Édito #59 –Séisme dévastateur en Syrie : Levée des sanctions !

Alors que le bilan du nombre de victimes de l’effroyable séisme qui vient de ravager le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie ne cesse de s’élever avec près de 20 000 morts, un autre crime se déroule en catimini celui-ci, non-assistance à populations en péril. En effet si la solidarité internationale des grands organismes mondiaux, des Etats occidentaux joue à plein et c’est tant mieux en direction des zones sinistrées de Turquie, elle est quasi inexistante en direction de l’Etat syrien, pourtant exsangue après 12 ans d’une guerre dévastatrice loin d’être terminée que ce soit aussi bien dans les zones sous son contrôle ou celles sous contrôle de l’opposition armée à Idleb. La situation est d’autant plus catastrophique que la région subit actuellement une tempête et une vague de froid inédite. Les survivants après avoir perdu leur maison n’ont que des tentes précaires comme abris. Pourtant les appels à l’aide internationale du gouvernement syrien en direction de l’ONU et de l’UE se voient opposés une fin de non-recevoir. En effet ces deux organismes censés être indépendants s’alignent docilement sur la loi étasunienne organisatrice de sanctions à l’encontre de la Syrie dite Loi Cesar[1].  En quoi consiste-t-elle ? Promulguée en décembre 2019 par le président Donald Trump, votée par le seul congrès des EU donc normalement sans effet au plan onusien, elle s’impose par la seule volonté et diktat des EU. Censée ne s’en prendre qu’aux dirigeants syriens, il s’agit d’un régime de sanctions unique en son genre qui bien sûr cible les hommes du régime mais pire toute personne, société, institution ou tout gouvernement qui commercialise avec le pouvoir en place à Damas ou contribue à la reconstruction de la Syrie. Dans les faits elle pénalise grandement les populations civiles puisqu’elle interdit l’envoi de matériels médicaux, de fuel et entrave très gravement l’assistance humanitaire et les secours[2]. Tout soutien financier (octroi de prêts, crédits ou facilités de paiement), envoi de matériel technologique significatif, toute personne ou Etat qui conduit des transactions significatives avec le régime syrien tombe sous le coup de cette loi. Arguant que Damas pourrait détourner l’aide internationale – ce qui est possible mais qui ne doit pas servir de prétexte – , cette loi poursuit un objectif véritablement sadique et totalement illégal au plan international.

Il est très difficile de connaître les vrais effets de la loi Cesar sur la population syrienne en termes de statistiques notamment à cause de l’absence d’organismes internationaux sur place. Toutefois à titre comparatif, le même régime de sanctions qui avait été imposé à l’Irak entre 1991 et 2003 avait causé la mort de près de 1.5 millions de personnes, à une différence près l’Irak étant un pays pétrolier le programme connu sous le nom de Pétrole contre Nourriture avait permis d’alléger relativement les conséquences économiques des sanctions. La Syrie n’ayant pas actuellement accès à ses ressources, cela donne une idée du dénuement de la population syrienne.

Même une levée temporaire des sanctions ne trouve pas grâce aux yeux des E.U au motif que cette aide pourrait être détournée par le régime ou en tout cas que celle-ci pourrait créer un précédent annonçant la levée définitive des sanctions et la réhabilitation d’Al Assad. Pour l’heure seuls quelques Etats amis et rares ONG s’activent afin de sauver les personnes encore sauvables prisonnières des décombres et apporter un secours aux rescapés et sans abri. Mais sans pelleteuses mécaniques sans système de santé ni groupes électrogènes faute de carburant, sans moyens médicaux c’est peine perdue. Et pourtant le pays avant la guerre exportait du pétrole mais aujourd’hui du fait de l’occupation des champs pétrolifères syriens par l’armée d’occupation étasunienne avant même le tremblement de terre il n’y avait plus que 5 h d’électricité par jour. Aujourd’hui alors qu’avions, navires ou convois routiers d’aide affluent du monde entier vers la Turquie la France par exemple maintient sa discrimination entre les bons et les mauvais Syriens. C’est ainsi que Macron vient d’annoncer l’envoi de 21 millions de dollars pour les Syriens mais seulement ceux de la poche d’Idleb sous contrôle rebelle. Pourtant les villes d’Alep, Hama, Lattaquieh ont été durement touchés et le gouvernement syrien n’a que peu de moyens pour faire face aux énormes tâches de déblaiement et de secours aux réfugiés. Il faut absolument geler ou arrêter les sanctions en Syrie. Ne pas geler les sanctions afin de permettre l’arrivée des secours constitue un crime contre l’humanité. #stopsanctionsagainstsyria est l’hashtag utilisé par de nombreux militants et organisations humanitaires internationales pour appeler la communauté internationale à se mobiliser le plus vite possible et envoyer des secours. Ne pas geler les sanctions immédiatement met la vie des milliers de personnes en danger de mort.

 

[1] https://www.la-croix.com/Monde/Moyen-Orient/Cesar-Act-Etats-Unis-veulent-accentuer-pression-Syrie-2020-06-17-1201100400

[2] https://www.middleeasteye.net/news/sanctions-dont-stop-assad-hurt-us-all-say-syrian-medics-and-businesspeople

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