au moins inamicaux. La division du Kurdistan entre plusieurs États a multiplié leurs ennemis et les a laissés sans amis. Bien que ces dernières années, le nombre d’amis du Kurdistan semble augmenter, ces nouveaux amis sont lointains. Les Palestiniens sont toujours en mesure d’obtenir le soutien politique, financier et militaire des pays arabes voisins. Lorsque leur lutte les met dans une situation difficile, ils peuvent se réfugier dans un ou plusieurs de ces pays et poursuivre leur combat politique et militaire à partir de là. Quelles que soient leurs relations avec l’Égypte ou la Jordanie, la Syrie ou le Liban, l’Irak, la Tunisie, le Koweït, l’Arabie saoudite, l’Algérie et le Yémen, cela reste vrai, du moins en théorie. Ces Etats sont obligés d’aider les Palestiniens financièrement, moralement et politiquement, ne serait-ce que pour répondre à l’opinion publique de leur propre pays. »
Mais alors, qu’en est-il des Kurdes ?
« La question palestinienne apparaît comme une question arabe, ce qui a pour conséquence que les autres pays désireux de maintenir de bonnes relations avec les nations arabes soutiennent fortement les Palestiniens. Ils se sentent obligés de le faire.
La question kurde, au contraire, apparaît comme une question anti-arabe. Ainsi, une fois de plus, les pays qui souhaitent maintenir de bonnes relations avec les nations arabes se sentent obligés de soutenir les États arabes d’Irak et de Syrie contre les Kurdes et font la sourde oreille à la juste lutte des Kurdes pour leur existence. En raison de la richesse pétrolière des pays arabes, les autres pays considèrent qu’il est important de développer de meilleures relations commerciales, d’augmenter les exportations, de remporter des appels d’offres et de faire des investissements dans les pays arabes. Puisque la lutte kurde est également perçue comme une lutte anti-turque et anti-persane, ce que nous avons dit à propos de ceux qui souhaitent maintenir de bonnes relations avec les nations arabes est également vrai pour ceux qui souhaitent maintenir de bonnes relations avec la Turquie et l’Iran. Ces pays font semblant d’ignorer la juste lutte des Kurdes, se rangeant du côté des gouvernements racistes et colonialistes de Turquie et d’Iran.
La Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie sont habiles à utiliser leur potentiel d’investissement commercial comme outil de chantage. Ils disent : « Je ne vous donnerai pas cette offre de contrat », « Si vous rédigez des résolutions contre nous sur telle ou telle question, nous ou « Si vous vous abstenez de faire telle ou telle chose contre la Turquie, nous vous achèterons deux flottes d’avions », etc. Par conséquent, bien que les Palestiniens bénéficient d’un soutien important dans diverses institutions internationales, les Kurdes, dont la lutte est tout aussi juste, sont continuellement laissés à eux-mêmes. Les Palestiniens ont commencé leur lutte contre Israël au milieu des années 1960 et ont pu, peu après, participer à des institutions internationales telles que les Nations unies et la Conférence islamique. Cela est dû à leurs nombreux amis qui occupent des postes influents dans ces organismes. Le Kurdistan a de nombreux ennemis, et les amis qu’il a évitent de s’impliquer dans la juste lutte des Kurdes en raison des réactions que cela pourrait susciter chez ses nombreux ennemis. » Ce n’est pas pour rien qu’un des plus célèbre dicton kurde est : « Pas d’autres amis que les montages ».
On arrive donc à le même conclusion que cet article (https://kurdistan-au-feminin.fr/2021/05/15/les-palestiniens-et-les-kurdes-deux-peuples-au-destin-tragique/) : « Mais la solidarité entre les deux peuples [palestiniens et kurdes] eux-mêmes est embourbée dans la confusion. Il s’agit d’une confusion délibérément entretenue par les puissances qui les oppriment, et sortir de cette confusion est un élément vital de la lutte pour les Kurdes et les Palestiniens. » Les similitudes entre ces peuples sont nombreuses, si je ne dois en retenir qu’une c’est l’origine du mal, c’est-à-dire le découpage de territoires par les occidentaux sans accords des peuples en question « Les deux peuples ont été laissés à la merci d’occupants hostiles à la suite de décisions prises par les grandes puissances impériales du monde, et les dirigeants de ces puissances refusent même aujourd’hui de reconnaître leurs actes de résistance ».
Il existe une histoire commune des mouvements de libération kurde et palestinienne, avec leur lot de complexité : « Les Kurdes plus engagés politiquement, comme les dirigeants du HDP, comprennent parfaitement la nécessité de « soutenir le peuple palestinien opprimé », mais il est à la fois déprimant et inquiétant de voir les débats entre Kurdes sur la question de savoir s’ils doivent ou non soutenir les Palestiniens, ainsi que l’antagonisme de certains Palestiniens envers les Kurdes. Il n’en a pas toujours été ainsi. L’Organisation de libération de la Palestine – en particulier ses factions marxistes, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique de libération de la Palestine – a joué un rôle majeur dans l’entraînement des guérilleros du PKK, et 13 cadres du PKK ont perdu la vie dans la lutte contre l’occupation du Liban par Israël en 1982. (Bien que nous devions également reconnaître, car la vie réelle n’est jamais simple, que le FPLP a malheureusement été recueilli par Saddam Hussein). »
Du côté palestinien la situation n’est pas plus simple « les principaux politiciens palestiniens d’aujourd’hui sont beaucoup plus proches de la Turquie qu’aux premiers jours du PKK, en particulier ceux du Hamas, qui contrôle Gaza ; mais il serait erroné de rejeter la lutte populaire de plusieurs décennies du peuple palestinien contre l’oppression israélienne parce que nous n’aimons pas les politiciens de Gaza ou de Ramallah. La lutte pour la liberté des Palestiniens est antérieure et transcende le Hamas et le Fatah. »
Et l’article conclut « Ce manque de connexion a un impact sur la force organisationnelle, et affecte la capacité à situer les deux luttes spécifiques comme faisant partie de la lutte plus large contre l’impérialisme et le capitalisme. ».
