Édito #66 – A l’école de la république, on arrête (de nouveau) les enfants

Lundi dernier, 18 septembre, un gamin de 14 ans, élève au collège Henri Barbusse d’Alfortville (Val-de-Marne) a été interpellé, en classe et donc devant ses camarades et l’enseignante qui faisait cours, par 5 policiers. Sont reprochés à l’adolescent des faits effectivement graves, à savoir d’avoir harcelé et menacé, notamment de mort et via les réseaux sociaux, une lycéenne en transition de genre habitant la même ville mais scolarisée dans un établissement voisin.

Le Figaro, qui défend la méthode employée, rapporte que des camarades de l’adolescent interpellé ont ri devant la scène et que le garçon, refusant d’abord de suivre les policiers, a été pour finir menotté, toujours devant ses camarades de classe et la professeure.

Que certains des autres élèves de la classe aient ri ne dit rien desdits rires. S’agissait-il d’une manifestation de gêne ou d’une approbation bruyante de l’intervention policière dans une école que pourtant, totem de leurs discours, nos républicains appellent un sanctuaire ? On l’ignore mais le journal de toute la droite française, de Macron à Zemmour en passant par Le Pen, se satisfait de telles réactions. Il relaie les réactions favorables à l’intervention policière et justifie que la vengeance tienne lieu de justice.

Nous ne savons pas à cette heure qui est cet enfant de 14 ans mais la rumeur le dit « noir ». Ajoutés aux gardes à vue d’écoliers à Albertville après l’assassinat de Samuel Paty parce qu’ils auraient proféré des propos « islamistes » en classe et à la traque des jeunes filles scolarisées vêtues en abayas, ces bruits paraissent hélas crédibles.

Si l’école est un sanctuaire, la police n’a rien à y faire.

Toutefois, pour nos républicains, il y a des « territoires perdus » de ladite République et ces territoires, comme disait régulièrement le ministre Castaner, sont à reconquérir. L’État, bafouant toujours un peu plus sa dimension « de droit » qui est, paraît-il, la marque du « monde libre » et de la République française, envoie des flics dans un établissement scolaire pour appréhender un gamin.

L’arrestation en classe d’un élève nécessitait obligatoirement l’autorisation de la principale du collège. Cette autorisation ajoute l’École comme lieu sous la coupe de la police. Elle crée un précédent gravissime.

Le gouvernement a justifié l’arrivée de policiers dans une salle de classe. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement qui a déjà fait l’éloge du modèle social-démocrate raciste danois, a argué qu’il fallait « protéger nos enfants ».

Les injures et les menaces écrites par mail par un gamin de 14 ans à l’encontre d’une lycéenne sont évidemment inquiétantes. Pour autant, cet adolescent humilié, jeté à la vindicte d’une communauté scolaire ne fait-il pas partie de « nos enfants » ? Devait-il subir une mise en scène de Far West ? Certains gamins, surtout dans les villes ou les cités du prolétariat international, sont-ils moins « enfants » que les autres ? Le silence qui a suivi cette arrestation répond à la question.

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