Soutien à Nabil Ennasri, présumé innocent mais maintenu en détention

Nabil Ennasri est politologue, spécialiste du Qatar. C’est aussi un fervent militant de la cause palestinienne et de la lutte contre l’islamophobie.

Depuis le 4 octobre 2023, il est enfermé à la maison d’arrêt de Villepinte, sous le régime de la détention provisoire, pour des soupçons d’infractions économiques et financières.

Si chacun a le devoir de répondre de ses actes devant la justice, chacun doit également pouvoir bénéficier des droits les plus fondamentaux, et en premier lieu de la présomption d’innocence. Mais comme trop souvent lorsque le mis en examen est issu de l’immigration postcoloniale, ce droit n’est pas garanti en pratique.

En l’occurrence, parmi tous les protagonistes de l’affaire, Nabil Ennasri est le seul à avoir été placé en détention provisoire. Les autres ont été maintenus en libertés. Il s’agit d’un traitement différencié manifeste.

Surtout, le placement en détention provisoire, en théorie,  doit rester exceptionnel. Le principe est que toute personne mise en examen reste présumée innocente, et à ce titre doit demeurer libre. Et la détention provisoire ne doit être ordonnée que si un contrôle judiciaire ou une assignation à résidence avec surveillance électronique paraissent insuffisants pour les nécessités de l’instruction.

Depuis de nombreuses années les avocats dénoncent néanmoins le renversement complet de cette logique en France : la détention provisoire est devenue la norme, et le maintien en liberté l’exception.

L’autorité judicaire a par deux fois refusé à Nabil Ennasri qu’il soit remis en liberté ou placé sous contrôle judiciaire, au motif qu’il présenterait un risque de fuite à l’étranger ainsi qu’un risque de concertation avec d’autres mis en cause. Pourtant, la justice a le pouvoir de confisquer son passeport et de lui interdire de rencontrer toute personne, le temps de l’instruction. Il peut même, comme il l’a lui-même demandé, être assigné à résidence avec bracelet électronique.

En réalité, Nabil Ennasri est ici victime de la jurisprudence Tariq Ramadan : placé en détention et privé de liberté, avant même d’avoir été jugé et donc tout en étant encore innocent aux yeux de la loi.

S’ajoute à cela un contexte familial dramatique, puisque la mère de Nabil Ennasri est aujourd’hui mourante, et il craint ainsi de ne pouvoir être présent à ses côtés au moment où elle rendra son dernier souffle. La décision de le maintenir en détention malgré son innocence présumée n’est donc pas seulement inique, mais aussi inhumaine.

Pour dénoncer cette situation, Nabil Ennasri a entamé une grève de la faim le 22 décembre dernier.

L’affaire de Nabil Ennasri est celle de tous les militants contre l’islamophobie. Les membres visibles et engagés de la communauté musulmane sont en effet systématiquement visés et broyés par la machine judiciaire et répressive. 

Ceux qui veulent manifester leur solidarité à Nabil Ennasri peuvent lui écrire :

NABIL ENNASRI, numéro d’écrou 48-464, Maison d’arrêt de Seine St Denis, Avenue Vauban 93420 Villepinte.

Il est aussi possible de contacter sa famille et son comité de soutien : comitedesoutien.nabilennasri@gmail.com

 

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