Dans le meilleur des monde, un nouveau Bandung serait organisé avec les différents peuples opprimés, incluant possiblement les Ouïghours, les Baloutches, et tout peuple luttant pour sa libération. On aurait une alliance des palestiniens et des kurdes contre leurs oppresseurs et tout serait pour le mieux. Mais comme le dit si bien ce proverbe kurde « Toute espérance doit planter ses racines sur une réalité ». La réalité est déjà connue : deux peuples opprimés, sous le joug colonial, dans une époque où la lutte anti-coloniale est à un niveau faible, où les ingérences sont nombreuses, tout comme les manipulations des mouvements de libération. De plus, les intérêts des alliances de chacun des camps sont, à première vue, opposés. Chaque état colonial cherchera à éviter tous liens entre les deux luttes, bien que dans le passé des connexions aient existé, en coupant toute aide économique et militaire à des peuples déjà en position de survie. Car c’est ça la réalité : le peuple Palestine perd des terres chaque jour, le peuple kurde se fait attaquer de toutes parts, et toute solution non armée est réprimée. Nous ne sommes pas dans une période d’attaques ouvertes contre le joug colonial pour ces deux peuples mais plutôt dans une période de survie. Il n’est pas question pour les Palestiniens ni pour les Kurdes de conquérir des territoires, d’avancer dans la libération de leur peuple mais seulement de survivre. Et cette survie est cruciale pour espérer à l’avenir une contre-offensive de ces deux peuples opprimés pour leur libération totale et définitive.
Pour le moment l’heure est à la survie et tous les moyens sont bons pour conserver la flamme de la lutte : il n’est probablement pas temps pour ces deux luttes de se rejoindre, cela déstabiliserait fortement leur survie. D’un côté les kurdes pourraient perdre le soutien des occidentaux qui sont leurs quasi seuls alliés, de l’autre côté les palestiniens ne peuvent se mettre à dos l’Iran et la Turquie dans leur survie face à l’apartheid israélien.
Mais alors, comme dirait un islamo-gauchiste bien connu, que faire ? Vaste question. Le constat et l’état des luttes faits, vous êtes certainement désemparé devant la complexité de la situation des Kurdes et le peu de perspectives possibles. Bienvenu dans la tête d’un Kurde. Pour ce qui est du rapprochement entre Kurdes et Palestiniens, l’analyse faite plus haut démontre qu’en l’état actuel cette liaison est impossible.
Mais tout n’est pas perdu ! Il y a un axe qui n’a pas encore été développé dans l’article : la faiblesse du camp anti-impérialiste. Et c’est précisément là que l’on peut et doit agir. « On » c’est-à-dire nous autres Français, nous le Nord du Sud, nous qui ne sommes pas Français innocemment comme tout Français. Pourquoi ? Car c’est la France qui a participé activement au découpage du Kurdistan, c’est la France qui soutient le projet colonial israélien, c’est la France qui a vendu les armes qui aujourd’hui détruisent le Yémen, c’est la France qui a participé au pillage et à la destruction de l’Irak et de la Syrie, c’est la France qui a ravagé l’Afghanistan. C’est encore nous autres Français qui sommes les principaux responsables de l’inondation d’un tiers du Pakistan, car oui ce sont les peuples du Sud qui subissent bien plus les ravages du désastre écologique alors que c’est le Nord qui en est le principal responsable.
Alors oui, nous n’avons pas le pouvoir et ne sommes pas prêts de l’avoir ; oui, il faudrait prendre le pouvoir pour réparer nos erreurs, mais encore faudrait-il arrêter d’en faire ! Avant même d’imaginer un monde post-capitaliste sans impérialisme il faut déjà combattre celui qui est actif ! Nous devons lutter contre notre propre impérialisme ! Ce qui veut dire lutter contre les sanctions économiques sur les pays comme l’Iran ou l’Afghanistan car ce sont les plus démunis qui en souffriront, contre la Françafrique et les occupations militaires françaises, contre l’instrumentalisation des luttes du Sud à des fins racistes.
Dans le cas particulier des Kurdes il faut tout d’abord s’informer et comprendre la situation actuelle. Je considère ce type d’article comme un pas vers cela. Bien évidemment on ne peut lutter contre tout à la fois. Je ne vous invite pas à militer activement pour la cause Kurde ni à en connaître toute l’histoire, mais simplement à vous sensibiliser aux questions que soulèvent les Kurdes, à la fois pour ne pas tomber dans l’instrumentalisation occidentale médiocre mais aussi pour enrichir votre connaissance des luttes anti-coloniales.
J’espère qu’avec cet article chaque fois que vous entendrez parler des Kurdes, vous saurez qui nous sommes, contre qui nous luttons, comment l’Occident manipule nos luttes ici tout en nous déstabilisant là-bas ; mais avant tout, j’espère que vous aurez compris que notre place est au sein du Sud et du camp anti-colonial. Je ne désespère pas voir un jour Palestiniens et Kurdes lutter ensemble pour leur liberté. J’œuvrerai à rapprocher ces deux peuples afin de créer un front commun de lutte contre nos jougs coloniaux : Bandung nous l’a prouvé, nous ne devons pas combattre séparément.
Kurdes, Palestiniens, peuples du Sud, UNISSONS-NOUS !
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Azadi